Il faut attendre la fin du communiqué de sortie de conseil de défense restreint pour l'apprendre : Paris
ne livrera pas les Mistral à la Russie car "les conditions pour que la France autorise la livraison du premier BPC ne sont pas à ce jour réunies" écrit l'Elysée qui ajoute que la situation en Ukraine est "grave"
La situation est donc grave, à plus d'un titre. La France a toujours argumenté sur le fait que les Mistral étaient l'objet d'un contrat entre deux sociétés, française et russe. La décision du jour démontre -pour ceux qui en doutaient encore- que ce n'était pas le cas. Cet été, le président avait encore annoncé que le premier navire serait bel et bien livré, mais que des questions se posaient pour le deuxième.
On le sait, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, mais la Russie, qui avait conditionné le paiement à la livraison des deux navires risque de mal prendre les choses (1).
Et pour autant, cette situation n'a rien d'étonnant car l'OTAN, et peut-être quelques prospects de l'industrie de défense française (la Pologne par exemple) ne devaient pas y comprendre gran'chose.
Cette fermeté française devrait valoir quelques poignées de main au sommet de l'OTAN, en fin de semaine, et par les temps qui courent, ça ne fait pas de mal.
Sur l'autre sujet du moment, le conseil de Défense n'a pas exclu non plus une "réponse (...) si nécessaire militaire dans le respect du droit international" en Irak. Le communiqué évoque "une menace globale qui est devenue grave".
A deux reprises, l'adjectif "grave" a été employé. Pour autant, à aucun moment l'est évoqué le besoin, dans ces conditions, d'effectuer une pause dans les restructurations de défense. Voire même, comme le demande l'OTAN, d'augmenter les crédits de défense.
(1) entre autres exemples, le gaz qui chauffe quelques foyers français l'hiver vient de ce coin-là de l'Europe. Un vrai levier d'opinion... Le député Philippe Meunier (UMP) dénonce, lui, une "irresponsabilité totale" du gouvernement, qui risque de fragiliser des contrats en cours de négociation, et de modifier l'image de la France chez ses clients, actuels ou potentiels. Selon le parlementaire, de telles craintes remontent déjà via les ambassadeurs.