Face aux députés, Laurent Collet-Billon s'est avéré très précis -et inquiet- de l'état budgétaire de la
Défense, tout en plantant aussi quelques banderilles, notamment en matière de MCO, un sujet donc la DGA a été dépossédée il y a une quinzaine d'années.
Le plus ancien en poste des collaborateurs du ministre a d'abord rappelé que les besoins de piaments actualisés pour le programme 146 (équipement des forces) étaient estimé à 11,5 MdEUR, un milliard de plus que les... ressources.
Le DGA a aussi sonné le tocsin sur les conséquences néfaste des gels de crdits, alors même que la France est en état d'urgence, et ses armées très (sur-) déployées. "Le niveau sans précédent de ces gels de crédits conduit aujourd’hui même à une rupture de paiement, c’est-à-dire que depuis ce matin, les demandes de paiement que nous émettons vers le comptable ne sont plus couvertes en crédits de paiement. Cela arrive un peu précocement, car, l’an dernier, nous n’étions dans cette situation qu’à la fin du mois d’octobre. Je compte sur la représentation nationale pour nous aider à obtenir de Bercy le dégel de la réserve."
Il a aussi fait part d'une forme de scepticisme sur la capacité d'Airbus à tenir les promesses de livrer 6 avions au standard d'ici la fin de l'année : "Nous allons sortir d’une situation pénible. Cela permettra-t-il à M. Enders de respecter son engagement vis-à-vis du ministre à la fin de l’année ? Il reste encore deux mois et demi pour le savoir (...)
Il faut que l’industriel trouve les moyens d’assurer la production au rythme prévu dans le contrat, dans des conditions de qualité normales. Or, aujourd’hui, nous ne sommes pas certains que le rythme sera celui qui est attendu par les nations".
Laurent-Collet Billon a réservé le gros du morceau pour la fin, rebondissant sur les questions des députés, qu'on a vu particulièrement soucieux dans les auditions (Gwendal Rouillard pour la marine, François Lamy pour l'armée de terre). NHI a été le premier à prendre une rafale : "Je ne suis pas responsable du MCO des hélicoptères, et ce depuis une quinzaine d’années. Cela dit, NHI n’est pas réputé pour être un industriel particulièrement performant.
- M. Gwendal Rouillard. Que faire ?
- M. Laurent Collet-Billon. La réponse traditionnelle, quand l’industriel n’est pas à la hauteur, c’est d’essayer de former un des ateliers industriels de l’aéronautique (AIA) à l’entretien de l’appareil. Il se trouve que les performances des ateliers sont variables. Par exemple, l’AIA de Bordeaux est très performante et nous pensons que cet AIA aura une activité de soutien de moteurs d’avions exportés. Les AIA de Clermont-Ferrand et de Bretagne fonctionnent très bien également.
La question de fond, dans l’entretien du matériel, est toujours la même : au bout de combien de temps l’industriel se désintéresse-t-il d’un matériel qui n’est plus fabriqué ? En l’occurrence, pour le MCO des hélicoptères, l’industriel semble s’être déjà désintéressé du produit, comme le montre sa performance insuffisante, et il faut anticiper autre chose. Cette difficulté a été aggravée par la structure même de NHI. Il y a certainement beaucoup de progrès à faire dans le MCO des hélicoptères."
Le ministre de la défense, souvent très pondéré, n'a pas caché sa colère de voir les faibles performances du soutien pour les hléicoptères, mais aussi l'ATL2, en ligne directe des propos qu'il avaient déjà tenus en septembre chez Sabena Technics, mais aussi en retour de plusieurs déplacements au Sahel.