jeudi 28 février 2013

In mémoriam SCH Tirvaudey / ADC Delobel (EMHM)

L'EMHM a diffusé les biographies et photos de ses deux-aspirants guides morts hier. Le sergent-chef Maxime Tirvaudey, 26 ans s'était engagé en 2005 au 7e BCA, puis avait été projeté deux ans plus tard en 2007 en RCI. Il y désengage son groupe de combat d'une foule hostile, et reçoit un témoignage de satisfaction du EMA "pour son action courageuse". Il avait rejoint l'EMHM en 2012 et terminait son cursus de guide de haute montagne.
L'adjudant-chef Bruno Delobel, 40 ans s'était engagé en 1992, puis avait rejoint le 27e BCA. En 2000, il est muté au 7e BCA où il rejoint, deux ans plus tard, le GCM régimentaire. Il est chef d'équipe en août 2003. Il aura servi au Liban (2000, 2006), en Guyane (2001), en RCI (2003, 2005) et en Afghanistan (2007). Il avait rejoit l'EMHM en juillet 2008. Lui aussi achevait son cursus de guide de haute montagne. Il était marié et père de deux enfants.

130 djihadistes tués dans l'Adrar

Souvent avare des entailles effectuées dans les rangs des djihadistes, l'EMA a néanmoins revendiqué ce matin un chiffre de 130 morts infligés en quelques jours chez l'adversaire. Ce chiffre comprend 90 tués par les Tchadiens, et 40 par les forces françaises.
L'aviation serait responsable d'une bonne partie. Une soixantaine de sorties ont été réalisées en une semaine, mais aucune consommation de feu n'a été dévoilée. L'EMA assure cependant qu'une trentaine de plots logistiques ont été détruits, ainsi qu'une quinzaine de pickup, et un BRDM-2, qui s'ajoute à celui déjà touché par une patrouille de Mirage F1CR en janvier.
Selon cette même source, les combattants actuellement combattus par la France dans l'Adrar appartiennent à Al-Qaeda, ce qui pourrait expliquer leur motivation et leur niveau de détermination. L'EMA constate que ces combattants ont "valorisé" le terrain par des postes de défense, et sans doute, des stocks divers.
1.200 Français, soit un peu moins du tiers des effectifs français au Mali est engagé dans l'Adrar, aux côtés de 800 Tchadiens. Cette zone d'action, dont certains points sont difficiles d'accès, ferait environ 25 kilomètres sur 25, avec des pics culminant à moins de 600 mètres.

Serval : deux stratevac

Le CPCO a déclenché hier deux STRATEVAC, après deux évènements intervenus au Mali. Le premier évènement concerne l'explosion d'une mine sur un VBL, dans l'Adrar, où se déroulent les combats contre AQMI. Deux militaires ont été blessés, dont un légèrement. Le militaire le plus grièvement blessé -on ignore son régiment et son état- fait l'objet de la première STRATEVAC.
La deuxième porte sur deux blessés touchés hier à Tombouctou par l'explosion d'une grenade dans un VBL. Deux des trois personnels ont été assez sérieusement blessés, et sont donc stratévaqués. Des évènements de ce type sont déjà intervenus en Afghanistan, avec des conséquences plus graves encore.
Ces deux vols médicaux ne sont pas pour autant les premiers de l'opérations Serval. Mais ce sont par contre les premiers liés aux conséquences des combats.
Les STRATEVAC sont réalisés par des avions de l'ETEC, qui concourent aussi au transport des autorités gouvernementales. En moyenne, l'ETEC faisait une STRATEVAC par semaine au pic d'activité de l'Afghanistan.

mercredi 27 février 2013

Chute mortelle de deux instructeurs de l'EMHM

Après l'ADC Raphaël Lalevée, deux instructeurs de l'école militaire de haute montagne sont morts aujourd'hui dans le Mont-Blanc. Les deux sous-officiers ont fait une chute mortelle alors qu'ils évoluaient en crampons et piolets, indique l'EMHM. Il s'agit de l'adjudant-chef Bruno Delobel et du sergent-chef Maxime Tirvaudey, qui réalisaient une course dans leur progression vers la qualification de guide. Ils étaient tous les deux d'anciens personnels du 7e BCA. L'un deux avait servi au GCM, et avait notamment été déployé comme OMLT en Afghanistan.
Le PGHM de Chamonix s'est chargé de retrouver leurs dépouilles et de les évacuer.

Serval : déjà plus de 5.000 militaires disait JYLD

"Un peu plus de 5.000" militaires sont déjà mobilisés par l'opération Serval, a estimé le ministre de la Défense devant les députés, ce qui confirme des valeurs déjà annoncées par ce blog. Mais ce chiffre remonte déjà au 6... février, le compte-rendu de son audition vient seulement d'être rendu disponible. Depuis cette date, des capacités supplémentaires ont été injectées dans Serval (1), ce qui fait qu'on est sans doute aujourd'hui pas loin des 5.500. Le chiffre ministériel prend en compte les capacités engagées directement au profit de Serval, y compris celles qui ne sont pas basées au Mali-même.
Constatons qu'officiellement en tout cas, la barrière psychologique des 4.000  soldats au Mali n'a pas été franchie. Ce "plafond" de 4.000 était déjà un problème de communication pendant les opérations en Afghanistan, même s'il y a évidemment été franchi.
Dans la même audition, le ministre donne le détail des 70 MEUR de surcoûts qui étaient à l'époque annoncés pour Serval : 50 MEUR pour le transport stratégique (malgré l'appoint de C-17 de cinq pays...), 5 à 10 MEUR pour le carburant aéronautique, 5 MEUR pour les munitions tirées (moins de 200 bombes à l'époque) ; 5 MEUR de primes opex ; 3 MEUR pour le fonctionnement courant.
Selon lui, le surcoût atteindrait les 200 MEUR pour quatre mois d'opérations : on sait que déjà 100 MEUR ont été consommés sur les quarante premiers jours.
Le 14 février, l'EMA estimait que 10.025 militaires français étaient en opex, dont 4.000 au Mali dans le cadre de Serval.

(1) le 6 février, le ministre déclarait pourtant que l'opération avait atteint "son format maximal".

Les compromissions augmentent, dit le DPSD

L'audition du général Jean-Pierre Bosser, patron de la DPSD, par la commission de défense, recèle de nombreuses pépites sur cette maison qui pour son chef véhicule encore de nombreux "mythes". Factuel, le général Bosser constate que les compromissions sont "malheureusement de plus en plus nombreuses et facilitées par tous les moyens nomades de transport de l’information". Plusieurs exemples sont livrés, mais sur des... exemples non aboutis. Un officier s'est fait approcher lors d'un colloque à l'école militaire par un attaché militaire étranger à Paris. 19 rendez-vous et 20 mois plus tard, l'intéressé sera expulsé, car "l'approché" avait jugé utile, dès le premier contact, de faire remonter l'approche. DPSD et DCRI étaient co-saisis.
Selon le général Bosser, des attaques informatiques ont aussi été menées sur les sites internet des régiments envoyés en Afghanistan. "Ces sites, destinés à informer les familles, ont été infiltrés à des fins subversives et pour faire des repérages sur certaines familles" assure le DPSD, sans livrer plus de détails. Néanmoins, cette réflexion  n'est pas nouvelle, comme je m'en suis fait plusieurs fois l'écho sur la présence de militaires déclarés sur Facebook avec compte ouvert.
Le général Bosser illustre aussi l'engagement de ses effectifs dans la zone sahélienne, à Bamako, Gao, Niamey... Il livre aussi le bilan des actions de conseil menées par la DPSD en Afghanistan, et qui ont mené l'ANA à écarter 800 personnels en recrutement initial, en 2011. 300 autres ont aussi été écartés, parmi ceux qui étaient colocalisés avec l'armée française.
Sujet récurrent de doutes, le général Bosser défend la spécificité des six services français de renseignement à travers un exemple. Les atouts de chacun permettant de couvrir les différents aspects de la vie d'un suspect, "qui a tendance à aller passer des vacances dans des endroits peu recommandables". La DGSE se charge des vacances, la DPSD, de sa vie militaire, la DCRI, de sa vie hors du service, TRACFIN, du financement de ses voyages.
Enfin, le DPSD a fait sien le chantier lancé par ses prédécesseurs (Bolleli, Creux) pour améliorer le recrutement de ses cadres.

Post-scriptum : le député Nicolas Dhuicq révèle par ailleurs dans cette audition que lors d'une fouille ordonnée par un chef de corps d'une unité partant au Mali, ce n'est pas du cannabis -le produit recherché- mais des explosifs qui ont été trouvés dans le sac d'un engagé. Le DPSD n'a pas livré de détails supplémentaires...

Le 3e REI ira à Camerone

C'est le 3e REI, basé en en Guyane, qui a été retenu pour représenter la légion aux 150 ans de Camerone au Mexique, le 30 avril prochain. Le chef de corps et le drapeau sont aussi du voyage. De France partiront des Saint-Cyriens de la promotion Camerone.

EADS progresse mais pas sa défense

Le chiffre d'affaires d'EADS poursuit sa croissance insolente, +15% encore en 2012 à 56,5 MdEUR, et le résultat net suit (+19%), à 1,2 MdEUR. Le carnet de commandes gagne encore 5%, à 566 MdEUR, soit 10 ans d'activité... Mais l'année 2012 aura été moins bonne que la précédente, avec des prises de commandes en recul de 22%, à 102,4 MdEUR.
L'effectif a lui aussi progressé, passant 140 045 salariés (133 115 en 2011). Cette hausse s'explique par la croissance externe, mais aussi 5.000 recrutements, dont la moitié en France.
C'est évidemment Airbus qui tire une bonne partie de ces résultats, ce qui explique -aussi- la baisse des prises de commandes en 2012.
La défense ne compte "que" pour 11,6 MdEUR dans le chiffre d'affaires, soit un niveau quasiment stable, à 50 MEUR près. Le carnet de commandes défense s'est contracté de 6%, à 49,5 MdEUR. Pour la seule année 2012, Airbus Military voit cependant ses prises de commandes progresser de 103%, après une année 2011 presque blanche. Cassidian gagne, dans ce même registre, 21%.

mardi 26 février 2013

Serval : le MCV du COS utilisé pour les Tchadiens

Le module de chirurgie vitale (MCV) a été utilisé au profit des blessés tchadiens du weekend (photo EMA) apprend-on. Encore peu connu, cet équipement a été développé par et pour le commandement des opérations spéciales (COS) avec le concours des personnels médicaux insérés dans les unités, et le service de santé des armées. Le MCV permet de mettre en place une bulle chirurgicale au milieu de nulle part, ce qui était pour le coup le cas ce weekend. A ma connaissance, ce serait son premier emploi opérationnel.
Le module est cependant taillé pour une durée très limitée, et en aucun, pour un afflux massif de blessés, ce qui semblait être le cas ce weekend. Il est entièrement parachutable au-dessus des terres, voire en mer.
Sa genèse est typique du cycle d'innnovation des forces spéciales (1), qui anticipent des besoins, ou les définissent sur un délai court, sur la base de retex issus des théâtres d'opérations. Plusieurs années auraient néanmoins été nécessaires dans ce cas-ci.
A plusieurs reprises, notamment grâce à l'Afghanistan, la médecine de terrain a fait des bonds très importants (2).
Plusieurs MCV seraient actuellement déployés dans la zone malienne.

(1) un sujet traité dans RAIDS 280.
(2) sujet très largement traité dans RAIDS 278 (MEDICHOS), 279 (les équipes médicales du 1er RPIMa au combat), 

Des enfants-otages, pas une première

Le Premier ministre, puis le ministre de la défense encore ce matin expliquent que c'est la première fois que des enfants sont pris en otages par des terroristes. Rappelons néanmoins ces seuls exemples non limitatifs, que j'évoquais déjà sur BFM TV la semaine dernière. En février 1976, un bus entier d'enfants de militaires français est retenu à Djibouti. Le GIGN -c'est sa première mission à l'étranger- et le 2e REP sont chargés de leur libération qui intervient le 4. Mais les activistes qui retenaient les enfants ont le temps d'en tuer deux.
En 1993, une classe entière d'une maternelle de Neuilly et leur institutrice sont retenues par un homme seul, Human Bomb. Le RAID réussit à sauver les enfants, et neutralise le preneur d'otages, qui menaçait de tout faire sauter. Des enfants sont régulièrement pris en otages par les propres membres de leur famille lors d'affaires de forcenés.
En 2009, un enfant est retenu par des pirates avec ses parents et un ami du couple sur le voilier la Tanit, en Océan Indien. L'opération des commandos marine permet de libérer la famille, mais le père-skipper du voilier est tué dans l'assaut.

Serval : plus de 100 MEUR... et pas loin de 5.000 pax

La somme continue à grimper. Selon le ministre de la défense interrogé ce matin par mes confrères de RTL, les surcoûts liés à l'opération Serval dépassent désormais les 100 MEUR pour une quarantaine de jours d'opération (1). L'enveloppe des surcoûts comporte 650 MEUR en 2013, et l'intervention en Libye avait, à titre d'exemple, surcoûté 300 MEUR en huit mois.
Le 7 février, ce surcoût s'élevait déjà à 70 MEUR et comme je l'indiquais alors, la facture ne pouvait que mécaniquement continuer à gonfler.. Pas une révélation, une évidence, alors même que la situation sur place démontre qu'une diminution à très court terme est totalement exclue, ce blog a même expliqué que les principales capacités n'arrêtent pas de se renforcer. Des moyens en infanterie para ont même été envoyés d'Afrique. Selon nos estimations, au moins 400 à 500 militaires français -hors relèves- ont rejoint cette zone dans la semaine écoulée.
Le dernier décompte faisait état de 4000 militaires au Mali, et 4500 à 4700 pour la totalité de l'opération Serval. En y rajoutant 400 à 500 pax de plus, un seuil symbolique est franchi, que ni la Côte d'Ivoire (2002-2011), ni l'Afghanistan (2001-) n'avaient franchi...

(1) cette opération a aussi coûté la vie à deux militaires français, le CBA Damien Boiteux et l'ADJ Harold Vormezeele.

PS : le mindef a également exclu toute forme de négociation avec les terroristes qui retiennent une famille française enlevée au Cameroun. Pas besoin d'avoir fait de grosses études de polémologie pour prévoir la suite.

lundi 25 février 2013

Un ancien commando marine candidat au MEDEF

Le Figaro.fr vient de l'annoncer : Geoffroy Roux de Bézieux, fondateur d'Omea Telecom (Virgin Mobile) se lance dans la succession de Laurence Parizot, au MEDEF (patronat français). Fils d'un officier de légion (1er REC), il servit comme commando marine entre 1984 et 1986 pendant son service national, à Djibouti et au Liban.
Ces dernières années, les anciens commandos marine de carrière sont nombreux à avoir créé leur activité dans le privé, à l'origine de sociétés comme ESDT et Defense Control, ou plus récemment, Countlife Concept.

Une triangulaire à Saumur

Ce sera le 1er mars à Saumur (Maine-et-Loire) : les représentants de trois pays -France, Allemagne, Grande-Bretagne- vont plancher sur l'ISTAR (intelligence, surveillance, target acquisition and reconnaissance), au CEERAT, devenu, de fait, l'académie du renseignement de l'armée de terre. La réunion devrait mobiliser une centaine de participants, indique l'armée de terre.
Encore mal connu dans nos armées, l'ISTAR, concept d'origine anglo-saxonne, est un sujet d'assez forte actualité : nos forces spéciales mettent en oeuvre cette capacité rare, au Mali, depuis déjà plusieurs semaines. Avec une empreinte logistique réduite, et en autonomie complète.
Avec des problématiques différentes, l'armée de terre travaille sur ce concept depuis plusieurs années, notamment à travers le bataillon de renseignement multicapteurs (ou BRM) de la brigade Rens.

La marine de retour en PO

Depuis jeudi dernier, la marine a repris un plot de permanence opérationnelle (PO) à l'armée de l'air, à Lann-Bihoué (Morbihan). Cela n'a pas forcément un lien direct avec l'opération Serval, qui mobilise six Rafale. Néanmoins, cette décharge simplifie la gestion des parcs.
L'armée de l'air avait en effet sorti deux Rafale de la PO dès le premier weekend de l'opération Serval, afin de se donner de la marge de manoeuvre. Il avaient été remplacés par des Mirage 2000.
Depuis le début de l'opération Serval, la PPS n'a pas connu de renforcement, car le niveau de vigilance est déjà présenté comme très élevé, à base de chasseurs et d'hélicoptères. Le maximum historique avait été atteint avec 15 chasseurs : c'était dans la foulée du 11-septembre 2001.
Dans le numéro 4 de RAIDS AVIATION, j'avais évoqué ces missions à travers la contribution de la France à la protection des jeux olympiques de Londres.

Les Belges avec le GAM à Gao

Un A-109 à Sévaré. En fond, un Puma Resco français (Photo ministère de la défense belge).

Les militaires belges et leurs A-109 Medevac ont déménagé de Sévaré à Gao, ce vendredi, apprend-on de l'agence Belga. Ils y ont rejoint la vingtaines d'hélicoptères conventionnels déjà mis en oeuvre de ce terrain par la France.
Avec ces A-109, les Belges sont les seuls à avoir basé des moyens d'intervention sur le sol malien. Leur première intervention s'est déroulée à la mi-février.

Drones : et si Obama avait (sûrement) raison ?

Le gigantisme de l'armée américaine est tel qu'il devient difficile de croire qu'elle ne puisse déployer qu'une centaine d'hommes au Niger pour faire voler quelques drones MALE. C'est le sens d'un post consacré ce matin au sujet par mon confère de Lignes de défense qui rappelle que l'USAF elle-même évoque le chiffre de 168 personnels pour faire voler un Predator pendant 24 heures. Ce qui cadrerait donc mal avec l'effectif de 100 américains présents au Niger annoncés par Barack Obama.
Mais, il faut le replacer dans la réalité américaine, différente de la nôtre. Il est d'abord de mauvais ton de mentir aux congressistes, toujours chatouilleux sur l'engagement des boys et les escalades des effectifs. Ensuite, c'est la nature du système Predator de contenir la main d'oeuvre nécessaire sur le théâtre-même, privilégiant une gestion quasi-totale des drones depuis le territoire US. Sur la frontline, il faut juste quelques maintenanciers -parfois des contractors-, des spécialistes des transmissions, des UNITREP pour correspondre avec Serval, des contrôleurs pour les manoeuvres sur le terrain, le décollage et la finale. Et c'est tout. Tout le reste de l'effectif rentre chez lui chaque soir, sans mettre les pieds au Niger, en Afghanistan, à Djibouti, etc...
La déclaration du président ne concerne de plus que les drones, et n'inclut donc pas l'effectif consommé par les vecteurs ISR pilotés (PC-12, U-28, P-3...), que ce blog évoquait jeudi dernier. Et dont une partie ne met pas non plus un orteil dans la zone.
Bref, le président américain est sans doute assez précis dans son exercice de communication chiffrée.
Constatons que pour mettre en oeuvre deux drones Harfang, l'escadron 1/33 Belfort nécessite moins de personnel que ses homologues américains. Un détachement de quarante militaires suffit, dont seulement une vingtaine pour la mise en oeuvre (OPV, TACCO, IP et maintenanciers). Contrairement au système américain, tous ces personnels sont par contre présents sur le théâtre. Pendant trois ans, ils ont été déployés en Afghanistan.
Avec raison, les personnels concernés expliquent que cette présence in situ permet de mieux comprendre les réalités locales. Et de mieux saisir pour qui et pour quoi on se bat.

Serval, petite empreinte aérienne, gros effets

Serval a passé la semaine dernière  le cap des 200 bombes de 250 kg (GBU-12, -49, AASM) larguées. Deux actions ont consommé à elles seules plus du quart de ce total : le raid Rafale du 13 janvier (21 bombes), et un raid nocturne au nord de Kidal, dans la nuit du 2 au 3 février (une trentaine de bombes).
Ce bilan de feu a été atteint en quarante jours, soit cinq munitions tirées journellement en moyenne (1) avec une empreinte aérienne particulièrement limitée, puisque seulement 14 chasseurs sont engagés sur place, pour 6 à 10 sorties de chasse et reconnaissance par jour en moyenne, et un détachement chasse à moins de 250 personnels soit 5% de l'effectif total de l'opération Serval. Seuls les moyens en ravitaillement en vol sont -proportionnellement- importants, du fait des étendues à parcourir, et de la permanence sur zone désirée.
La destruction des cibles tirées -dépôts de munitions et de carburant, centres de formation, cantonnements, blindés, véhicules- a eu un effet évident sur les capacités des djihadistes à combattre (2).
Dans des contextes différents, les 950 bombes guidées de 250 kg tirées par la France pendant Harmattan l’avaient été sur huit mois de campagne, avec au moins deux fois plus de chasseurs (et parfois plus).
Quoique le chiffre ne soit pas officiel, environ 200 bombes du même type avaient été tirées de mars à octobre 2002 en Afghanistan, par six Mirage 2000D, aux côtés des avions américains.

(1) les données qui précèdent démontrent que certains jours ont été plus calmes que d'autres.
(2) même si la réussite de Serval ne se résume pas à la seule action de l'arme aérienne, et s'explique, de fait, par une forte imbrication des effets interarmées et interalliés.

dimanche 24 février 2013

Une place pour Camerone (actualisé)

Une place Camerone sera inaugurée le 16 mars, dans le 16e arrondissement de Paris. La présence d'anciens de la Légion dans cette zone de Paris ne serait pas, dit-on, étrangère à ce choix. Les 150 ans de Camerone seront commémorés le 30 avril prochain.
En illustration, la place principale de Camerone, au Mexique, où Hervé Morin s'était déplacé en 2010, avec les légionnaires du 2e REI. (Photo Jean-Marc Tanguy)

Post scriptum : un internaute me rappelait que le 2e REP n'avait pas encore été décoré pour son engagement en Afghanistan, contrairement à ce que j'écrivais vendredi. La CVM à titre collectif a été décernée pour... Kolwezi. Mais une deuxième a été décernée, en mai 2012, au titre de l'Afghanistan.

samedi 23 février 2013

Hommage au GAM lundi pour l'ADC Lalevée (actualisé)

Le groupe d'aguerrissement en montagne (GAM) rendra hommage ce lundi à un des siens, emporté par une avalanche, à Valloire (Savoie) mercredi matin. L'adjudant-chef Raphaël Lalevée -il a été promu hier à titre posthume-, 38 ans,  instruisait une section du 516e RT ainsi que des éléments du RICM, dans le cadre d'une préparation opérationnelle.
Le commandant du CCPF, le général Guyon doit présider la cérémonie, et le lieutenant-colonel Couturier, chef du GAM, commandera les troupes. Des représentants des associations de chasseurs, du PGHM et des guides civils sont attendus au GAM, ce lundi
Triathlète accompli -on le surnommait "Musclor"-, il avait effectué son service national 27e BCA en 1996. Il y restera 10 ans. A la 1ère compagnie (Glières), puis il s'était engagé en 1997, avant d'être promu sergent semi-direct en 2000. Il rejoint alors la 2e compagnie du 27e BCA. Il avait ensuite été muté au CIECM, puis avait intégré le GAM-13e BCA en 2009, à la dissolution de Barcelonette.
Il avait opéré en Guyane comme appelé, puis en ex-Yougoslavie, au Tchad -sous les ordres de l'actuel chef de corps du 27e BCA-, en Nouvelle-Calédonie et deux fois en RCI.
Il laisse une épouse et un fils.

Faible mobilisation sur le pont Alexandre III (billet d'humeur)

Le froid, une information trop tardive, un vendredi, ... l'indifférence ? L'assistance n'a pas été jugée très nourrie hier après-midi, sur le pont Alexandre III, pour honorer la mémoire de l'adjudant Harold Vormezeele. A ce stade, il est évidemment difficile de conclure. Si ce n'est que cette façon d'honorer les morts au combats prend difficilement, en France, là où c'est une façon, pour le simple citoyen, d'exprimer la reconnaissance dans les pays anglo-saxons. Des rues pleines, en Grande-Bretagne, au Canada, en Amérique. Un pont difficile à remplir, en France. Où pourtant la Défense jubile avec des sondages toujours plus fortiches.
C'est qu'entre répondre à un sondage par téléphone sur un sujet finalement mal connu (et ils ne sont que quelques centaines à le faire), et traduire par des actes -le pont Alexandre III est un acte simple-, il y a souvent un gouffre. La responsabilité des politiques, pas très nombreux non plus sur le pont et dans la cour des Invalides est aussi importante.
Mais si la société civile et les politiques ne se mobilisent pas massivement, il en va de même pour l'institution défense. Il y aurait 53.000 ressortissants défense en Ile-de-France, dont 30.000 militaires. Il y aurait de quoi remplir plus d'une fois l'esplanade des Invalides. Un site bordé par pas moins de quatre enceintes militaires : l'état-major de la marine, l'ilôt saint-Germain, les Invalides et l'école militaire.
Evidemment, le but n'est pas d'entrer dans une quelconque course aux échalottes. Mais on peut penser qu'un pont rempli, une grand cour des Invalides remplie, serait appréciée par les familles de ces militaires.

vendredi 22 février 2013

Hommage au commando du 2e REP


Le porte-fanion de la 1ère compagnie, dont deux sections sont montées de Calvi. (Photos Jean-Marc Tanguy)
La Légion a honoré la mémoire de l'adjudant Harold Vormezeele, cet après-midi, aux Invalides. Deux sections de la 1ère compagnie du 2e REP, et la musique de la Légion étrangère ont rendu hommage à leur frère d'armes, tué au Mali, les armes à la main. Les membres d'une des deux équipes GCP du régiment ont porté sa dépouille dans la grande cour des Invalides (1). Cette même cour qui avait déjà vu passer les corps de cinq autres légionnaires, tués en Afghanistan, dont le sergent-chef Konrad Rygiel. A l'époque, Harold Vormezeele était à ses côtés, quand le sous-officier du GCP avait été tué, le 7 juin 2010.
Plusieurs anciens légionnaires du 2e REP étaient également présents dans l'assistance, comme J., un anglophone qui tenait à être présent pour honorer le commando. "Harold était un 'soldier-soldier' comme on dit entre nous, explique-t-il. C'était un vrai soldat, pleinement l'exemple d'un bon soldat". L'engagement, "c'était sa raison d'être" conclut un autre anglophone.

(1) l'autre équipe, celle du défunt, est déployée au Mali.
Les équipiers du GCP régimentaire ont porté la dépouille de leur frère d'armes.
Harold Vormezeele a été élevé au grade d'adjudant.
Le drapeau du 2e REP, décoré pour l'Afghanistan, et sans doute prochainement, pour le Sahel. Deux compagnies et une équipe GCP sont déployées sur place.

L'hommage à l'as du Neu-Neu Pierre Lorillon

Un ancien commandant du Neu-Neu et un officier russe ont porté les décorations de l'as (Photo Jean-Marc Tanguy).



Pas moins de huit anciens commandants du Normandie Niémen -les huit derniers dont le commandant en titre- étaient réunis aux Invalides ce matin autour du général Denis Mercier, pour honorer la mémoire de l'as Pierre Lorillon. Un pilote du 2/30 Normandie Niémen, tout juste rentré d'opérations ce matin même, figurait également dans l'assistance.

L'ambassadeur de Russie en France était aussi présent. Comme il l'était pour la MSO du Rafale, en juin, puis pour les 70 ans de l'escadron, en septembre, ou encore, pour les obsèques de Roland de la Poype.
Symbole de l'amitié franco-russe, deux officiers, français et russe, ont porté les décorations de l'as de 1944-1945.

Le REP fait du rab

La 3e compagnie du 2e REP prolonge son séjour en Afrique dans la zone malienne. Cette compagnie était déployée au Gabon en MCD, où elle n'a pas chômé, puisqu'elle a été déployée en RCA avec son homologue du 2e REI, fin décembre. Revenue au Gabon fin janvier, on imagine qu'elle devait piaffer de ne pas être mobilisée par Serval. C'est donc ce qui est fait depuis hier. Trois pays en autant de mois, ce n'est pas mal.
Deux compagnies et une partie de la CEA du REP sont donc désormais déployés au Mali. La 2e, aux ordres du chef de corps, a sauté sur Tombouctou fin janvier. Et des éléments de la CEA ont donc été déployés au sud de Tessalit, où est mort un sergent-chef du GCP, Harold Vormezeele.
Bien que n'ayant pas fourni d'unités constituées, les FFG avaient néanmoins prêté certains de leurs moyens aériens, notamment pour l'OAP du REP à Tombouctou.

jeudi 21 février 2013

Le pont Alexandre III demain

C'est demain, et non lundi, comme envisagé un temps, qu'aura lieu une cérémonie d'hommage national au sergent-chef Harold Vormezeele, légionnaire du 2e REP tué au Mali. Par conséquent, les personnes qui le souhaitent peuvent honorer sa mémoire au passage de sa dépouille sur le pont Alexandre III, entre 14h et 14h30.
La cérémonie sera présidée par le ministre. C'est le Premier ministre qui avait présidé la cérémonie d'honnneurs militaires au CBA Damien Boiteux, pilote au 4e RHFS.

Adopte-un-Caïman.fr

C'était le 14 février, mais on ne l'apprend que maintenant : l'armée de terre a formellement adopté le Caïman, dont elle avait reçu un premier exemplaire de série en décembre 2011. Cette phase formelle permet de passer à la suivante : la formation des premiers équipages, après celle des instructeurs, qui avait déjà commencé.
Contrairement à ce qu'espéraient de grands optimistes, le Caïman n'ira donc pas en Afghanistan, comme les Italiens l'ont fait avec leurs NH90 (et peut-être d'autres Européens suivront, comme les Allemands).
Ce n'est pas avant 2014 (prudemment, aucun mois n'est précisé) que l'armée de terre pourra mettre en oeuvre un plot de quatre machines en opérations extérieures. L'urgence est là : avec les grosses chaleurs, les Puma envoyés au Mali sont très limités en emport de charge. Pas plus d'une section pourrait être transportée simultanément, quand les bonnes conditions ne sont pas réunies, ce n'est donc pas le bout du monde...
La MSO du Caïman n'est plus attendue, désormais, avant 2016.
A l'origine, l'armée de terre souhaitait disposer de 133 Caïman. Mais ça, c'était avant. On attend toujours la notification d'un contrat pour une deuxième tranche, qui a glissé de plusieurs mois. Mais dont la butée intervient dans un mois.
La plupart des clients européens du Tigre ou du Caïman, à l'instar de l'Allemagne et l'Espagne, et déjà, de la France, ont aménagé leurs commandes, ou s'apprêtent à le faire. Avec à la clé, après les étalements, de probables réductions.

La France continue à renforcer Serval

Loin du cliché facile des boys qui rentrent à la maison, la France continue plus ou moins discrètement à nettement renforcer ses positions dans la zone malienne. Cela va clairement à l'encontre de promesses imprudentes sur le début du retrait de la France en mars (1). Ces renforcements sont particulièrement marqués dans le domaine du renseignement, essentiel pour détecter l'activité adverse, et dans l'action cinétique. Ils indiquent très clairement la volonté de la France de s'installer dans la zone, et pour longtemps.
C'est également le cas avec des renforcements d'infrastructures qui envoient un signal similaire. Depuis plusieurs semaines, la France doit composer avec les états de la zone pour voir qui pourrait accueillir ses capacités. Certains l'ont déjà fait, d'autres ne semblent pas pressés de s'y mettre, sans doute de peur de voir le terrorisme débouler chez eux (quand il n'y est pas déjà...) ou des réactions de leur opinion publique.
Ce schéma prévisible évoque en tous points la façon dont les Américains ont procédé dans l'est de l'Afrique, en installant une série de terrains destinés à observer les groupes terroristes de la région, avec une base centrale de soutien (Djibouti), capable de pouvoir délivrer le feu sur les djihadistes quand ils dévoilent un doigt de pied.
A peu de choses près, et avec bien moins de moyens -pas de drones armés par exemple-, et sans doute un peu moins de volonté politique, la France semble se donner les moyens de pouvoir jouer un rôle identique dans la région, côté ouest (qui n'intéresse pas beaucoup les Américains, même s'ils fournissent des moyens). Et d'autant plus que ses milliers de ressortissants sont désormais aussi, plus que jamais, une matière première qui intéresse les djihadistes. Avec 15 otages, et le décompte n'est pas fini, et des djihadistes plus que jamais remontés contre elle, la France est donc désormais condamnée à finir le job. Des années de travail en vue.

(1) devant les députés de la commission de la défense, le ministre de la défense a pour sa part confirmé que des capacités non essentielles seront rapatriées dès qu'elles ne serviront plus.

French Serval : US intel inside

The United States fullfill the French capacities gap in the field of intelligence. No French official comments on any assertion related to foreign intel assets. But these assets are at work, according open sources evidences : a Global Hawk HALE UAV has been required since the first week of French ops in Mali -Serval-. This unique unhabited asset would take off from Sicily where few aircrafts are based.
Piloted-ISR assets are also based near this troubled area. The US Navy P-3 fleet could be required : these grey birds are also based in Sicily. Up to five French MPA have already reached western Africa in order to bring some ISR capabilities, and French special operations units also widely contribute.
US PC-12 and U-28 have been operating in western Africa for years, according US press. This kind of flexible aircrafts could have been tasked for French duties since the first month of Serval operations, when the US acknowledged a kind of help in the intelligence gathering process.
Piloted aircrafts fly less longer than UAV, but they need less support. Even US Air Force needs more and more UAV in the Middle East zone, with growing number of CAP and... attrition.
The French troubled UAV story can explain these American growing actions around and above Mali. When France launched its first MALE program -as an interim one- on 2001, the first system had to be delivered to Armée de l'air on July, 2003 (23 months later the award of the contract). And a far more upgraded MALE generation was to reach IOC on 2009.With growing political delays, the contract for this long-awaited MALE has not been awarded yet.

mercredi 20 février 2013

Des parlementaires chez les chefs d'états-majors

Une dizaine de parlementaires travaillant actuellement sur le livre blanc et des rapports ont été reçus à dîner, cette semaine, par deux des trois chefs d'états-major d'armées. Le général Denis Mercier a reçu lundi, avec deux de ses généraux, et le CEMAT a fait de même, avec trois de ses adjoints, hier, soir chez lui. A ce stade, pas de dîner prévu dans la marine, nous indique un des convives.
Contrairement à ce qui s'était passé en 2008, les trois CEM d'armées font partie de la commission du Livre Blanc.

Les Invalides, vendredi et lundi

A trois jours d'intervalle, la grande cour des Invalides va honorer deux vies d'engagements. Le premier, Pierre Lorillon, pilote et as du Normandie-Niémen, sera honoré vendredi matin. Sa biographie est un condensé d'engagements les plus divers au service de la France.
Le deuxième a été tué hier dans les combats contre les djihadistes. Le sergent-chef Harold Vormezeele, du GCP au 2e REP est le deuxième mort de l'opération Serval, et sera honoré lundi. Comme c'est devenu la tradition, les Français qui souhaitent lui rendre hommage pourront le faire, au passage du convoi funéraire sur le pont Alexandre III, avant la cérémonie officielle.
Etant donnée la forte portée symbolique de cette cérémonie, et comme cela avait été le cas pour l'hommage au CBA Damien Boiteux, tué le 11 janvier, la sécurité devrait être renforcée aux abord du pont Alexandre III, et aux Invalides.

Serval: la France a tiré plus de 200 bombes

Le 11 février, j'écrivais que la France avait tiré plus de 200 bombes : j'étais en fait en avance d'une semaine. Ce niveau de feu n'a été franchi que cette nuit, lors de l'opération d'appui au sud de Tessalit, là où  un sergent-chef du GCP du 2e REP a été tué hier. Une patrouille de Mirage 2000D venue de Bamako a été déroutée pour venir en aide aux forces terrestres prises à partie, ainsi que des Tigre. Ce matin, très tôt, un ou plusieurs ATL-2 de la marine ont également largué des bombes dans la continuité des actions de feu d'hier, sous l'appui laser d'un drone Harfang. On peut donc parler d'une combinaison des effets, symptomatique du niveau d'intégration interarmées et interalliées de Serval.
Le cap de la première centaine de bombes larguées avait été franchie autour du 26 janvier, comme ce blog l'avait expliqué alors.

mardi 19 février 2013

In memoriam : SCH Harold Vormezeele (GCP/2eREP)

Né en Belgique, le sergent-chef Harold Vormezeele a été tué aujourd'hui à 33 ans. Il s'était engagé à 19 ans, le 24 février 1999, il y quatorze ans presque jour pour jour. Le 22 juillet suivant, il intégrait le 2e REP où il aura effectué toute sa carrière. Grenadier-voltigeur, il est ensuite opérateur radio. Caporal, il rejoint le GCP régimentaire, puis est nommé sergent le 1er juillet 2005. A sa demande, il avait été naturalisé français le 7 mai 2010, année où il est promu sergent-chef. Il aura servi en Bosnie-Herzégovine (2000), au Gabon (2001), à Djibouti, (2001, 2011), en Nouvelle-Calédonie (2003), en RCI (2006), en RCA (2007) et en Afghanistan à trois reprises (2008, 2010, 2011). Cinq légionnaires y ont perdu la vie, dont un du GCP, Konrad Rygiel.
Il avait quitté Calvi le 23 janvier 2013 avec le Guépard, pour Abidjan, puis avait aussi sauté sur Tombouctou dans la nuit du 27 au 28 janvier.
Le sergent-chef Vormezeele avait reçu quatre citations, dont trois sur sa croix de la valeur militaire.

Le SCH Harold Vormezeele (GCP/2e REP) tué au Mali

Il s'appelait Harold Vormezeele. Un légionnaire du 2e REP, sergent-chef au GCP, a été tué aujourd'hui au Mali, dans des combats avec les djihadistes. C'est un... tweet de l'Elysée qui l'a annoncé, un recours qui a de quoi étonner vu qu'il concerne la mort d'un militaire français. Le légionnaire a été tué vers 11 h dans le massif de l'Adrar, où a commencé hier une opération baptisée Panthère 4, et mobilisant 150 soldats. Il était pour sa part déployé avec une section commando, et un échelon blindé, avec une équipe de ciblage, dans le massif de l'Adrar, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit.
La patrouille blindée a tiré au 105 mm, et a commandé un renfort aérien. Des Mirage 2000D ont tiré leurs munitions sur deux "nids de mitrailleuses lourdes". Les échanges de tirs auraient duré "plusieurs heures". Deux dépôts de munitions auraient par ailleurs été détruits, dan le cadre de Panthère 4.
Le 2e REP avait envoyé des éléments au Mali à la fin janvier. L'essentiel était fourni par la 2e compagnie, celle qui avait sauté sur Kolwezi, et qui a donc récidivé sur Tombouctou. Mais les légionnaires parachutistes étaient revenus à leur point de départ, après cette OAP.
Un pilote du 4e RHFS, le CBA Damien Boiteux, était mort le 11 janvier.
5 paras du 2e REP avaient perdu la vie entre 2008 et 2011 en Afghanistan, dont déjà, un sous-officier du GCP.
La mort de ce deuxième militaire français, mais aussi l'enlèvement des sept français au Cameroun, dont quatre enfants, risquent de fragiliser l'opinion publique française.

(plus d'information à suivre).

Christophe Jacquot confirmé à l'ECPAD

Christophe Jacquot, un contrôleur général, pur produit du système défense donc, succède à la tête de l'ECPAD à Isabelle Gougenheim, sèchement limogée à la demande de l'encore directeur de la DICOD, Philippe Germain (1). Sa nomination, qui fait l'objet d'un décret, a été signée en fin de semaine dernière comme je l'expliquais ce weekend.
Christophe Jacquot semblait pourtant jusqu'alors très impliqué dans un audit de la DICOD, qui se poursuit, effectué par une consoeure du contrôle général.
Son travail est titanesque. Les trois Sirpa, qui font partie du conseil d'administration, ont effectué une levée de bouclier lors d'une séance récente en octobre (2), et dans les armées-même, le crédit dont bénéficie l'établissement est assez bas. Exemple parmi d'autres, l'armée de l'air a vu le travail d'un ses auteurs peu mis en valeur par la politique commerciale de l'ECPAD. Politique qui vaut d'ailleurs à sa directrice une partie de ses soucis, et le transfert d'un dossier, émis par un coupeur de têtes du ministère, à la justice, au titre de l'article 40, pour des soupçons de prise illégale d'intérêts (3).
On ignore qui est précisément concerné par cette affaire, qui pourrait être symptomatique d'un système qui dépasse le seul ECPAD. Les histoires familiales ne manquent pas dans ce ministère.
Le crédit de l'établissement est à peine mieux dans la presse, qui utilise photos et films tournées par les équipages images. Il n'est pas très difficile de trouver un journaliste qui n'ait pas une anecdote poilante sur le sujet. Et puis il y a ces histoires de tarifs à géométrie variable, il y a même des clients recommandés qui ne paieraient pas un kopeck.
Bref, tout cela fait un peu désordre alors même que l'ECPAD va devoir, comme la totalité de la chaîne com', faire preuve d'ingéniosité, avec encore moins d'effectifs et de moyens. Un des très nombreux sujets que le nouveau DICOD devra prendre à bras-le-corps. Evidemment, si ce dernier maîtrise déjà tous ces sujets complexes, il n'aura pas besoin d'une tournée des grands Ducs pour être opérationnel.

(1) qui devrait, lui, partir le 8 mars au plus tard.
(2) désaccord qui portait sur les coûts d'une école de formation aux métiers de l'image.
(3) à ce stade, aucun nom n'a été associé publiquement à ce versant judiciaire.

Sept français enlevés au Cameroun (actualisé 1)

Sept Français -trois adultes, quatre enfants- ont été enlevés au Cameroun, a révélé la radio spécialiste de l'Afrique, RFI, mais rien ne semble avoir encore été revendiqué. Depuis la Grèce où il est en voyage, le président a confirmé que ce rapt porte la trace de la secte nigériane affiliée à AQMI. Il était, de fait, difficile de ne pas le relier aux évènements en cours au Sahel, et aux opérations lancées par l'armée française le 11 janvier (1). Mais depuis plus de quatre ans, l'internationale djihadiste d'Afrique de l'ouest incite à s'en prendre aux intérêts et ressortissants français.
Huit otages français, tous adultes, étaient déjà retenus au Sahel. AQMI n'a pas toujours tenté d'enlever des occidentaux en direct, mais peut faire appel à des intervenants extérieurs, comme cela fut le cas au Niger, en janvier 2011.
Pour ce qui est du Cameroun, pays plutôt sûr en général, le quai d'Orsay prévient sur son site internet : "le risque terroriste est faible mais ne peut être écarté, en particulier dans les lieux fréquentés par les étrangers. Les axes routiers (routes goudronnées et pistes de brousse) dans les provinces de l’Adamaoua (Ngaoudere), du Nord (Garoua), et de l’Extrême-Nord peuvent être dangereux en raison d’attaques périodiques par des bandes armées (coupeurs de route). Des agressions ont régulièrement lieu, de jour comme de nuit, sur les routes et dans les grandes villes du territoire. Il est donc vivement conseillé de se déplacer en convoi de jour et d’éviter de rouler la nuit."

(1) évènement étrange, qui n'a pas fait l'objet d'une forte médiatisation, un africain portant un fusil d'assaut dissimulé sous ses vêtements s'est présenté, début février, à un checkpoint de l'armée française, au Tchad. La suite des évènements n'est pas connue.

Serval : deux largages para simultanés étaient prévus

La concentration de douze ATA à Abidjan, évoquée par ce blog, s'explique par le fait qu'à l'origine, le CPCO avait envisagé un double largage simultané de parachutistes sur Gao et Tombouctou. Comme on le sait, finalement, Gao s'est réglé avec une opérations de forces spéciales, et des renforcements de matériels et de troupes par posers d'assaut effectués par les avions du COS. Ce choix a été rendu possible grâce au bon état de la piste, qui était utilisable à Gao.
A Tombouctou, des parachutistes du 2e REP, du 1er RCP, du 35e RAP et du 17e RGP ont été largués, et rapatriés à Abidjan quelques dizaines d'heures après leur saut. Où ils restent vraisemblablement mobilisables si la situation l'exige.
Selon des témoignages convergents, le recours au largage de fret est lui très régulier : pour ceux qui ne l'avaient pas compris, c'est un facteur de moindre exposition aux IED des djihadistes, et de préservation de la chaîne soutien au Mali.

Des questions dans la com Serval

Plus d'un mois après le début de l'opération Serval, les questions et parfois certains doutes commencent à poindre. Il n'y a pas que la longueur prévisible de l'opération, qui va obliger à remiser la promesse de commencer le retrait promis en mars. Mais sur la communication elle-même :
. Un courant montant dans l'armée demande plus de précautions sur les données de toutes sortes qui sont exportées de la communauté militaire vers l'extérieur. Prenant pour exemple l'affaire Merah, on peut en effet s'inquiéter de certaines restitutions des média, avec un luxe de détails importants autour de bilans de feu personnalisés par exemple. Sur au moins un cas, ce serait pourtant à la demande de son armée qu'un pilote a dû ainsi s'exposer (il faut coloniser les minutes d'antenne et les cm2 de papier, car le livre blanc est en train de s'écrire). Plusieurs documents diffusées par les canaux officiels laissent aussi passer des détails importants.
Pour ma part, les opérationnels que j'ai pu croiser insistent tous sur les précautions de sécurité opérationnelle qu'ils prennent, en plus des consignes professionnelles permanentes qui sont les leurs.
. Depuis l'Afghanistan, il est de tradition (mais aucune loi n'y fait obligation) de ne plus donner que le prénom et le grade d'un militaire interviewé. Néanmoins, les outils disponibles sur étagères permettent, sans trop de difficultés, de retrouver les noms réels des intéressés. Publication au journal officiel, mais aussi publications de com' (revues écrites, facebook, twitters et tutti quanti) du ministère livrent en permanence des milliers de noms, associés souvent à des unités et des visages. C'est le propre des terroristes que d'utiliser tous les moyens de sources ouvertes que l'on peut trouver. Plusieurs affaires de fatwas sur internet ou de menaces téléphoniques mises à jour, ces dernières années, sur des militaires, démontrent si besoin était que les précautions ne sont pas superfétatoires. Rappelons que les identités des personnels de plusieurs unités du ministère (COS notamment) sont protégées par décret, et que globalement, ce procédé a mis un peu d'ordre. Sans empêcher les oublis de floutage. Il n'est pas rare que les personnels des forces conventionnelles eux-mêmes se demandent pourquoi ce floutage n'est pas généralisé pour les personnels en opérations. Sur le propre Facebook de l'EMA, deux internautes (dont j'ai enlevé les noms, mais qui figuraient en clair...) soulevaient hier la question, avec une tentative d'explication d'un troisième :

  • Ne serait-il pas judicieux de masquer les visages de tous les personnels photographies? Certains, j'en suis sur, ne seraient pas ravis de se voir sur Facebook.

     Et après on nous répète de ne rien mettre sur les réseaux sociaux...

  •  On voit que la sortie du livre blanc s'approche!   
. Malgré moult rappels à l'ordre du ministère, Facebook reste le média n°1 d'information de ceux qui cherchent de l'information sur les armées. Incroyablement, une bonne partie des militaires sur Facebook livrent leur vrai métier à la vue de tous les internautes, avec en prime photos des enfants et ville de résidence... Toutes les dernières émissions sur l'armée ont utilisé ce recours, notamment pour diffuser des appels à témoins, mais aussi récupérer des anecdotes.Un jour, un terroriste fera peut-être de même.
. L'Etat-major des armées (EMA) a progressivement diminué le flot, déjà pas épais, d'images, depuis plus d'une semaine, et restreint encore le niveau de détails qu'il livre sur les opérations. D'aucuns y voient une précaution supplémentaire pour ne pas devenir un capteur indirect des djihadistes.
Mais, l'effet produit est évidemment désastreux car alors que le président avait fait, le 11 janvier, une promesse d'information aux Français, via les élus et la presse, il faut le constater, faute d'informations, Serval est déjà retombé dans les limbes médiatiques, remplacé à la une par les affaires de grue, de cheval, et de météo...

Des économies, des soucis, le... Mali ?

Comme ce blog l'annonçait il y a quelques jours, l'armée de l'air commence à faire le ménage dans ses exercices. Angel Thunder, qui devait avoir lieu au printemps aux Etats-Unis avec la participation de Caracal de Cazaux est définitivement déprogrammé. On invoque tout à la fois les soucis de disponibilité suite à des limitations du constructeur, après accident d'une version civile, mais aussi la situation au Mali, qui ne permet pas de définir un horizon de fin d'opération (le ministre des affaires étrangères et sa promesse de retrait en mars apprécieront...). Difficile, donc, de compromettre une capacité de relève des Puma Resco (1) au Mali, engins qui assurent actuellement vaillamment la mission (ils ont pourtant la quarantaine...).
Au final, tout cela, c'est autant d'économies en plus : plus besoin de transporter par air les Caracal au coeur de l'Amérique. Et plus besoin de faire aussi vite la campagne de ravitaillement avec un tanker italien, qui ne semblait de toute façon pas très bien partie.

(1) des photos montrent ces hélicoptères en action, dans le transport de blessés africains. Mais sur le site du mindef... belge.

lundi 18 février 2013

"Trompe-la-mort" s'est éteint

 Le CBA Marcel Bessoneau (photo via VJC)

Ses frères d'armes l'appelaient "Trompe-la-mort". Le site Veterans Jobs Center décrit le parcours d'un para extraordinaire, honoré par ses camarades, aujourd'hui à Anglet, parmi lesquels pas moins d'une dizaine de généraux, tous anciens chefs de corps du 1er RPIMa.
Le CBA Marcel Bessonneau s'était engagé à 17 ans au 21e RIC, avec lequel il est cité deux fois en Indochine. Blessé, il revient en Indochine au sein des 5e BCCP et 7e BCCP. Cité à l'ordre de la division en 1949, il est médaille militaire à 23 ans. Il effectue son 3e séjour avec le 6e BCCP et saute sur Dien Bien Phu, deux fois, en 1953 et 1954. Il est à nouveau blessé sur Eliane 1 avant de connaître les camps viets.
Adjudant, il reçoit la légion d'honneur, et désormais au 2e RPC, il saute sur Port Fouad lors de l'opération de Suez. Il sert au 3e RPC, encore avec Bigeard, en 1960-1961, en Algérie, puis terminera sa carrière en 1981, après quatre années au 1er RPIMa.
Ultime pied-de-nez au protocole, c'est à Bayonne, plutôt qu'aux Invalides qu'il avait préféré recevoir les insignes de commandeur de la légion d'honneur.

Le Neu-Neu perd un as

Pierre Lorillon, 94 ans, est mort hier, quelques mois après un autre as, Roland de la Poype. Du Normandie-Niémen qui combattit en Russie, il ne reste plus que deux pilotes en vie, Jean Sauvage (95 ans) et Gaël Taburet (94 ans), ainsi que 9 survivants chez les mécaniciens. Retiré à Lumio, en Corse, il recevait régulièrement la visite de pilotes du Neu-Neu, lorsqu'ils venaient dans l'île en campagne de tir.
Né l'année de la victoire, Pierre Lorillon était  breveté pilote de tourisme en 1936, indique Yves Donjon, dans son ouvrage "Ceux du Normandie-Niémen". Il intégre une formation de sous-officier pilote dans l'armée de l'air, deux ans plus tard, et tente de rallier l'Angleterre depuis l'Afrique du Nord, mais échoue, indique le documentaliste du groupe de chasse.
Il arrive au GC Normandie le 8 mai 1944 et obtient sa première victoire sur un Stuka, le 1er août 1944. Sept FW190 suivront.
Ecosse, Guyane, l'as pilote sous tous les cieux, puis embraie à l'ELA 56 Vaucluse (1), à partir de 1950. Il participe à la guerre d'Indochine, de février 1953 à novembre 1954 où on lui attribue la croix de la Vaillance avec palme. Puis il s'illustre à nouveau en Algérie, de 1960 à 1962.
Il quitte le personnel navigant le 1er février 1969, avec le grade de commandant.

(1) qui opère pour le compte du SDECE, qui précède la DGSE.

Abidjan : les 4000 heures franchies

C'était le 14 février : l'armée de l'air venait de passer les 40 ans de présence d'hélicoptères en Côte d'Ivoire. Plus de 4000 heures ont été réalisées sur place, sur Alouette II et III, puis Fennec. 46 militaires français ont bénéficié d'une évacuation sanitaire avec ces moyens successifs.
Le Fennec sert à tout, puisqu'il a encore, en janvier dernier, effectué l'éclairage du dispositif terrestre envoyé au Mali, dans le cadre de Serval. Même s'il a dû s'arrêter à la frontière.

Serval : à la chasse, b..... !

Quelques compléments et précisions sur les missions réalisées depuis le 11 janvier par les chasseurs de l'armée de l'air, relatées par ce blog. Le but étant de rester précis sur ce qui est écrit, de l'amender le cas échéant, et pas, en tout cas, d'alimenter une course à l'échalote.
. Le Mirage 2000D peut emporter des bombes airburst, et contrairement à ce que j'expliquais hier, cette configuration n'est pas ouverte que sur F1CR. Des tirs ont d'ailleurs été réalisés par les muds de Nancy ces derniers jours, avec cette bombe qui explose à quelques mètres du sol, d'où un effet plus adapté, dans certaines missions. Depuis le début de Serval, quatre types de bombes ont été tirées : GBU-12, GBU-49, AASM et donc, airburst. Les tirs effectués par les ATL-2 (des GBU-12) seraient restés limités, de l'ordre de quelques unités seulement.
. Les Rafale ont assuré une mission très longue, le 13 janvier, du fait du détour imposé par l'Algérie, comme RFI l'avait, en son temps révélé. Sur les 9h35 de vol (1), 90 minutes avaient été réalisées au-dessus du Mali, pour larguer 21 bombes sur objectif. Depuis, des Mirage 2000D ont réalisé 9h40 de vol, lorsque les muds étaient encore déployés depuis N'Djamena. Ce qui, de fait, a amené un temps de survol du Mali plus important. Le record absolu sur 2000D aurait été réalisé à quelques minutes de plus, lors d'un exercice de projection en temps de paix.
. C'est un BRDM et non un BMP-3 qui a été avoiné par le Savoie. Ma vue de près baisse, la faute à la quarantaine.


(1) mais encore très-très loin de leur endurance maximale, contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là.

dimanche 17 février 2013

Le début de la fin du 2/33 Savoie


Cette photo d'Anthony Jeuland (EMA/armée de l'air) a été prise lors de la première mission airburst, début février.

L'escadron de chasse 2/33 Savoie commence à compter les jours. Engagé dans l'opération Serval depuis N'Djamena, il commence aussi son ultime campagne de tir à Solenzara, avant un déploiement dans les pays baltes à  la fin du printemps.
Ses deux derniers jeunes pilotes seront lâchés dans quelques jours sur monoplace.
Malgré ses 30 ans d'âge, le F1CR tient gaillardement sa place, en offrant sa capacité de tir canon (un BMP-3 djihadiste en a fait les frais), mais propose aussi quelques exclus. Outre l'ASTAC, qu'il reste le seul chasseur à pouvoir emporter, le F1CR est aussi le seul à pouvoir tirer la bombe airburst, qu'il a emporté en quatre exemplaires début février. Sans compter la reco-film, qui reste très largement compatible avec le contexte technico-opérationnel actuel.
Il sera vraiment difficile de s'en séparer... A moins que parmi les très nombreux retex de Serval, on constate aussi qu'il n'y a pas pléthore de chasseurs actuellement, et qu'en conserver au-delà de l'actuelle date de péremption affichée (2014) n'est pas inutile.

Le GTIA 2 à Bourem

C'est semble-t-il la première grosse opération du GTIA2 (1) : elle a permis de prendre le contrôle de la ville de Bourem, sur le fleuve Niger, entre Tombouctou et Gao. L'EMA, qui reste particulièrement discret, évoque des troupes françaises seulement "en appui" des troupes maliennes, néanmoins, quand on voit le niveau d'appuis mis en oeuvre, on peut réellement s'interroger sur qui appuie qui (2)... Le GTIA2 comprend sur le papier des éléments du 92e RI (avec ses VBCI), du 126e RI, du RICM, du 1er RIMa et du 11e RAMa (peut-être avec des Caesar), avec des éléments de génie.
Pour l'instant, l'EMA ne donne aucun bilan, prétextant le fait que l'opération n'est toujours pas terminée. Il nous reste le site du mindef belge, qui nous apprend qu'un blessé français a été évacué par un A109 belge cette semaine, de Tombouctou vers Sévaré.

(1) rappelons que le GTIA1 (autour du 21e RIMa) s'est chargé de la progression vers Tombouctou, tandis que le GTIA Para a fourni des éléments sur Tombouctou (bouchon du 2e REP, avec le 35e RAP et le 17e RGP), Gao (1er RCP) et Tessalit (1er RCP).
(2) les combats qui ont eu lieu à Gao après sa "libération par les forces maliennes" nous rappelant par ailleurs que l'armée malienne avait encore très largement besoin de l'armée française, de ses Tigre, et de ses forces spéciales. Voila d'ailleurs ce qu'en disait le ministre dans son audition à l'assemblée, fin janvier : "L’armée malienne, qui était en très mauvais état technique et surtout en plein désarroi moral, a retrouvé un certain dynamisme depuis notre intervention et accompagne désormais nos forces."

samedi 16 février 2013

Le changement c'est déjà maintenant

L'information, exclusive, vient de mon confrère Jean Guisnel : Philippe Germain, arrivé en juillet quitte déjà son poste de patron de la DICOD, et serait remplacé sous quinze jours. "Erreur de casting manifeste", il aura donc détenu le titre encore moins longtemps que son prédécesseur, un état de fait qui fragilise la DICOD (1) où l'ambiance était déjà assez lourde, comme ce blog l'avait récemment illustré. 
Un autre cadre du domaine avait été assez sèchement remplacé : la directrice de l'ECPAD a été récemment débarquée pour des erreurs stigmatisées dans deux rapports successifs du contrôle général des armées. Le ministère a d'ailleurs transmis ses conclusions à la justice. Le nouveau directeur de l'établissement a été officiellement nommé hier.

(1) Pour laquelle le confrère constate, avec le ministre, que les armées n'ont "pas toujours désigné des cadres de qualité suffisante". Ambiance, ambiance.

vendredi 15 février 2013

French A400M update (photos)

MSN007 (the first French A400M) should be delivered at the end of the 2nd quarter, said Airbus Military, in its Seville plant. This aircraft was to start engine tests this afternoon. It will then begin the typical delivery flight test program before starting the formal delivery process, by the end of april. Only three flight tests should be necessary. The formal delivery could occur by the end of may, or the beginning of june, just before the Bourget Airshow.
MSN007 (left) will be able to operate with a 32-t payload, according to Cedric Gautier, A400 program manager. Three aircraft must be delivered to the French Air Force before the end of the year, and one to the Turkish Air Force. Then, 10 aircrafts have to be produced next year.
MSN010 (3rd French A400M) has just left STA40, where the wing and the fuselage are joined.
MSN010 left STA40 this morning without its engines. The latter are integrated in the ultimate step of the industrial process.
MSN008 is to be delivered on the 3rd quarter. Airbus Military is now proceeding to ground tests.

(these photos cannot be reproduced without authorisation. All these photos were taken in Seville, Spain, this day, February, 15th, 2013 by Jean-Marc Tanguy)

Le point sur les A400M français

MSN007 (premier A400M destiné à l'armée de l'air) sera livré avant la fin du 2e trimestre -fin mai, début juin, a priori-, a garanti à nouveau ce matin Airbus Military, à Séville, en recevant une poignée de journalistes de la presse internationale, dont j'étais. La société maintient aussi l'objectif de livrer trois avions à la France dans l'année 2013.
Une façon comme une autre de répondre aux doutes persistants entendus en France, tant à la DGA que dans l'armée de l'air.
Selon l'industriel, MSN007 devrait voler à la fin de premier trimestre, début mars : trois vols d'essais seulement seraient prévus. Les premières minutes de fonctionnement des moteurs, au sol, devaient intervenir cet après-midi sur le grand parking de San Pablo. Puis en avril devrait commencer le processus de livraison avec les autorités françaises. Ce processus pourrait prendre six semaines, selon l'industriel. La date contractuelle de livraison était fixée en mars 2013.
Le 2e français (MSN008), comme le premier avion turc (MSN009), serait livré au 3e trimestre. L'avionneur évoque le mois de juillet pour MSN008, et le 3e et dernier de l'année (MSN010), avant la fin 2013. Les composants du MSN12 (le 4e français) arrivent dans deux semaines à Séville.
En outre, l'industriel assure pouvoir qualifier fin 2013 le standard SOC1 pour la livraison par air et intégrant le système d'autoprotection initial.
Airbus Military croit aussi pouvoir livrer 10 avions en 2014. Cinq avions sont actuellement dans le cycle de production, dont quatre sur chaîne (trois français, et un turc).
Par ailleurs, on appris que le contrat initial pour le MCO des A400M français, sujet de très longues palabres entre l'industrie et l'adimnistration, avait finalement été signé en milieu de semaine, avec la France.

Mascate plutôt que Ouaga

La crise sahélienne ne fait pas totalement les affaires d'Airbus Military. Si l'opération Serval démontre le besoin pour l'armée de l'air de disposer vite d'une flotte tactique bien plus moderne, elle a eu aussi un effet inattendu sur le programme d'essais de l'A400M qui devait avoir lieu à Ouagadougou (Burkina-Faso) en fin d'année dernière. Comme ce blog l'avait rappelé le 28 mai, un des protoypes de l'A400M devait en effet aller se frotter au terrain sommaire pour vérifier ses capacités tactiques, une caractéristique sur laquelle la France insiste beaucoup, parce qu'elle correspond à son contexte d'emploi, notamment (mais pas seulement en Afrique). Selon Airbus, la campagne a été abandonnée non pour des raisons de sécurité mais parce que les conditions, notamment les autorisations des états, n'étaient pas réunies.
L'avionneur va donc effectuer ces essais à Oman, dans quelques mois. Avantage, cela permettra aussi d'y montrer l'avion. Le Moyen-Orient recèle, a priori, de plus de prospects pour l'appareil que l'Afrique de l'ouest. Même si cela ne semble avoir aucun lien.

Raids Aviation aussi sur AppleStore


Raids Aviation, le bimestriel d'aviation militaire que j'ai lancé chez Histoire et collection en mai dernier est désormais disponible en version numérique, chez AppleStore.
Le 5e numéro de Raids aviation est sorti mi-janvier, avec une rétro sur l'opération Lamentin (déjà au Sahel...), et mes reportages en Afghanistan et à Djibouti. Un hors-série, consacré à dix ans d'opérations du groupe aérien embarqué est également sorti fin décembre.


Pendant ce temps aux EAU

Plusieurs affaires sont en balance aux EAU, où commence dans quelques heures un double salon (Idex/Navdex). Pour la France, il est question de tenter d'y décrocher un contrat pour 700 VBCI (soit plus que la seule commande française, plafonnée à 630 véhicules), un engin qui ne s'est pas encore exporté. Mais dont un récent communiqué du mindef a opportunément rappelé qu'il était désormais capable d'accueillir des fantassins Félin.
Des Félins, il y en a justement aussi aux EAU, avec une escouade du 2e REI. Une infographie du système Scorpion sera même proposée à la vue des passants. Pas sûr néanmoins qu'il faille là trouver les priorités des autorités des EAU, dont l'environnement nécessite urgemment plus de moyens d'anticipation et de connaissance pour emprunter une expression à la mode chez nous. Pour ce qui est des effecteurs contre les missiles iraniens, ils ont déjà trouvé de quoi s'équiper aux Etats-Unis.
La marine française est aussi présente sur ce salon, avec l'OPV Adroit, qui porte donc décidément bien son nom...
Au total, 67 industriels français de toutes tailles auraient fait le déplacement. Selon la Défense, les EAU ont commandé 2 milliards d'euros d'équipements en France, entre 2007 et 2011. La DGA a présenté mercredi à Paris une estimation des ventes françaises d'armement pour 2012, à 5 milliards d'euros. "Ce n'est pas satisfaisant" a déploré Laurent Collet-Billon, qui a constaté que "l'idéal" pour les exports serait d'atteindre "le même niveau que la commande nationale".


Serval : 34 réservistes mais...

Une présentation consacrée aux réserves ce matin au mindef faisait état de 34 réservistes engagés au profit de l'opération Serval. Evidemment, c'était un peu trop pour pouvoir être compris comme le fait que 34 réservistes avaient les pieds au Mali, ou au moins, dans la zone. En fait, il ne seraient pas 15% de ce volume réellement engagés sur place... Si l'on ne compte que les forces conventionnelles, car on sait que la gestion des réservistes du COS ou de la DGSE peut être différente.
Un autre chiffre, que l'on n'ose pas contester, celui-là, 80% des personnes sondées par la DICOD ne savaient pas qu'il existe une réserve en France. Evidemment, on peut comprendre que cela constitue un frein à l'expansion de cette population, qui compterait néanmoins 60.000 ressortissants.
Après des années d'indifférence, les réservistes devraient cependant connaître un regain de reconnaissance dans les années qui viennent. C'est qu'une fois qu'une énième réforme aura réduit l'armée de terre à sa portion congrue, il faudra bien que quelques uns remplissent les missions...

jeudi 14 février 2013

Serval : plus de 50 aéronefs, un ATO pour tous

Afin de rendre plus lisible la manoeuvre aérienne, l'armée a fait entrer tout le monde, étrangers compris, dans un ATO (air task order, ordre d'opérations aériennes) unique. L'armée de terre française, qui évoluait différemment pendant Harmattan, est elle aussi entrée dans l'ATO produit par l'armée de l'air.
La gestion quotidienne de ces moyens induit également un passage sous TACON du JFACC-AFCO, basé à N'Djamena. Les aéronefs de soutien américains -tankers et C-17- sont donc placés sous le contrôle opérationnel d'un JFACC français, c'est évidemment une grande première, qui traduit le niveau de confiance des forces américaines dans notre force aérienne.
Cette confiance s'est construite au fur et à mesure des engagements, mais aussi par l'effet produit, en 2011, par le comportement des moyens aériens français en Libye, qui semble avoir étonné plus d'un aviateur américain.
Seule exception (somme toute compréhensible) à ce TACON français, les moyens ISR américains restent sous contrôle américain, même si les Français peuvent avoir accès à l'imagerie récoltée (comme les... Américains). Totalement, et là aussi c'est une grande première, sous cette forme en tout cas.

La DGSE a reçu ses trois Caracal

La DGSE a reçu tous ses Caracal : le ministère, jamais disert sur ses opérations clandestines l'a néanmoins indirectement confirmé ce matin, en annonçant la livraison du 5e et dernier Caracal du plan de relance. Ses trois Cougar, livrés en 1992, doivent être rétrofités, et intégrés au parc de l'armée de terre.
La DGSE souhaitait de longue date migrer vers le nouvel appareil, mais n'avait pas pu le financer, avant que le plan de relance ne le permette. Deux autres appareils avaient aussi été acquis pour l'EH 1/67 Pyrénées.
Le GAM-56 Vaucluse opèrerait un peu moins d'une dizaine d'aéronefs à voilure fixe et tournante.

mercredi 13 février 2013

Qui bénéficie du budget de la défense ?

C'est un camembert intéressant et assez inattendu qu'à livré la DGA, en dévoilant ce matin ses résultats : celui des bénéficiaires  de ses paiements (10984 MEUR en 2012). Le premier est le... CEA, avec 1724 MEUR, suivi de Thales (1547 MEUR), EADS (1550 MEUR répartis entre Astrium, 622 MEUR, Eurocopter, 382 MEUR, Airbus, 236 MEUR, Cassidian, 125 MEUR, GDI, 14 MEUR) et DCNS (1320 MEUR). Dassault n'émarge qu'en 5e place, à 928 MEUR, suivi de Safran (916 MEUR), MBDA (600 MEUR), Nexter (500 MEUR), le CNES (244 MEUR), RTD (134), Panhard (61 MEUR, désormais intégré à Panhard), BAE Systems (50). Le reste n'est pas détaillé, pour un total de 1199 MEUR.

Il était dé-chaî-né

Dans un monde de la défense où les occasions de rigoler sont assez rares, les observateurs du landerneau ont bénéficié d'un concentré d'humour assez saisissant, ce matin, lors de la présentation des résultats du... DGA. Devant une foule à faire pâlir d'envie un ministre, Laurent Collet-Billon a dévoilé ses résultats 2012 à la presse, parsemant son intervention de plaisanteries (dont une parodie d'un célèbre lunettier), et charriant même au passage plusieurs confrères (1). Les résultats de son administration sont il est vrai assez bons, alors même que la nouvelle équipe aux commandes depuis juin semble aussi vouloir lui donner les moyens de renforcer son pouvoir dans le système de défense français. Il a d'ailleurs assuré que tout l'argent qu'on voulait bien lui donner était utilisé assez rapidement au bénéfice de l'industrie française.
En réponse aux questions de votre serviteur, le DGA a aussi déploré que les conditions contractuelles de certains programmes en coopération ne permettaient pas d'aller taper au portefeuille les industriels à l'origine de retards très importants, comme c'est plus facile, apparemment, pour les programmes menés en franco-français, et "certains l'ont payé très cher" a rappelé le DGA en se référant au Harfang. "Il ne faut jamais se refuser" un tel moyen "d'argumentation" a-t-il tonné, en évoquant ces pénalités de retard que doivent payer les industriels quand ils livrent en retard.
Il a également reconnu, en réponse à une autre question de votre serviteur, qu'il n'était pas normal qu'un hélicoptère sorti d'usine il y a seulement quelques années doive y retourner pour pouvoir être utilisé en opérations. Ce blog l'a plusieurs fois souligné, c'est notamment le cas pour le Tigre. Mais a-t-il aussi constaté, la priorité était, à l'époque, de permettre aux pilotes et mécaniciens de pouvoir emmagasiner de l'expérience sur le nouvel engin : on avait donc, en quelque sorte, transigé sur ce qu'auraient dû être la configuration de ces machines à la livraison.

(1) de la presse économique, en plus. Hasard ou pas, la tête de LCB était coupée dans la photo illustrant l'article qui lui est consacrée, sur le site de La Tribune.

Serval : les éternels oubliés...

Souvent les premiers en place, les logisticiens du combat sont aussi les premiers qu'on oublie de citer. Leur importance est néanmoins primordiale, car sans eux, rien ne se fait. Exemple, les personnels de l'armée de l'air qui ont été injectés très tôt à Bamako pour armer la mission d'escale, et qui permettent le déchargement des avions gros et petits et se chargent de l'aiguillage du fret vers le nord, en ATA/ATT, ou par convois routiers. Autre exemple, avec les personnels du GAAO, une entité de l'armée de l'air dépendant du CSFA et qui se charge de l'appui aux opérations : merlons, astroarches, bitume, bastions walls, ils se chargent de permettre le déploiement des aéronefs dans les meilleures conditions de sécurité.
 Dernière population, les SIC-men, spécialistes des réseaux sans lesquels une opération qui se déroule à des milliers de kilomètres de Paris ne pourrait pas tenir longtemps. Ces réseaux sont aussi essentiels pour permettre les "chats" et visioconférences, le transfert d'imagerie, que le transfert de données logistiques qui permettent à Serval de pour l'instant continuer à marcher sur ses quatre pattes.
Exemple non exclusif, pour développer le drone Harfang, il a fallu faire appel à toutes ces compétences : fabriquer de toutes pièces un taxiway, dresser un hangar déployable, raccorder des SIC, et trouver les bons tuyaux pour que la recopie puisse être accessible dans trois pays différents.

(rappel : un sondage dans la colonne ci-contre) 

mardi 12 février 2013

La phrase de la semaine

Argument et contre-argument

"Une fois la-bas, on en vient à se poser des questions sur la réalité de cette guerre. Lorsque nous avons enfin été autorisés à entrer à Tombouctou, nous avons vu un campement de djihadistes brûlé, des pick-ups brûlés, mais pas de cadavres".
Hugues Huet, France 3 dans Direct Matin, 13/02/2013

"J'ai l'impératif de préserver la dignité de mes soldats. Et je ne me vois pas montrer des photos de cadavres ennemis, pour la même raison. Je suis parfois surpris de l'attitude morbide des journalistes".
Colonel Thierry Burkhard, EMA, dans Direct Matin, 13/02/2013

Les CPA de l'armée de l'air en pointe au Mali

Sage précaution, le Tchad disposait depuis quelques mois d'un TACP conventionnel. Cela a permis de disposer rapidement d'une capacité au Mali dès le 12 janvier (Photo EMA).

Au service des forces spéciales ou conventionnelles, les trois commandos parachutistes de l'armée de l'air ont déployé plus d'une centaine des leurs au Mali. C'est un effort conséquent, qui représente environ 20% de leur effectif. Les ressortissants du CPA 10, principalement utilisés par le COS, sont les plus anciens dans cette zone (1). Cette antériorité dans le sujet les a rendus aussi indispensables dans les postes de commandement, à tous les niveaux.
Les CPA conventionnels (CPA20 de Dijon, qui semble fournir le plus gros effort en effectifs, et CPA 30 de Mérignac), très mobilisés par l'Afghanistan depuis 2006, découvrent le Mali. Leur contribution n'a pas vraiment changé de nature : ils assurent un large spectre de contributions allant de la force protection au guidage des appuis au profit des GTIA. Des binômes cynotechniques, désormais partie intégrante des TACP du CPA 20, sont aussi déployés.
La première capacité en la matière était arrivée du Tchad dès le 11 janvier, avec la COMOTO du 21e RIMA : le TACP du CPA 20 (2) a pu ainsi opérer au profit des avions avec lesquels il s'entraînait quelques jours plus tôt, comme l'EMA l'avait signalé à l'époque : un facteur évident d'efficacité.

(1) leur emploi a été détaillé dans RAIDS 316.
(2) l'emploi d'un TACP d'Afghanistan du CPA 20 est illustré dans le numéro 321 de RAIDS (février 2013).

(rappel : un sondage dans la colonne ci-contre)