En général sans surprise sur un protocole rigide, l'hommage national de lundi aux 13 morts
d'Indelimane prend une forme inédite. C'est à la fois la conséquence d'un nombre de morts qui n'a pas de précédent depuis Uzbeen (2008, 10 morts dont 9 dans l'embuscade même) mais aussi d'un contexte en dégradation rapide au Sahel, qui pourrait aussi trouver des relais en France. D'autant plus que lundi fait aussi figure d'évènement majeur pour les media, en général pas très intéressés ni par les affaires de défense ou de Sahel.
Cette cérémonie exceptionnelle doit donc marquer les esprits, tout en rassemblant les Français au lieu d'exclure.
Les exclusions habituelles ont donc sauté : le public pourra accéder à la cérémonie dans les limites du nombre, et le principe d'écrans extérieurs a aussi été reconduit. La population a été incitée sur les twitters de l'Exécutif à se rassembler sur le passage du cortège funéraire (1).
A l'intérieur des Invalides, placée sous protection inédite, on trouvera le Président de la République, le Premier Ministre, les ministres régaliens. Mais aussi et pour la deuxième fois, un président Malien. Plusieurs attachés de défense de la place de Paris devraient aussi être présents (2).
Les maires des quatre communes d'origine des régiments impliqués (Gap, Pau, Saint-Christol, Varces) ont été invités, comme ceux des communes d'origine des 13 militaires.
Des classes de ces mêmes communes doivent aussi être présentes, a-t-on appris de l'AFP ce samedi, sans plus de détails pour l'instant.
Cette diversité est sensée forger l'unité du pays autour de ces morts. Comme pour ignorer les dessins de Charlie Hebdo, les questions qui fâchent, ou le débat naissant -peu argumenté pour l'instant, mais l'exécutif ne peut l'ignorer- sur la présence française au Sahel.
Dans ce terrain miné, au propre comme au figuré, le chef des armées devra ensuite rapidement expliquer sa nouvelle stratégie pour le Sahel, dont un des piliers sera la TF Takuba, l'autre pourrait être axé sur la sécurité intérieure, avec des POMLT. En tout état de cause, l'évolution de la situation au Sahel impose d'être iconoclaste. Quitte à renverser quelques tables et dogmes, chez nous et au Sahel.
(1) il faut le rappeler, dans le monde anglo-saxon, point n'est besoin d'inciter, ce rassemblement est spontané. Les rassemblements du pont Alexandre III sont nés spontanément avec la montée des pertes en Afghanistan (à l'époque seul le fourgon fidèle de la BSPP était présente). Ce n'est que très (trop ?) tardivement que le GMP a appelé les Français à se joindre sur le pont.
(2) Y associer leurs drapeaux aurait fait sens, montrant que la France n'est finalement pas si isolée au Sahel : Estonie, Grande-Bretagne, Danemark, Etats-Unis pour le combat direct, mais aussi Espagne et Allemagne pour la logistique aérienne.
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