Pour ne pas l'avoir fait plus tôt, la France est désormais au pied du mur : elle officialise ce soir avoir
"suspendu, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit. Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes". Le résultat d'un début de bombardement de questions de médias parisiens, puisque cette interruption a électrisé les rédactions dans la journée. Avant qu'elle devienne donc officielle.A quelques jours de ce qui était présenté comme la réévaluation de Barkhane, la déclaration peut étonner, alors qu'en coulisses, plusieurs feux passent au rouge. Des alliés qui avaient prévu d'envoyer des troupes passent leur tour, comme les Belges (une compagnie entière), sous un prétexte pas très crédible. Les Danois (une demi-compagnie) pourraient aussi patienter le temps que la situation s'éclaircisse.
La situation n'est peut-être pas non plus brillante avec les Tchadiens, menacés sur une nouvelle frontière, en Centrafrique. Un pays où la France semble avoir réduit sa présence ces derniers jours, sur demande expresse de l'exécutif.
La cascade n'est peut-être pas finie : la conférence des alliés au Sahel, prévue en juillet, pourrait être décalée, dans ce contexte mouvant. L'interruption de la coopération avec les Maliens, dont le fameux partenariat militaire opérationnel, un des piliers du sommet de Pau et de l'action de Barkhane est un étrange signal. Un conseil de défense doit étudier, en juin, l'avenir de cette opération, qui aurait dû déjà perdre en volume en février dernier. In extremis, l'exécutif avait décidé de maintenir le surge obligeant l'EMA à un numéro d'équilibriste. Cette fois, il est problable que le mouvement de décrue des effectifs va être engagé : c'est toujours populaire en campagne électorale de réduire la facture des opex (Au Sahel, elle a commencé en 2013 pour la conventionnelle, en 2009 pour les FS).
Et ce, alors que Barkhane pourrait bien devenir un des sujets de la campagne électorale à venir : les opex n'ont jamais fait vraiment débat dans ces campagnes, celle-ci sera peut-être atypique, alors qu'un clivage s'est installé dans l'opinion publique depuis 2019. Et d'autant plus alimenté par l'absence de la presse au Sahel depuis plusieurs mois, sous un prétexte pas vraiment crédible : une situation qui devait changer en juin. Manifestement, hors opérations promotionnelles, on en est très loin.
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