mercredi 6 mai 2020

Les perceptions négatives s'accumulent sur le minarm

C'est désormais quotidien. Après le long feuilleton du Charles-de-Gaulle, qui n'est pas clos, et
révélera sans doute des éléments difficiles, le 11 mai, le minarm est désormais quotidiennement en prise avec des évocations difficiles dans les médias, sur le sujet du covid-19.
L'absence d'occupation du signal (avec la disparition du point presse), l'absence de prise en compte des questions, les non-réponses du minarm ont un effet direct : elles multiplient et amplifient les révélations des média, mais aussi les... fake news authentiques, tout en affaiblissant la parole étatique, qui joue en permanence en défensif.
On l'a compris, ce post n'évoque pas des attaques informationnelles d'ennemis de la France (un autre beau sujet), mais bien la gestion par le minarm des interrogation de la presse.
Certains éléments questionnés par les médias relèvent de la fake news manifeste (mais la presse doit pouvoir l'établir, et cela passe aussi par les éventuels éléments de réponse du minarm, quand il répond), d'autres laissent persister le doute (par un savant mélange de faits réels et inventés), et d'autres, comme le Charles-de-Gaulle, sont bien réels.
Pêché initial, le minarm ne répond pas à chaque fake news, estimant que ce n'est pas de son niveau, une posture assez ancienne, mais qui n'est plus tenable à l'heure des réseaux sociaux qui alimentent aussi et depuis un bon bout de temps les média ayant pignon sur rue. Avec une chaîne com dépassant le millier de postes budgétaires, il n'est pas difficile de monter une cellule riposte.
Parfois, des faux-nez, des proxys ou des chevaliers blancs se chargent d'ailleurs de pourfendre la désinformation, mais très souvent, elle prolifère pour aller atteindre un niveau insupportable, et qui la fait prendre une place de choix dans le flot continu d'information.
Ainsi du traitement des marins à la chloroquine. Médicament qui avait déjà été mis à l'honneur par des photos anonymes présentant des stocks de chloroquine envoyés à la Pharmacie aux armées.
Il eut suffi d'expliquer par exemple, que l'IRBA peut en avoir besoin, comme d'autres centres civils, sur des protocoles de recherche qui ne peuvent écarter cette voie. Ce n'est pas l'explication qui a été donnée (3).
Dans les dossiers bien réels, la mécanique, souvent la même, de réfutations des faits (ou de non-réponse), pour les reconnaître à reculons après les avoir lus, vus ou entendus, créé évidemment un malaise dans les relations déjà souvent fort complexes entre la presse et le minarm, qui n'organise plus de point presse depuis des semaines (1). Des réactions entendues et lues ici ou là, on comprend qu'elles ne se sont pas arrangées. D'autant plus que le modelage de l'interne est aussi réalisé par les revues de presse : certains articles n'y ont pas droit de cité, un peu comme le service éphémère mis en place par le gouvernement pour dire quels articles de presse sur le covid-19 étaient essentiels à la bonne compréhension des Français.
Pour avoir fait l'autruche et d'avoir simplement répondu à deux médias sur la deuxième affaire de Creil (les confinés de retour d'opex), le minarm l'a lu et sous deux angles différents durant un weekend, quand les taux de lectures sont en plus maximaux. Comment faire résonner un sujet.
En Polynésie, l'Etat doit faire face à des attaques successives, sur ses moyens d'assistance, alimentant une vindicte numérique (et sans doute bien réelle par ailleurs) sur le registre "l'A400M fait concurrence à nos goëlettes et nos avions" et "le Phénix a amené du covid-19 à Tahiti". Les articles développant ces sujets peuvent être lus sous celui-ci.
Dans le sujet-accusation du jour, qui est celui des jours précédents sur les réseaux sociaux (2), les athlètes militaires sont mis en accusation : ils auraient ramené le covid-19 dans leurs sacs de sport, en retour des jeux mondiaux militaires qui se sont déroulés... en Chine.
Sans préjuger de la réalité du sujet -seule une énième étude épidémiologique pourrait le dire, si c'est possible vu le contexte-, on le voit, le covid-19 devient un sujet protéiforme. Sans préjuger, évidemment, des nouvelles bûches qui viendront alimenter la chaudière.

(1) seul contre-exemple, une réunion vidéo, hier, entre la comanfor Barkhane et une demi-douzaine de média préselectionnés.
(2) une athlète américaine est harcelée depuis des semaines sur le même sujet, la télé Française en a même fait un sujet il y a... des semaines.
(3) le seul tweet de ma collègue du Monde Nathalie Guibert évoquant un article de sa rédaction démentant l'emploi de chloroquine pour guérir les marins du Charles-de-Gaulle a été vu... 115.000 fois. Ce qui démontre l'intérêt, aussi, de travailler sur les fake news.