Ce blog en produit souvent (1), mais cette fois, c'est le ministère de la défense qui avait lancé, en
janvier dernier, un sondage en forme d'interrogatoire du moral. Il avait été depuis conservé sous le boisseau, mais il enlumine les annexes du rapport, attendu depuis depuis semaines, du haut comité d'évaluation de la condition militaire (HCECM).
L'échantillon, assuré comme représentatif, comportait 1683 militaires, et a été interrogé en ligne du 5 au 13 janvier.
Comme cela est régulièrement entendu dans la bouche même des militaires, mais aussi à la sortie des CSFM, le manque de reconnaissance reste très élevé et illustre à quel point l'institution -ou les politiques, ou les deux- est aussi allée à la limité d'élasticité des humains qui la servent, sans le compenser suffisamment. 68% des militaires interrogés estiment que les Français ne connaissent pas leurs missions, niveau qui monte à 87% chez les officiers, pourtant les premiers en ligne pour faire rayonner leurs unités. Ce sont eux en effet qui reçoivent les élus, la presse, et décident, par ailleurs, de la recevoir, ou pas (sur ce sujet, on peut d'ailleurs constater une régression de la transparence ces dernières années).
62% des militaires interrogés se disent prêts à quitter leur armée si l'occasion se présente. Pour 53%, c'est le manque de moyens qui explique leur volonté de quitter l'institution, et pour 55%, la difficulté à concilier vie professionnelle et familiale. De très gros défis qui auront à trouver pour seule réponse des augmentations de crédits d'équipements (le sondage de ce blog montre le scepticisme des répondants sur la capacité à tenir les promesses budgétaires, cf résultats à droite...) ou le package familles annoncé dès le mois de juillet. Mais sur lequel la communication n'a pas vraiment progressé.
Le malaise est de toute façon bien plus profond encore, 53% des militaires s'estimant mal payés -ils sont 61% dans l'armée de terre-. Et 25% des sondés estiment que leurs capacités ne sont pas mises à contribution.
Bien sur, on peut, comme bien des études, ne pas en tenir compte, et les placer sous le dessous de la pile. Mais le rapport du HCECM explique aussi que l'effet de zapping, dont les armées avaient longtemps été préservées, les touche maintenant de plein fouet. Officiellement, personne ne reconnaît manquer de choix à l'entrée (c'est pourtant aussi une contrainte réelle), mais ce n'est même plus le problème, si les départs s'avèrent de plus en plus rapides. D'autant plus que les formations, elles, s'avèrent de plus en plus longues et coûteuses, et l'attrition (abandon en cours de formation) reste, elle, soutenue.
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(1) les résultats du dernier sondage de ce blog sont visibles dans la colonne de droite. En substance, 87% des 1177 internautes qui ont répondu à ce sondage sur 8 jours n'ont pas été convaincus par le projet de budget 2018. Et quand on leur demande pourquoi, ils sont 50% des 1153 répondants à estimer que la modernisation des équipements conventionnels n'est pas assez rapide, et 42%, à émettre des doutes sur la réalisation à 100% de ce projet. Seulement 5% des répondants verbalisent sur une insuffisante politique sociale.
(1) lire ci-contre les résultats du dernier.