Après la publication de mon post, mon confrère Jean-Domnique Merchet, parfaitement informé des réflexions de l'EMA, l'affirme, les vétérans d'Afghanistan auront bien la campagne double. Mais pas tous, croit-il savoir, la définition du périmètre, et notamment, la notion d'engagement au feu, n'étant pas du tout bouclée.
Cette question, qui vise vraisemblablement à employer au mieux les fonds publics, et estimer le plus judicieusement qui est un ayant droit, bute cependant sur des problématiques évidentes, déjà évoquées sur ce blog. Un maintenancier doit-il être exclu, au motif qu'il manie plus la clé de 12 que le calibre 12 ? Le général Irastorza a tranché la question, en remettant une décoration à un de ces logisticiens, il y a quelques jours, pour bravoure au feu.
Faut-il exclure les personnels de santé, au motif qu'ils passent plus de temps à l'intérieur des FOB qu'à l'extérieur ? Là aussi, la question est tranchée depuis deux ans : on ne compte plus les personnels de cette filière décorés pour leur comportement au feu.
Peut-on exclure les marins (1) alors que les marins ont été les premiers en place, et leurs frégates ont été placées en bouchon, pour éviter une fuite d'Al Qaeda par la mer ? Mais quand commence la campagne double : quand le GAN quitte Toulon, ou quand les SEM commencent leurs catapultages vers l'Afghanistan ?
Faut-il inclure le bibliothécaire de Warehouse qui avait défrayé la chronique, il y a plusieurs années ?
Le temps pris pour appliquer une mesure de bon sens a un côté presque nauséabond, quand on voit le peu de temps qu'il faut parfois à certains récipiendaires civils de la légion d'honneur pour être portés sur la liste.
Car rappelons que la France est désormais engagée en Afghanistan depuis... 10 ans. 55 Français y sont restés, plusieurs centaines y ont laissé un bout de leurs corps, bilan humain qui n'est pas tout à fait celui de la guerre du Golfe : le constater n'est pas faire injure aux vétérans du Golfe, qui ont accompli eux aussi leur devoir, à l'époque, dans des conditions de risque particulièrement élevées. C'est, d'aileurs, la justification de la campagne double.
Où commence ce théâtre afghan, et où commence l'engagement ? De vraies questions pratiques, auxquelles il semble bien difficile de répondre, apparemment.
(1) la promesse ayant été faite sur un navire, ne pas la respecter pour les marins serait de surcroît incompréhensible. Notons cependant que dans une semble approche comptable, les déploiements Agapanthe (2.000 marins) ont été longtemps les plus volumineux du théâtre, alors que le nombre de troupes françaises au sol en Afghanistan n'a passé le cap des 2.000 qu'à partir de... 2007.