Alors que l'opération française au Sahel va sans doute changer de nom, deux livres effectuent chacun un
retour aux sources vers Serval et vers Barkhane. Une remontée du Mékong comme disent les Coloniaux.C'est une BD, lisible par les petits comme les grands qui évoque le début de Serval (Editions du Triomphe). Le fil rouge n'est autre que le patron de la brigade Serval, le général Bernard Barrera plus vrai que nature (dans le dialogue plus que le dessin). Quelques imperfections, une ou deux inexactitudes, mais néanmoins, globalement, un album plutôt bien né où il est possible d'en apprendre en connaissant pourtant bien Serval. Le récit est néanmoins plutôt orienté dans l'optimisme et ne rentre pas dans les limites capacitaires qu'avaient connus les militaires de Serval (pour cela se reporter à ce blog, année 2013, avec notamment des histoires de chaussures, mais pas que). Pas non plus de gros développements sur le volet aérien de Serval, qui a pourtant largement bien fait le job, comme la 3D continue à le faire enore aujourd'hui (assurant la quasi totalité de l'attrition des GAT, ce qui n'enlève rien au mérite des terriens). Et pas trop de développements non plus sur la dimension FS qui avait quand même réalisé une bonne partie de l'effort dans des heures cruciales. Une seule vignette l'évoque vraiment, avec l'évocation de la mort du CBA Damien Boiteux (rebaptisé).
Raphaël Bernard propose, lui, une bonne immersion dans le mandat 7 de Barkhane, dont il fut chef ops et CEM. Dans la lignée de son premier livre, l'ancien chef de corps du 1er RA dégaîne du lourd et, fidèle à des convictions semble-t-il anciennes, livre une approche interarmées et des opérations (comme elles le sont en vrai), avec la description par le menu de bien des combats menés depuis le ciel : frappes de chasseurs, orientations par les Reaper, assauts verticaux des hélicoptères, rôle des commandos (conventionnels), il est par contre peu disert sur celui de la TF Sabre.
Comme de "Sueur et de Sable", son premier livre, "Au coeur de Barkhane" (avec un VBCI en couverture, un choix hardi car il n'en est presque pas question dans le livre) a été confectionné sur la base de prises de notes quasi-quotidiennes. Elles nous font visiter la mécanique de l'état-major de Barkhane, finalement peu dévoilée, mais aussi sa vie familiale. Bref, un livre comme on devrait en avoir lu plus depuis 2013.
Mais pour des raisons assez incompréhensibles, l'exercice n'attire pas vraiment. Le livre de Raphaël Bernard, écrit dans un style alerte et parfait, mérite de figurer au pied des sapins, pour ceux qui veulent comprendre cette opération parfois incompréhensible. Y aura-t-il une suite ? A priori non, si l'on en croit l'intéressé, qui a depuis quitté l'armée de terre. Qui n'a pas su non plus le garder, comme tant d'autres.
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