Les Français qui ont voté ont envoyé à l'Elysée Emmanuel Macron (39 ans), qui sera dans quelques
jours le chef des armées. Il est aussi et de loin le plus jeune jamais élu, et comme le constate Didier Chalumeau sur son twitter, c'est le premier à ne pas avoir fait son service, ou d'avoir servi dans l'active. Ce qui peut, aussi, être un atout, et en tout cas, n'empêche pas de comprendre ce qu'on a sous les yeux : dossiers, situations, personnels.
Pour l'heure, les rares militaires croisés par Emmanuel Macron sont ceux de la base aérienne projetée de Jordanie, remplie d'aviateurs : c'était le 25 janvier. Mais il connaît aussi le secteur de la défense, notamment aéronautique. En présentant son programme défense, il avait cité une entreprise (et une seule), Dassault Aviation. Et n'avait pas boudé son plaisir, au Bourget 2015, prenant une bonne demi-journée pour rendre visite aux grandes comptes, dont le précédent, mais aussi Safran et Airbus.
Comme chef des armées, il détiendra donc le feu nucléaire, et devra choisir un(e) premier ministre en charge de la conduire la politique de défense de la Nation. Ce choix devra être confirmé par les élections législatives.
A court terme, à son arrivée à l'Elysée, il prendra ses premières informations de son chef d'état-major particulier, l'amiral Bernard Rogel, 61 ans. Ce dernier doit l'informer sur les implications concrètes de son nouveau poste en matière de dissuasion nucléaire, un sujet que connait bien l'ancien pacha de l'Inflexible, mais aussi ancien chef d'état-major de la marine (jusqu'à l'été dernier).
Incollable sur les opex, Bernard Rogel l'est aussi après son passage à l'EMA (dircab puis sous-chef opérations) : il devra briefer le nouveau chef des armées sur tous les dossiers du moment, sur le territoire national, et à l'étranger. Bernard Rogel a un mandat qui le pousse jusqu'à l'été 2018, auquel Emmanuel Macron peut ne rien changer. Le poste très prisé de CEMP attire forcément l'intérêt d'autres officiers généraux, j'en vois au moins deux issus de l'armée de terre.
Dans le sillage d'un président on trouve toujours, aussi, un sherpa : ce pourrait être un costume bien taillé pour Jean-Claude Mallet, rédacteur de livre blanc, ancien patron du SGDSN et encore conseiller spécial de JYLD.
Assez rapidement, Emmanuel Macron aura en face de lui le CEMA, qui a milité, ces derniers mois, pour un relèvement des ressources budgétaires (qui en ont bien besoin), avec l'assentiment du cabinet de JYLD. On ne sait pas encore comment son désormais supérieur a pris les écrits du général qui plaidait pour une croissance rapide du pourcentage de PIB. La où celle prônée par le nouveau président est plus lente. Pierre de Villiers souhaitera-t-il poursuivre sa mission, Emmanuel Macron souhaitera-t-il, comme il l'a dit, imposer des personnalités nouvelles autour de lui, à Brienne, et dans les états-majors (à la tête de la DGA ?). Des réponses à venir dans les semaines qui viennent.
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Emmanuel Macron à bord de l'Atlas au Bourget 2015. Photo JMT