Florence Parly a mis sur orbite ce matin à Evreux (Eure) le troisième étage de sa fusée ministérielle,
chargé d'un dossier complexe, délaissé par ses prédécesseurs : le maintien en conditions opérationnelles. Le fond du problème n’étant pas tant une question de moyens (4 MdEUR en 2017 quand même, +25% en 5 ans) que l’organisation, qui n’a pas mobilisé toutes les énergies, ces dernières années.
Exemple, le coût de l’heure de vol de Caracal a pris 81% entre 2012 et 2016, alors que le taux de disponibilité chutait dans la même période.
Le ministère s’interroge aussi sur le nombre excessif de contrats Tigre en oubliant peut-être un peu vite que c’est bien le ministère qui a imposé ce système au SIAé (qui devrait conserver son rôle central) et à Airbus (qui n'a pas été à la hauteur tout le temps). Bref, comme il faut le dire, les torts sont très largement partagés. beaucoup de verrues persistent dans le domaine des hélicoptères, sans lesquels pas une opération ne peut être réalisée, au profit des forces terrestres, aériennes, maritimes.
C’est bien connu aussi, la dilution des responsabilités amenait chacun à goberger sur le chantier réalisé par l’autre, mais au final, les progrès ont été assez minimes depuis qu’un CEMA se fâchait tout rouge en constatant que Barkhane n’avait pas de quoi générer des effets de surprise contre les GAT, faute d’hélicoptères, avant l’opération Meolans, en 2014.
Les chutes de taux de disponibilité sont la résultante de ce landerneau pas très bien organisé, mais aussi d’un sur-emploi chronique. L’outil n’a en fait jamais respiré.
Le nouveau CEMA, le général François Lecointre, a déjà obtenu, de fait, qu’une pression moindre soit exercée sur les humain(e)s et les matériels servant la France en opérations intérieures et extérieures. Il aura la responsabilité de la nouvelle direction de la maintenance aéronautique (DMAé) créée le 1er mars prochain sur les bases de l’actuelle SIMMAD (déjà interarmisée). A ce stade, on ne mesure pas bien ce que ce changement de nom doit changer. Même si on comprend que le chef n'est plus le même.
L’autre levier, et c’est le prochain chantier, décider où placer dans la prochaine LPM où placer le curseur pour anticiper la modernisation des forces armées, et avec des matériels dont le MCO ne soit précisément pas une usine à gaz, qui fasse re-sombrer les armées dans le marigot. Pour dégager des marges de ressources, pas le choix : il faudra décaler la modernisation des forces nucléaires. Un énorme tabou, et sans doute un lobby plus puissant que celui des acteurs du MCO.
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