Par nature, les opérations portent une part importante de secret, puisque dévoilées trop tôt, elles
peuvent compromettre la vie de militaires français. Et, au passage, le succès ou non des opérations en question. Contrairement à la veine que développent parfois certains commentateurs, les journalistes ne sont pas des irresponsables libertaires. Chaque journaliste suivant le domaine est régulièrement en butte à ce dilemne, qui n'a rien de simple, surtout dans l'univers concurrentiel que connaît la presse depuis des années. Rien n'est écrit, chacun arbitre, souvent en solitaire.
Mais parfois, les secrets arrivent du système lui-même. Et tout ne se passe pas sur la passerelle des arts, entre 3h25 et 3h30, mais aux heures de bureau.
On peut se rappeler par exemple qu'une enquête de la DRSD avait cherché à comprendre comment un quotidien avait pu savoir que la France livrait des armes aux insurgés libyens, en 2011. Au quotidien, personne n'avait perdu son carnet de bal, mais par contre, l'unité chargée des livraisons en question avait eu droit à un débarquement en règle de la DRSD (encore nommée à cette époque DPSD).
Une injustice manifeste : quel aviateur pratiquant de telles livraisons serait assez inconscient pour les évoquer, à un média, en plus ? Je ne me souviens pas qu'on ait brûlé l'auteur de la fuite.Pourtant, vu la nature de la mission et en excluant les acteurs directs, le nombre de personnes au courant était sans doute facile à restituer.
Une audition d'un DPSD à l'assemblée nationale avait aussi livré une information sur une affaire en cours sur un cas de radicalisation. Les sources ouvertes sont, en fait, un vivier incroyable pour qui a envie de les cultiver (même si ca ne marche pas pour les largages libyens de 2011).
Même une information importante peut se nicher à un endroit qu'on pense anodin : désormais laissée dans le flou, la localisation exacte de la base d'où opèrent les chasseurs en Jordanie avait été livrée par le ministre de la défense. C'était en public, lors de ses voeux 2015.