L’impasse politique au Mali (le deuxième coup d’état, le dialogue gouvernemental avec les djihadistes, assumé depuis des années) a semble-t-il accéléré les annonces présidentielles, pourtant attendues dès... le sommet de N’Djamena. Le président avait finalement surpris son propre état-major en décidant de conserver le format à 5200 militaires.
Aujourd'hui, le président n’a cité aucun chiffre, pourtant chuchotés par d’autres : dès le début 2022, la France se sera retirée du nord. Il ne resterait plus que 3500 Français à l’été 2022. Et 1000 de moins un an plus tard.
Tout dépendra, même, de l’orientation de la présidence suivante. Comme je le rappelais il y a quelques jours, les élections présidentielles sont plutôt propices aux annonces de retrait, et parfois, à l’accélération de l’accélération. Il ne pourrait bien subsister à terme que des effecteurs aériens (soit un format à 400 personnels à Niamey, voire moins), un élément de forces spéciales qui pourrait être réduit (400 aujourd’hui) et un volant d’instructeurs. On est bien loin des 2500, plus proches des 800 à 1000.
En plus de cette inconnue franco-française sur le format final, l’autre, peut-être encore plus incertaine, sur la relève européenne. Le président l’a encore fait miroiter dans sa conférence de presse, sans évoquer, là non plus, de chiffres.
Pour faire venir 300 européens dans Takuba aujourd’hui, il faut engager 300… français. Et maintenant que la France annonce son quasi-départ, l’asymptote risque d’être atteinte plus vite que prévu. Là où le président visait 2000 européens, dont 500 français, dans le Takuba en format de croisière.
Les budgets de défense européens se restreignent, alors même que d’autres menaces, notamment celle de la Russie se font plus palpables. L’annulation de la venue d’une compagnie belge, d’un pays pourtant considéré comme un allié fidèle au Sahel, est un coup dur de plus, mais en annonce sans doute d’autres, comme je le rappelais il y a quelques jours.
La situation n’était donc plus tenable très longtemps, notamment sur des capacités critiques (hélicoptères, avions de transport), sans préjuger même ce qui restera sur place.
Dans un environnement assez dépressif sur le front de la disponibilité des matériels (notamment aériens), la forte réduction de format n’a de vraiment rien de surprenant, même si elle est habillée de critères stratégiques sahéliens. Malgré une hausse inédite des crédits dans l’histoire contemporaine, les armées françaises restent convalescentes et sous-capacitaires dans de nombreux domaines.
Un sujet de fond (de plus) pour le futur chef d’état-major des armées, ainsi que pour celui qui se chargera de la planification et de la conduite des opérations (SCOPS) et celui qui les porte-parolera : une trinité qui arrivera en place dans quelques jours.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.