Il aura fallu 17 morts civils et une mobilisation sans précédent (mais prévue dans le LBDSN) de
Vigipirate pour que les interrogations sur le format gagnent jusqu’à la tête de l’exécutif. Ce blog l'a exprimé à plusieurs reprises ces derniers mois et encore ces derniers jours.
François Hollande a annoncé une réflexion rapide sur le ralentissement de la baisse des effectifs militaires. Il a demandé des propositions à son ministre de la défense, elles doivent être rendues d’ici la fin de la semaine. On comprend mieux les coups de serpe donnés dans l’emploi du temps du ministre cette semaine.
Le président dit vouloir trancher lors d’un conseil de défense, mercredi prochain.
On comprend la pensée présidentielle : plusieurs voix, notamment sur ce blog ont exprimé depuis des mois le besoin de stopper la baisse des effectifs (1). Un manque d’effectifs pour les OPINT serait une bombe politique, surtout pour le président qui a poursuivi la politique expéditionnaire de la France dans la BSS, en Centrafrique, en Irak. Donc face aux signaux de plus en plus convergents sur l'incompatibilité du modèle, mais aussi l'aberration de 7.000 suppressions de postes dans une année où Vigipirate en consomme 10.000, soit dix fois le niveau normal.
On aurait pu faire cette analyse fin décembre, car la France perdait déjà des postes de militaires, et était déjà ciblée par le terrorisme. Il fallait qu'elle soit frappée, pour que la réflexion avance : paradoxal, là où la défense doit anticiper, et non subir.
L’épée de Damoclès qui planait depuis longtemps sur certains régiments, comme le 126e RI, va donc peut-être changer de cible.
Mais cette annonce est l'arbre qui cache la forêt : Barkhane manque de drones, d’hélicoptères, d’avions de transport. La disponibilité des matériels n’a jamais été aussi mauvaise.
Bref, il y a du pain sur la planche… et des euros à trouver. Car pour l'instant, si le budget est sanctuarisé, il manque toujours 2 milliards d'euros pour l'abonder à son niveau prévu. Un oubli, entre autres, du discours présidentiel.
(1) à l'issue de la communication présidentielle, la présidente de la commission de la défense, Patricia Adam assure qu'au "regard des besoins de protection du territoire national, la révision des moyens de la défense est devenue en effet un enjeu immédiat".