jeudi 17 février 2022

Barkhane : rien ne se perd, tout se transforme

Barkhane c'est fini. Le président Emmanuel Macron l'a annoncé il y a quelques minutes, en evoquant la

fermeture de Gossi, Gao, Menaka, les trois dernières bases au Mali. Il a rappelé la "décision courageuse du président Hollande" prise en janvier 2013. En janvier, encore, à Pau (2020) puis à N'Djamena (2021), la France avait fait évoluer ses objectifs. La France continuera à soutenir la Minusma dans la période de transition.

Des milliers de djihadistes, et notamment leurs chefs de l'EIGS et d'Al Qaeda ont été neutralisés depuis 2009, et l'arrivée de la TF Sabre. Des centaines d'otages ont été libérés.

Face aux choix maliens, dictés par une junte, qui a recours à une milice russe violente et coûteuse : la France n'a jamais rien facturé, Wagner facture, à un des pays les plus pauvres du monde.

Chacun vient clairement chercher au Mali des objectifs différents.

Paris jette donc l'éponge, et va poursuivre la mission de coopération au profit des Africains dans les autres pays de la sous-région qui le réclament. Le président vient d'ailleurs de rappeler un exemple récent d'attaque, dans le nord du Bénin.

Pour rebondir, la France peut, dans une cogestion nouvelle, mieux préparer les partenariats de demain dans la lutte contre le terrorisme.

Le meilleur incubateur, déjà un succès culturel et opérationnel est l'académie internationale de lutte contre le terrorisme. Il lui manque des moyens financiers, et dans une moindre mesure, humains. Le trio de pionniers d'origine, fourni par le COS, le GIGN et le RAID doit maintenant bénéficier de renforts réels. 

Revenant d'une visite sur place, le CEMA a relancé cette initiative dont il a pu voir les réalisations concrètes pour "gagner la guerre avant la guerre". Mais l'AILCT n'est pas qu'un immense playground à la disposition des forces spéciales, c'est aussi un agora, où les Africains se parlent (comme le forum de Dakar) mais aussi peuvent déterminer eux-mêmes les bonnes pratiques. Cette approche globale de type IHEDN a déjà permis de casser les tuyaux d'orgue.

Les éléments français au Sénégal ont aussi amené d'énormes résultats. Un renforcement de leurs moyens permettra de réellement changer de braquet dans les transferts d savoir-faire, voire le mentoring au combat. Ces EFS sont aussi parfaitement légitimes pour piloter cette opération en Afrique de l'ouest. Leur chef actuel, un général de brigade, est parfaitement légitime, pour autant qu'on lui amène, là aussi, les moyens idoines. Les EFS disposent de la bonne infrastructure (à rénover) et de la bonne approche culturelle, marquée par l'infanterie de marine et les forces spéciales : le général Michel Delpit est un pur produit des forces spéciales.

59 militaires français ont perdu la vie au Sahel. Plusieurs centaines ont subi des blessures physiques et/ou morales. La période de retrait accéléré qui s'ouvre risque d'exposer les armées à de nouvelles pertes.

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