Sans être ni douhétiste ni complètement wardénien, il faut le reconnaître, la 3D aide bien les choses,
dans les théâtres asymétriques du moment (1). Elles viennent établir un tableau assez différent de ce qui est souvent offert à la presse qui suit ces opérations : quelques statistiques qui viennent seulement de tomber, fin mai, éclairent en effet la seule année 2019, livrant de sérieux éléments de réflexion.
La chasse de Chammal, faite de Rafale, a assuré 840 sorties et largué 84 munitions (une toutes les 10 sorties donc). Il faut néanmoins rappeler que Daech, loin d'avoir disparu, reste bien vivace. Une frappe a encore eu lieu ces derniers jours contre ce qui a été présenté comme un repaire naturel.
Celle de Barkhane a fait autant (83 GBU et Mk82 tirées par les Mirage 2000 et une poignée par les Reaper), mais en 1620 sorties (uniquement de bombardement). Cela montre bien le différentiel d'activité aérienne, pour une consommation identique.
C'est néanmoins trompeur, car la consommation des quatre premiers mois de 2020 à Chammal est particulièrement résiduelle.
Alors que du fait du surge présidentiel, et l'adaptation des tactiques, la chasse et les drones ont tiré plus de 50% de munitions en plus comparé au total de 2019, et rien que sur les quatre premiers mois de l'année ! Soit une cadence moyenne d'environ une munition tirée par jour.
Barkhane est ainsi redevable de l'essentiel de ses bilans d'attrition à la composante aérienne, même si c'est souvent très difficilement discernable dans la communication qui concerne l'opération.
On peut, au passage, s'interroger sur la réalité du caractère "sensible" (ou en tant cas présenté comme tel) de ces informations, dans la mesure où on les trouve en sources ouvertes. En 2019, l'armée de l'air aura donc tiré 160 bombes contre des groupes terroristes, pour protéger les Français.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
(1) il ne faut donc en déduire aucune loi générale. Car ni Daech ni les GAT du Sahel n'ont de DCA efficace, ni d'avions de chasse (pour le combat air-air ou le bombardement), et ils n'ont pas de brouilleurs non plus. Leur responsabilité dans le total des pertes d'aéronefs sur ces théâtres est d'ailleurs plus que marginale. Par contre, en Libye, les drones tombent comme des mouches, et pas du fait de la chaleur.