samedi 23 août 2014

Ils l'appellent Pollux

Dans la ligne Maginot de livres qui parsème mon environnement immédiat figure cette petite pépite consacrée
au Transall, dont j'ai appris, assez tardivement je le concède, qu'un de ses surnoms d'origine était Pollux (pour ma part je ne l'avais jamais entendu appeler ainsi). Deux aviateurs militaires, Gérard Pons (1) et Hervé Bertrand se sont chargés de coordonner les textes tandis qu'un aviateur civil, Gilles Bordes Pagès, nourrit le livre de beaux clichés pris ces dernières années.
Les anecdotes et récits qui parsèment ce livre sont excellents, et plongent le lecteur dans la réalité opérationnelle de cet engin d'exception, qui a encore pris du rabiot du fait des difficultés budgétaires de la France. Il restera en service jusqu'en 2023, c'est-à-dire clairement 55 ans après son entrée en service dans l'armée de l'air. Oui, 55 ans.
Parmi le spectre d'opérations évoquées, je retiendrai l'évocation d'un sauvetage de deux paras du 8e RPIMa naufragés sur un esquif de fortune, au large des îles Eparses, le dépannage d'un Transall du Touraine dans le désert libyen en 2011 (2), ou encore l'évacuation de Zouar en juillet 1977, quand les sièges avaient été remplacés par des... chaînes ! La mission vers Bagdad d'un avion de l'Anjou avec un seul panier lance-leurres en état ne manque pas non plus de sel.
Ce livre rappelle aussi quelques unes des occasions dans lesquelles les Transallistes ont reçu leur quota de tirs ennemis, c'est ce qui explique que les croix de la valeur militaires ne sont pas, dans le COTAM, des objets décoratifs, comme certains semblent encore toujours le croire...
Le livre recense aussi quelques exploits d'aviation toute simple, comme un convoyage à Nouméa via San Francisco, ou un vol de 24h28 pour convoyer un avion à La Réunion.
Quelques déceptions quand même : pas de missions spéciales à l'horizon, là où l'engagement du Transall n'a pourtant pas manqué d'en connaître. Et pas une seule photo d'archives dans ce livre qui couvre des dizaines d'années de vie.
Peut-être un choix, ou un choix subi. Car on le sait, c'est devenu un casse-tête de trouver des photos historiques (et même des photos tout court) sur l'activité de l'armée française, si quelqu'un peut faire quelque chose pour y mettre bon ordre, qu'il n'hésite pas, car à l'heure du numérique, tout devrait être plus simple !


(1) pilote de Transall, ce moustachu, au propre comme au figuré, a notamment ensuite commandé dans l'armée de l'air les forces françaises à Djibouti et les fusiliers et commandos de l'air.
(2) le récit ne le dit pas, mais l'avion transportait un ministre de la défense lors d'un déplacement officiel en Libye, qui comportait cet a-côté. Le C-160 s'était posé à l'endroit où des largages avaient été réalisés au profit des insurgés, quelques semaines plus tôt. Ces largages avaient été révélés par le Figaro, ce qui avait valu une belle descente de la DPSD à Orléans. Evidemment, il fallait trouver la source des fuites ailleurs.