Ils sont arrivés une heure avant l'heure dite. Certes, ces cavaliers ne viennent pas de très loin, mais
certains ont quand même fait un bout de route avant, traversant "la moitié de la France" pour certains, plaquant les vacances prévues. L'alerte est tombée jeudi soir au régiment. Le régiment figurait dans les unités en réserve à 72h pour Sentinelle.Sentinelle, ce n'est pas la mission, mais une mission, et les militaires ne les choisissent pas. Selon ce capitaine qui commande l'ERI de son régiment, le personnel est enthousiaste à l'idée d'en être et de répondre à l'appel du président de la République. Sur les rangs, pas d'enthousiasme visible sous les masques, juste les gestes professionnels, sans un bruit ni commentaire.
Le CEMAT leur a dit l'essentiel il y a quelques jours, dans une lettre que j'ai publiée hier sur mon compte twitter. Le général Burkhard y rappelle l'exigence de la mission, la confiance du chef des armées. Et la nécessité pour ceux qui n'en sont pas, de continuer à préparer la suivante.
A Brétigny (reportage photo et vidéo sur mon twitter @defense137), dans un ancien hangar qui vit passer certains des plus secrets des prototypes français, un circuit a été formé par une dizaine de personnels du SCA. Pour eux aussi, le préavis est court, mais en fait, procédures et lieux sont rodés. C'est ici que les unités de Sentinelle qui arrivent en Ile-de-France viennent percevoir leur lot d'équipement spécifique (et le rendre, deux mois plus tard). Les plaques balistiques ouvrent le circuit, suivies par la la gazeuse, le bâton télescopique, la protection NRBC (masque, cartouche, tenue de protection) et un ersatz de trousse médicale. Ici, pas de morphine, car on estime que le secours arrivera vite sur place. Seulement le garrot tourniquet, le pansement compressif, et deux paires de gants. Un auxsan et une infirmière du 9e CMA de Toulon s'assurent de l'intégrité du lot d'un mandat à l'autre, mais cette mission n'est qu'une parmi les autres : assurer les besoins éventuels en instruction, et faire la médecine habituelle, des bobos aux cas suspects de covid dans la troupe.
Les militaires reçoivent leurs packs, et le matériel part dans des GBC180, vers les bases mères. Aucun militaire ne communique sur son régiment d'appartenance, même si l'EMA a listé, vendredi soir, une partie des régiments concernés. Pas d'infos sur les lieux d'opérations non plus ni les modalités de déploiement. Manifestement, des consignes très strictes ont été données, même si les bérets en disent évidemment beaucoup pour ceux qui savent les reconnaître, constate le capitaine des cavaliers.
Après leur passage en début d'après-midi dans la chaîne du SCA, d'autres cavaliers venus du sud de la France devaient leur succéder. A Paris, ils retrouveront des tringlots et des légionnaires, reconnaissables à leur méticulosité et évidemment, à leur béret vert qu'ils arborent en patrouille.
Mes infops et photos sur le twitter @defense137.
La lette du CEMAT aux chefs de corps, diffusée hier sur mon twitter.