Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame n'a pas survécu au(x) tir(s), livrant son dernier combat dans
un vie entièrement dévouée à son pays. Il laisse une conjointe, Marielle.
Né le 18 avril 1973, il a servi sous le drapeau pendant 22 ans puisqu'il commence sa carrière le 1er novembre 1995 comme officier de réserve à l'école d'application de l'Artillerie à Draguignan (83). Il est fils et petit-fils de militaire.
Il se classe "parmi les meilleurs de sa promotion à sa sortie, en mars 1996" rappelle ce matin dans un message toutes tes unités le directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey.
Aspirant, il prend en charge une section 35e RAP, puis migre au 8e RA où il commande une section d'observation comme ORSA.
Il intègre l'EMIA en 1999, dont il sort major de la promotion "Campagne d'Italie" en 2001.
Le général Lizurey rappelle des extraits du dossier de l'époque : « Courageux, il se bat jusqu’au bout et n’abandonne jamais ». Là où ses cadres mettent en exergue son « esprit résolument offensif face à l’adversité ». Comme beaucoup de majors, il choisit la gendarmerie. A Melun, il est à nouveau major de la promotion "capitaine Gauvenet", en 2002.
Il est affecté au Groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM) de Versailles où on lui confie un peloton de VBRG à l'escadron de gendarmerie mobile 16/1.
Il prépare en parallèle les tests de l'EPIGN qu'il réussit en 2003.
Il fait partie des sept gendarmes retenus qui aboutissent, parmi les 80 candidats de la session, rappelle ce matin le président de la République dans son propre message. Arnaud Beltrame décroche le brevet n°470.
Il réussit aussi le stage chuteur opérationnel en 2005. Un de ses coreligionnaires du CPA 20, qui partage alors son quotidien pendant trois mois et demi passés à Pau évoque un officier "très discret, très humble, posé, calme. Un mec brillant".
Il est alors commandant en second de l'EPIGN, et prend son lot de missions, comme c'est le cas en Irak, où l'EPIGN mène alors une de ses missions les plus risquées de son histoire : la protection de l'ambassadeur de France.
Richard Lizurey écrit : "Il conduit ainsi, au péril de sa vie, une mission complexe de récupération d'un ressortissant français menacé par un groupe terroriste, qui lui vaut d’être décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade".
Un de ses anciens chefs de l'époque décrit un "officier très imprégné de sa mission, de ses valeurs de sacrifice.
Son temps de commandement, il doit quitter l'EPIGN en 2006 pour la Garde républicaine, comme commandant de la compagnie de sécurité et d'honneur du 1er régiment d'infanterie de Nanterre. Il sera présent, néanmoins, en 2007, à l'escadron para, pour la dissolution de l'unité, désormais intégré dans un GIGN plus englobant.
Le DGGN rappelle les mérites de son subordonné : "Il met au service de la sécurité du Palais de l’Elysée ses grandes compétences en matière de sécurité-protection et veille, par un engagement soutenu, à maintenir son unité à un haut niveau d’excellence. Il se distingue à de nombreuses reprises qui lui valent d'être récompensé par le commandant du régiment et le directeur général de la gendarmerie."
Le 1er août 2010, il commande la compagnie de gendarmerie départementale d'Avranches (50), prenant la tête de 155 gendarmes.
Un MBA d'intelligence économique en poche, il est retenu en 2014 pour servir au ministère de l'Ecologie comme conseiller du secrétaire général. A l'été 2017, il rejoint le groupement de gendarmerie départementale de l'Aude. C'est ce qui l'amène à être rapidement sur place à Trèbes, hier, et à ne pas hésiter à se substituer à une otage. Laissant son téléphone ouvert, il permettra au dispositif du GIGN d'intervenir.
Il a été décoré de la Médaille d'or de la défense nationale en 2009, trois ans après avoir reçu la médaille d'Honneur des Affaires Etrangères, échelon argent. En 2007, il avait aussi reçu une citation à l'ordre de la brigade comportant l'attribution de la croix de la valeur militaire suite à son engagement en Irak. Il avait reçu l'Ordre National du Mérite en 2012. Mais on le sait -c'est un sujet ancien à l'EPIGN-, ses mérites n'avaient pas forcément été distingués comme cela peut l'être ailleurs.
"Par son geste héroïque et son sacrifice, en toute connaissance du danger auquel il s'exposait, il est allé au bout de son engagement de soldat et de gendarme. Au nom de la Gendarmerie et mon nom personnel, je lui exprime toute notre reconnaissance et notre admiration. Son sacrifice nous rappelle la valeur de l'engagement qui est le nôtre au quotidien, pour protéger la population" a conclu ce matin le général Lizurey dans son message.