Le Tigre est un excellent exemple des difficultés actuelles du MCO... et du faisceau de
responsabilités assez diluées. 60 exemplaires ont été livrés, il en reste donc encore une quinzaine à fabriquer. Pour des raisons aisément compréhensibles, le ministre n'a pas souhaité hier donner la dispo de cette flotte. Le dernier chiffre disponible remontait à 2014 : il était de 20%, la cuiller de bois du ministère (1).
2014, c'est aussi le coup de sang du CEMA sur le manque d'hélicoptères, pour bâtir l'opération Meolans. Airbus entend, réforme son dispositif, mais les effets seront -s'il doit y en avoir- sur le long terme.
Il faut néanmoins revenir en 2011-2012 pour comprendre que tout est bien sûr plus compliqué. Prenant à cette époque acte du fait qu'une bonne partie de la flotte était en rétrofit chez l'industriel, l'EMA avait taillé à la serpe dans les rechanges et les capacités des lots de déploiement.
Alors que l'Afghanistan n'était pas terminé, et qu'on le sait, en France, une opex chasse toujours l'autre. Sans laisser le temps au matériel et à ceux et celles qui le servent de souffler.
C'est bien ce qui s'est passé : Serval a déboulé, et si en 48 heures, un premier Tigre était déployé (1) avec le 5e RHC, la suite a encore aggravé les soucis de la flotte. Un Tigre a pris 26 impacts, un autre, à peine moins. Plus tard, un Tigre a été soulevé du sol par une méchante tempête. Bref, l'infirmerie des Tigre s'est remplie assez vite, tandis que côté pièces, on constatait comment dire, une certaine inertie.
Mais c'est assez logique : le secteur privé travaille sur contrat, pas sur la bienfaisance. Donc, l'inertie initiée par la décision de 2011-2012 n'a pas été résorbée en quelques mois. Maintenant, ce sont les appareils qui rentrent du Sahel qui posent problème, car ils ont été exposés à un environnement abrasif. Ils ont fait leur job, mais cela a un coût, en mois de travail, en euros. Entretemps, quelques petits imprévus, comme ces aérateurs qui se sont réalisés cassants à l'usage. A Pau, pas très gênant, mais au Sahel, avec tout ce sable... Il y a eu aussi d'autres soucis sur d'autres parties de la cellule, si bien qu'à certains mandats, les Tigreux étaient, on le comprend, assez aigris.
Et puis les forces n'ont pas été concentrées, dans le MCO, avec pas moins de trois maintenanciers différents, ce qui fait quand même beaucoup : un seul efficace, plus tôt -il aurait fallu mettre les moyens pour cela, aussi- aurait pu suffire.
(1) le ministre n'a pas donné hier de chiffres sur la disponibilité du Tigre -personne ne le lui a demandé, hier en tout cas- mais a priori, une déduction laisse à croire qu'ils seraient une demi-douzaine en opérations, tous au Sahel, dont deux HAD. Sur une flotte de 60, ce n'est donc pas beaucoup...
(2) alors que rappelons-le, deux Tigre du 4e RHFS avaient évité à une équipe de la DGSE de gros ennuis en Somalie.
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