Des effectifs de l’opération Sentinelle vont être affectés à des gardes statiques ce samedi pour libérer
de l’effectif du ministère de l’Intérieur a-t-on apperis en sortie de conseil des ministres, ce mercredi.. Ce boulet à la patte, en forme de défense ferme autour des institutions, est un retour à la situation qui avait prévalu jusqu’en 2018, quand Sentinelle était peu mobile.
Un militaire de l’armée de terre ne peut pas interpeller un émeutier, un policier ou un gendarme si (1), c’est ce qui explique ce transfert le temps d’un samedi (c’est en tout cas la version gouvenrementale). La possibilité avait été évoquée en début de crise des gilets jaunes. On avait déjà, de fait, et ponctuellement, vu refleurir des militaires à des endroits où on ne les voyait plus en statique, à Paris en tout cas.
La question nouvelle, c’est de savoir quels sites seront concernés samedi, pour quels modes opératoires, et si sur ces positions, Sentinelle sera la seule présente (ce qui serait dangereux).
Imaginons par exemple un dispositif Sentinelle isolé à l’arc de Triomphe. Que pourra-t-il faire contre des émeutiers alors qu’il ne dispose pas forcément d’armes à létalité réduite, et qu’il n’est pas formé pour ce genre d’opération ?
En effet, lorsque l’armée de terre peut être amenée, sur un théâtre, à rencontrer des problématiques de contact avec la population ou des groupes violents, elle reçoit préalablement la formation idoine sur les équipements et l'instruction sur les modes opératoires nécessaires.
Or, on le voit bien sur ce qui se déroule à Paris depuis bientôt 20 semaines, même des unités spécialisées, optimisées contre des émeutiers ont déjà beaucoup de mal avec un équipement et des tactiques qu’elles maîtrisent totalement. On ne voit pas trop bien comment l'armée de terre, dont ce n'est pas la spécialité, pourrait faire mieux.
Parmi les risques, celui de blessés voire de morts parmi des militaires mal formés et équipés pour se protéger contre les tactiques des émeutiers (pas de tenues non ignifugées, pas de casques à visière en nombre suffisant, pas d'armes à létalité réduite, etc). La nature des unités actuellement déployées ne permet pas non plus de se convaincre qu’elles ont toutes eu une expérience préalable dans ce genre de situations.
Le risque de vols d’armes est aussi patent, ce qui est déjà arrivé depuis la fin novembre dans les rangs des forces de sécurité intérieure.
Il est par contre très étonnant que pas plus de moyens de projection d’eau ne soient pas mobilisés pour repousser et décourager les émeutiers. Si le parc de la préfecture de police reste étonnamment assez modeste et sous-utilisé pour celui qui peut fonctionner, il faut rappeler que ce n’est pas forcément le cas de celui des armées, mais aussi des… pompiers de Paris. A moins, évidemment, qu’on ne souhaite pas brouiller l’image.
Si l'objectif est vraiment de ne pas brouiller l'image, pour les Français et les touristes étrangers (les présents, et les derniers qui n'ont pas encore été découragés par les terroristes et les casseurs) on peut déjà s'interroger, sur l'effet produit par des militaires postés devant les institutions.
(1) 12 unités mobiles étaient consommées ce samedi par la garde de l’ilôt Beauvau Elysée et Assemblée nationale, dont Laurent Nunez a rappelé hier au Sénat face à la commission des Lois qu’elle avait été très régulièrement ciblée par les émeutiers.
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