Au début de l'automne, l'entourage de Florence Parly évoquait une douzaine de pays susceptibles de
fournir des forces spéciales à un groupe européen de forces spéciales intégré à Barkhane (et non à Sabre), capable d'entraîner d'assister et de combattre aux côtés des FAMa, dans le Liptako.
L'initiative de Paris semble produire un carton plein, au-delà des espérances : dans l'attente d'une victoire tactique (il faudra attendre le déploiement à partir de l'été 2020), c'est donc d'ores et déjà un succès politique majeur. Et loin du scepticisme persistant des commentateurs.
Vue l'urgence de la situation au Sahel et les limites objectives de certaines capacités déployées, il n'est pas inutile, en effet de tester cette initiative française menée dans le cadre européen qui manifestement séduit sur le continent : le bilan des forces spéciales françaises est éclairant. En tout état de cause, un GFS multinational et intégré d'un tel niveau n'a tout simplement pas de précédent : un succès qui devrait être porté au crédit de l'Elysée qui a défini le cadre européen de l'unité. Le président Emmanuel Macron avait déjà porté le concept de l'initiative européenne d'intervention (IEI) : une bonne partie des fournisseurs de capacités de Takuba en sont issus.
L'Estonie (évoquée par ce blog) mais aussi la République Tchèque (qui n'appartient pas à l'IEI), la Norvège, au total une bonne dizaine de pays ont donné leur accord de principe, qui, pour certains, doit être validé par leurs parlements nationaux.
Ce n'est qu'une fois que cette étape aura été franchie, en début d'année, que la liste officielle sera dévoilée, comme le twitter lié à ce blog l'a évoqué il y a quelques jours.
Une bonne partie de ces pays ont déjà été intégrés dans des GFS multinationaux avec la France, en 2003, 2006 notamment, d'autres plus récemment, sur différents théâtres. Certains des exécutifs ou ministres ont été rencontrés par Florence Parly et Emmanuel Macron (en personne) ces derniers jours, même si le terme Takuba ne fait pas partie de ceux prononcés dans les débriefings de ces rendez-vous officiels.
Du fait de caveats récurrents et bloquants, il est quasiment acquis que l'Allemagne, souvent citée comme un partenaire prioritaire de la France en matière de défense, mais aussi poids lourd porteur de capacités non utilisées en opérations, n'en fera pas partie.
Comme souvent avec ce qui concerne les forces spéciales, mais aussi les unités multi-nationales, l'initiative suscite des objections qu'il ne faut pas forcément balayer du revers de la main, comme la barrière de la langue (entre FAMa et unités spéciales), ROE, mais aussi des rapports de commandement, du financement. Un faux débat : dans Takuba, chaque nation devrait s'assumer financièrement.
En tout état de cause, il faudra durer des années : plusieurs autres membres pourraient rejoindre Takuba. Ce qui dépendra, entre autres, de ses résultats.
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