Quelques ministres de la défense ont planché le sujet, mais aucun n'a jamais véritablement fait
évoluer la structure de communication du ministère des armées, depuis la création de la DICOD.
La ministre des armées audite actuellement cette fonction, que son directeur de cabinet adjoint veille, entre autres sujets, depuis un certain temps. Les responsables de structures de communication ont d'ailleurs planché face à lui, il y a quelques jours, dans un exercice inédit dont la perspective a fait flageoler quelques jambes. Il est vrai que les effectifs donnent parfois le tournis, quand on les compare à l'effet produit, d'où la décision prise de tailler dans les effectifs.
La réunion, dont l'existence est reconnue par l'entourage de la minarm, est néanmoins présentée comme une réunion de routine. L'existence d'une volonté de tailler dans les effectifs est également contestée.
Il n'en est rien : si le grand oral des différents acteurs n'avait effectivement rien de décisionnel pour la suite, la tendance est là, le minarm veut faire avec moins, sans préciser encore ce qu'il veut faire au juste. Les protagonistes ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, chacun préparant activement indicateurs et exemples de communication de crise (qui remontent, c'est un des problèmes qui biaise de facto cette volonté de réduire la filière) ou d'exercices de com planifiés.
Il est vrai que les armées ont fondu de 50.000 postes ces dernières années, et que la réduction de la fonction com n'a pas forcément été homothétique. C'est un vrai argument -celui, notamment, du directeur adjoint de cabinet-, mais il est difficile de la plaquer puis de passer au scalpel tout ce qui dépasse. Même s'il est vrai que les armées sont à l'os (notamment du fait de manque de vocations), ce n'est pas encore vraiment le cas pour l'intégralité de la filière com, avec des situations très différentes.
La réalité -ce blog le répète depuis des années- est plus complexe : la com a, comme les armées, ses personnels très aguerris (1), que ce soit sur le terrain, ou dans la connaissance des logiques de communication de crise.
Il faut aussi le dire au passage, cette expertise n'est pas toujours forcément bien reconnue, dans l'avancement, ou dans la prise de responsabilités, les brevetés étant systématiquement privilégiés (2). La gestion des carrières com n'est pas toujours non plus bien prise en compte, certains profils de militaires étant arbitrairement mutés en dépit du bon sens.
Et, il faut le dire, la filière héberge encore des scories, plus ou moins marquées selon les structures.
La DICOD en a longtemps été l'illustration, mais de 170, elle a fondu à peine 110 hommes et femmes. Depuis plusieurs mois, elle se restructure même si les "éléments de langage" privilégient un autre verbe. Même si sa directrice se défend de civilianiser la structure en expliquant recruter les profils qui lui conviennent, dans les faits, depuis son arrivée, les recrutements ont surtout porté sur une dizaine de civils issus du privé (Nexter, TBWA, ...) ou du public (SIG, LCP-AN, ...). La ministre est venue en personne à la DICOD, prendre la température, il y a quelques semaines (comme Jean-Yves Le Drian avant elle), signe de l'intérêt qu'elle porte au sujet.
La presse est invitée ce jeudi à la DICOD pour tenter de comprendre les évolutions en cours de la structure, qui a mis dans le même paquet les journalistes et les influenceurs (une confusion qui énerve les premiers), désormais très courus, sans aucune forme de complexe. Le destin d'Armées d'Aujourd'hui sera aussi peut-être éclairé : la revue interne est en sommeil depuis l'été, et son retour était annoncé pour le début de l'année. Il semble que ce retour glisse un peu. Les premiers éléments de tendance évoquaient une réflexion pour un contenant plus luxueux mais moins régulier, et un contenu plus marqué vers l'opérationnel. Qui est, rappelons-le, la finalité des armées.
Où trouver des scories ? Que sont des scories ? Est-ce la vocation de la DRM d'avoir deux postes budgétaires de com (et un de réserviste) dans la communication, alors qu'elle ne communique pas ? Le SGA (rarement présent au point presse du minarm), comme de très nombreux services interarmées (parfois improbables) doivent-ils conserver leurs postes alors qu'ils ne communiquent quasiment pas (ou pas du tout) vers l'externe ? N'aurait-il pas été utile d'interroger les journalistes (qui justifient, de fait, l'existence de la filière) pour recueillir leurs avis ? Sans doute des éléments de réflexion à méditer, avant d'aller tailler dans le muscle.
(1) ces derniers mois, quatre personnels de la filière se sont servis de leur arme pour se protéger ou protéger leurs proches, vraisemblablement à Barkhane.
(2) ils sont quatre à l'EMACOM par exemple, pour une vingtaine de personnels.
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