un simple tweet que la France vient d'avoir son zero dark thirty en neutralisant le chef d'Aqmi.
En fait, le 3 juin, deux jours plus tôt.
Pourquoi l'information sort-elle à ce moment-là, et pas plus tôt, ou surtout plus tard, ce qui était le choix initial du minarm ?
J'avoue que cet aspect m'a plus interpellé que la totalité de l'information et comme à chaque fois qu'on cherche, on trouve.
En fait, plusieurs média traquaient l'information depuis quelques heures pour l'un (l'agence France Presse, qui alimente les médias en informations brutes), étaient dans la confidence ou allaient l'être pour un nombre réduit d'autres.
Une valorisation média était peut-être prévue : les weekends peuvent y être propices.
Seulement, vendredi, tout s'accélère. Le minarm a connaissance que l'AFP sait, et toutes les prévisions tombent à l'eau. Avant même le tweet du minarm, écrit sous la pression d'un média, à 22h06, l'AFP a déjà fait un travail de journalisme, en annonçant l'information.
A ce stade, il est vraisemblable qu'il n'y a plus, et depuis longtemps, de Français dans la zone incriminée.
L'identification formelle est aussi réalisée : on saura même quelques minutes plus tard que le chef de la propagande d'AQMI était dans le convoi.
Pas sûr pour autant que les éléments récupérés sur place aient tous pu être valorisés : cela prend du temps.
A 22h06, un premier tweet est émis. Mais à la demande d'information de nombreux médias, à cette heure, rien d'autre de disponible. La DICOD explique à 22h22 qu'un communiqué de presse est en cours de rédaction : transmis à la presse à 23h18, il ne reprendra en fait que les éléments des tweets fusionnés.
Plus tôt, à 23h18 (1), la plupart des media qui travaillaient à cette heure vendredi avaient déjà rendu leur copie.
C'était le cas pour ce blog. Qui a produit trois autres posts sur le sujet depuis.
En 2020, les actions militaires se jouent en une fraction de secondes, par alignement de fenêtres.
Pour les média, c'est pareil, en quelques secondes, en minutes. Une information tient la une quelques heures, parfois moins.
Un tweet est noyé dans la masse des autres en quelques minutes, mais il peut aussi devenir viral. Un article en ligne tient plus longtemps (mais l'info ne figure pas sur le site du minarm par exemple). Dans les média, la règle du "une actu chasse l'autre" est souvent valide.
Dans un univers marqué par l'absence de repères et d'expertise, manquer de "faire briller la monnaie" ne peut qu'avoir un effet de banalisation des actions militaires, qui le sont rarement.
(1) Depuis lors, la com du minarm n'a pas transmis de nouveaux éléments. Pas de photo, de film. Pas de point presse. L'information a été relayée par contre aux comptes gouvernementaux Français aux USA (qui ont eu leur place dans l'opération du 3 juin, et qui menacent de retirer leurs moyens) et CNN en a même finalement parlé, après qu'un responsable gouvernemental a évoqué la participé US.
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