Une enquête préliminaire visant à déterminer la réalité de tirs fratricides a été ouverte aujourd'hui, en Kapisa. Elle doit lever toute forme de doute, après les blessures infligées à trois soldats français du 21e RIMa, lors de l'opération Hermes Burrow. L'un de ces blessés est encore ce soir dans un état grave, et a déjà perdu un oeil. "Polycriblé", il est aussi "brûlé", ce qui pourrait laisser penser à "une explosion". Cette dernière peut avoir été causée par un tir de RPG-7 insurgé, mais aussi, peut-être, par un tir d'appui français. L'EMA ne l'exclut pas, ce soir. Deux moyens étaient particulièrement en action, à ce moment-là, selon la première chronologie établie : deux AMX10RC -servis par le 1er REC (1)- et trois VBCI -armés par le 35e RI. Le premier porte un canon de 105 mm et une mitrailleuse de 7,62 mm, le second, un canon 25 mm. Tous les deux disposent de moyens de vision pour le combat nocturne. L'AMX10RCR opère en Kapisa depuis août 2008, et s'est avéré particulièrement utile. Le VBCI, opérationnel depuis le 15 juillet dernier, accomplit en Afghanistan les premières missions de combat de sa courte histoire.
Dès les premières heures qui ont suivi les combats, un "tir fratricide" avait été évoqué par des sources non officielles.
Les premiers rapports, officiels, de l'EMA, faisaient alors état de blessures dues à des "tirs directs", "par balle", excluant de facto, un tir fratricide. C'est cette version, avec des réserves, que ce blog vous a exposé lundi. Mais les compte-rendus à chaud sont parfois démentis. Et l'armée se garde parfois de reconnaître l'évidence.
L'approche semble différente, cette fois, même si pour l'instant, une très grande prudence est observée à Paris. Comme à Kaboul : pour preuve, c'est le REPFRANCE qui mène actuellement cette enquête, et non l'inspection des troupes en opérations, compétente, si les faits s'avéraient, sur ce genre de dossier.
En l'absence d'éléments encore précis et définitifs, une certaine humilité doit aussi être conservée : les faits se sont déroulés de nuit, en pleine attaque, si l'on en croit le récit initial de l'EMA. Les positions d'appui et la compagnie qui a déploré trois blessés étaient séparés par un kilomètre environ.
Les tirs fratricides sont rares, et particulièrement, sous cette forme précise, dans l'armée française. Plusieurs voies seraient alors ouvertes, y compris, celle de la justice, si les faits se confirmaient. Une telle confirmation ne serait vraisemblablement pas sans effet sur la perception que les Français peuvent avoir de cette guerre. Sans doute, aussi, une des raisons pour lesquelles la réaction de Paris a été aussi rapide.
(1) et non le 1er RIMa, qui sert d'autres AMX10RCR, avec la TF Bison.