jeudi 7 juillet 2022

Encore un centurion qui s'en va

Varois, il était parti pour devenir marin, et l'armée de l'air l'a capté au bon moment, dans la spécialité

fusilier commando. Il est rapidement devenu un des piliers, puis une des figures du Commando parachutiste de l'air n°10, l'unité constituée la plus ancienne des forces spéciales air. Soit 1000 hommes et femmes aujourd'hui. 10 fois plus qu'à l'origine.

En peu de temps, ce sous-officier a accumulé les opex, comme la génération fondatrice de l'unité. Il faut alors tout construire, le CPA 10 a certes, comme les autres de très belles traditions (602e GIA, les premiers parachutistes français, puis les SAS puis les premières unités commandos de l'armée de l'air, les CPA, durant la guerre d'Algérie).

Mais l'armée de l'air n'a pas cultivé autant que les deux autres cet incroyable patrimoine, entretenu de bouche de commando parachutiste de l'air à oreille de commando parachutiste de l'air. De loin en loin, et une formidable salle d'honneur le rappelle au CPA10, cette tradition s'est transmise.

Ces pionniers du CPA 10, aussi spécialistes en déménagement (Nîmes, Apt, Orléans...) et en système D (faute de budgets, pendant très longtemps) vont construire l'unité bien connue aujourd'hui.

Ce sous-officier a bâti avec ses camarades une filière de chuteurs opérationnels. A l'époque, ils sont une poignée. Ils s'entraînent avec des moyens réduits, et se paient leur sauts le weekend. La facture familiale est lourde, mais le résultat est là. Le CPA 10 est en cible sur toutes les opérations. Aujourd'hui, 8 des 10 équipes sont qualifiées chuteurs opérationnelles (et bientôt 10 sur 10), un niveau qui n'a pas de comparaison dans les forces spéciales françaises.

Il échappe de peu à la mort face à un IED, en 2005, en Afghanistan. En 2008, il participe au saut massif de Birao pour dégager 18 frères d'armes au sol (dont le GCP du 17e RGP).

De nombreuses autres opérations suivront, sous de multiples latitudes. Comme ses frères d'armes, il est terriblement marqué par la perte au combat de l'adjudant Thomas Dupuy. Une perte qui fera sortir ce taiseux de nature de sa réserve habituelle, pour rendre hommage à ce jeune prometteur, foudroyé dans un combat contre les GAT.

Aujourd'hui, ce sous-officier quitte l'armée de l'air au terme d'une carrière nourrie. Forcément, il pensera à tous les morts de l'unité. Tous étaient issus de la 12, l'équipe initiale des chuteurs opérationnels.

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