Ce sont les deux mots qui font trembler bien des cadres du minarm, sans doute leur ministre, et peut-
être leur président : Barkhane est en pleine déroute, malgré de rares succès tactiques qui se poursuivent.Ils se poursuivent, malgré une activité opérationnelle bien moindre et des PMO qui se réduisent à peau de chagrin. La comops de l'EMA tente comme elle peut de faire vivre cette situation inédite. Comme l'activité s'est réduite, les GAT sont à nouveau en impunité pour tirer les FOB françaises comme des lapins. La neutralisation de quelques tireurs mortier par une Gazelle du GTD-A et un sniper GCP, tout comme les frappes des chassous ou des Reaper ne changera rien à cette donne.
On le sait, sans Serval, sans Barkhane, le Sahel irait bien plus mal. Je ne dis pas le contraire, et ne hurlerai jamais avec les loups. Par contre, depuis trois ans, l'état-major n'a pas pris les moyens de gagner la bataille des champs immatériels (CIM) et se retrouve en pleine déroute, à peu de mètres de la défaite pure et simple.
Les services, DRM et DGSE, la diplomatie n'ont pas été meilleurs (pourtant ils avaient été prévenus par des spécialistes qui travaillent en leur sens). Ni pour voir venir trois coups d'état en quelques mois. Ni pour tenir la position. Il était manifestement temps que l'ambassadeur de France au Mali rentre en France si on se réfère à des dernières actions. La cécité ne permet pas de voir ce qui se profile.
Seulement, il était possible de le rappeler pour ses limites (des diplomates qui l'ont précédé en avaient aussi, et parfois plus). Là c'est le contraire qui arrive : il est expulsé. Ce qui n'est pas courant en Afrique, pour un ambassadeur. C'est un camouflet historique, dans un pays libéré par la France il y a seulement 8 ans. En France, par exemple, nous n'avions explusé les Américains que 22 ans après un débarquement qui nous avait bien aidé.
Barkhane fait donc son irruption dans la campagne électorale. Eric Zemmour qui peinait à convaincre qu'il avait un programme défense, trouve là un boulevard. Son CM a d'ailleurs commis son premier tweet dès hier sur cette bérézina sahélienne. Jean-Luc Mélenchon, que l'AJD rencontre cet après-midi va s'engouffrer dans la brêche : ce sera le buzz média de la journée. Avec d'autant plus de légitimité que son ministre putatif de la défense, Bastien Lachaud est depuis toujours très critique sur la manière dont l'exécutif traite beaucoup de sujets relatifs à Barkhane. L'absence de débat réel, des rapports de la commission de la défense pas très incisifs, des résolutions de LFI étudiées par dessus la jambe. C'est tout un système qui s'effondre en quelques heures. Les explications des intéressé(e)s qui l'ont alimenté vont être intéressantes à entendre.
Maintenant, tout sera plus compliqué. D'abord protéger les ressortissants, qui font partie des cibles les plus évidentes : à quand un message du Quai d'Orsay leur demandant de quitter le pays (l'armée de terre, l'armée de l'air et Sabre ont autre chose à faire qu'une RESEVAC). Puis vider les FOB. L'ordre est évident. Rapatrier en passant par des zones où toutes les populations sont désormais hostile. Déjà ridicule en ne tenant pas sa parole sur les lignes rouges, la France est désormais ridiculisée comme jamais. Barkhane termine en fiasco, et l'histoire ne retiendra même pas le sacrifice des soldats français. Le coup de couteau dans le dos n'est pas le fruit de russes, d'américains, ni même de maliens. Nous avons juste cru être les plus fort parce que nous faisions le bien. Mais le plus important, ce n'est pas de le faire, mais de le faire savoir. Un très gros ratage.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.