Depuis longtemps, l'armée de terre proclamait qu'elle ne changerait rien, mais la constance de la
ministre dans sa position de donner autant de chances aux femmes qu'aux hommes a dû faire réfléchir.
Devant les parlementaires, le CEMAT a donc livré la nouvelle position de l'armée de terre, dans laquelle tous les mots comptent désormais, d'où ce long in extenso (je me suis permis de placer en gras quelques passages) : " (...) dans ce compartiment de terrain de la « hauteur d’homme », enfin, je souhaite mettre en œuvre dès 2019, avec la ministre des Armées, un plan de mixité et d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce plan réaffirmera d’abord un principe simple, républicain et universaliste, selon lequel le service des armes est indifférent au genre, comme il l’est à la couleur de peau ou à la religion, parce que sa finalité première est de rassembler des soldats dans une organisation soudée, efficace et résiliente pour affronter le combat. Dit autrement et de manière compréhensible par tous les soldats : « militaire, au féminin comme au masculin, s’écrit ‘militaire’ ».
Les femmes doivent pouvoir réussir dans l’armée de terre, non pas parce qu’elles sont des femmes, mais en vertu de leur volonté et de leurs mérites. Comme le disent les marines américains, gender is irrelevant, performance is key : qu’importe le genre, seule compte la performance. Il ne faut pas que leur identité féminine soit pour les femmes un handicap professionnel. C’est pourquoi ce plan, conduit par le directeur des ressources humaines de l’armée de terre, se traduira par des mesures destinées à valoriser la place des femmes dans l’armée de terre. Une femme ne doit plus avoir le sentiment qu’il lui faut davantage faire ses preuves qu’un homme pour faire reconnaître sa compétence et sa légitimité. En outre, des mesures viseront à accompagner les femmes afin qu’elles équilibrent au mieux leur vie professionnelle et leur vie personnelle, notamment à l’âge où elles peuvent avoir la volonté d’avoir des enfants.
Evidemment, pour autant que ces déclarations soient suivies d'effets, c'est une très forte évolution qui vient d'être arrêtée. A cela, plusieurs constats : il est très difficile de se priver de 50% de l'humanité, alors même que l'attrition reste très élevée dans l'armée de terre, au-dessus des objectifs fixés par l'EMAT. En outre, les femmes qui devraient pouvoir venir dans l'armée de terre n'y viennent pas, il y a donc un clair problème d'image.
Enfin, les cadres prometteurs abandonnent leur progression en cours de route, pour ce qui n'est pas toujours le résultat de choix personnels. Même si certaines arrivent au sommet, sans que rien ne leur ait été épargné non plus (1). C'était donc possible, mais au prix d'efforts qu'on aurait sans doute pas demandé à un homme. CQFD.
(1) L'EMAT a confié un de ses domaines prioritaires à un de ces profils il y a quelques mois.