Les manuels d'histoire évoquent le génocide juif, parfois les combats du ghetto de Varsovie. Mais jamais
les combattants étrangers juifs volontaires, intégrés à l'armée française. Une exposition au mémorial de la Shoah, à Paris, tente de réparer cette carence, avec le soutien de la DMPA (direction de la mémoire, du patrimoine, et des archives) et de la... Légion étrangère, puisque la plupart de ces combattants furent intégrés sous le képi blanc, dans des régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE) de 1914 et de 1939-1940.
Dès le mois d'août 1914, ils sont environ 7.500 juifs à se présenter pour l'incorporation comme volontaires, sur la trentaine de mille alors recensés à Paris. 4500 seront finalement intégrés. Ils sont notamment dirigés, pour se former, dans des dépôts, dont celui de Cercottes (Loiret) qui accueille 2000 étrangers.
Parmi les 32.000 étrangers intégrés à partir de 1914, 6.000 seront des juifs. 4.900 perdront la vie.
En 1939-1940, on retrouve les juifs agrégés aux volontaires étrangers au sein des "régiments ficelles" car ils disposent de peu de matériel pour combattre. Ils figuraient parmi les groupes les plus importants, devantles anciens Républicains espagnols.
Entre autres, l'exposition rappelle l'importance des RMVE pour bloquer l'attaque allemande de 1940, ou l'action de la 13e DBLE en Norvège, à Narvik. C'est aujourd'hui le 2e REI qui est dépositaire des traditions de ces RMVE.
Le 23e RMVE fut le seul régiment de 1939-1940 à avoir tué un général allemand : Hermann Ritter Von Speck, à Pont-sur-Yonne.
Au total, sur 43.000 étrangers incorporés à cette époque, 25.000 auraient été d'origine juive.
L'exposition, qui laboure l'humain, est plus faible sur l'action qui fut menée par ces combattants au sein des forces françaises libres (FFL).
Dans les portraits de combattants étrangers évoqués pour les deux guerres mondiales figurent plusieurs têtes connues, comme Joseph Kessel (1) ou le futur bijoutier parisien Fred.
(1) engagé volontaire en 1916, co-auteur 25 ans plus tard du chant des partisans à Londres, avec Maurice Druon. Et, évidemment, écrivain d'exception.