C'est souvent une source de grande angoisse chez quelques militaires mal informés quand un journaliste leur parle ("mais vous êtes accrédité défense, au moins ?"), mais il faut bien le dire, l'accréditation défense des journalistes était tombée très bas dans les très nombreuses priorités de la structure chargée de les délivrer. Je ne cite plus son nom par pudeur, car on me dit que c'est mal vécu.
Bref, un ancien directeur de la structure en question m'avait confié avoir pris la décision de l'abandonner, car tout cela coûtait fort cher en temps et en argent pour un résultat assez banal, car finalement, la défense sait avec quels journalistes elle travaille. Et choisit, en fait, avec qui elle travaille même si elle s'en défend. Tous ces interlocuteurs ne sont pas pourvus d'une carte de presse, mais c'est un des nombreux exotismes de ce ministère, qui ne gêne plus personne.
Concrètement, que procurait l'accréditation défense ? La livraison gratuite de revues de communication, la considération unanime des cas évoqués dans la première phrase, et au final, donc, pas grand'chose : preuve en est qu'en 20 ans de pratique, votre serviteur ne l'aura pas demandée, ce qui, on le voit, n'a aucun effet sur le volume écrit. Le corollaire de la demande d'accréditation, c'était une enquête de la DPSD, mais à une époque pas si ancienne, il n'y avait pas besoin de faire une telle demande pour avoir droit à une enquête de la DPSD.
Après en avoir parlé avec plusieurs interlocuteurs sérieux, on peut discerner quelques éventuels effets à cette revalorisation de l'accréditation. D'abord, un média devra à nouveau spécialiser des journalistes dans ce domaine, s'il veut avoir la fameuse accréditation, et les quelques avantages qui pourraient en découler (l'accès à la logistique, le référencement sur le théâtres d'opération, etc). Or c'est une évidence, les média, avec constance, ont préféré ne pas valoriser leurs propres journalistes spécialisés... qui au fil des années disparaissent (1). J'avoue aussi mon trouble d'être parfois interviewé, comme journaliste, par un média qui dispose pourtant aussi de ces spécialistes.
Alors l'accréditation défense, pourquoi pas ? Mais qui va faire la pesée des âmes ?
(1) Avec la même constance, l'IHEDN a accueilli des journalistes
envoyés pour éveiller une vocation, mais le bilan est faible au vu de
l'effort, une bonne partie ayant choisi un autre domaine après avoir
profité d'un programme pourtant attractif.