Toujours prompte à donner des leçons à la face de l'Europe sur la défense, la France n'est pourtant pas
présente à cet exercice majeur, Hot Blade, organisé par l'agence européenne de défense (EDA) à Ovar (Portugal) qui vient de commencer.
Il rassemble 25 hélicoptères (Portugal, Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas, et mêmes les Britanniques, les plus rétifs à l'Europe de la défense !) et pas moins de 3.000 hélicoptéristes : difficile de faire mieux !
Même en cherchant bien dans la liste des observateurs (on a le droit de venir sans ses rotors si on n'en a pas...), pas de Français non plus mais des Suédois, des Brésiliens (!), des Italiens, des Hongrois et des ressortissants du NSHQ (forces spéciales de l'OTAN).
Cet exercice a été monté, à l'origine, pour que les européens développent leur interopérabilité en matière d'hélicoptères, le vecteur qui manque toujours le plus dans les générations de forces des opérations européennes (il n'y en a d'ailleurs aucun dans Eufor RCA...). Quelque part, "Hot Blade" est donc l'enfant de l'Eufor Tchad RCA, une opération qui avait amené à envisager de faire appel à des hélicoptères polonais et russes dans une opération européenne car personne n'en avait dans ses hangars. Pas même l'Allemagne, un des premiers parcs sur le continent...
Cette absence française à "Hot Blade" (1) ne peut pas s'expliquer par le fait que la France est engagée sur les fronts (Sangaris, Serval), car elle l'était bien plus en 2011 (Libye, Côte d'Ivoire, Afghanistan...).
La réalité est bien plus cruelle : le pays qui a inventé l'hélicoptère militaire en Indochine puis en Algérie (avec à l'époque, une marine et une armée de l'air très motrices) n'est plus aujourd'hui capable de régénérer son potentiel,
Ce n'est pas autrement qu'il faut voir le recours à des Fennec de l'armée de l'air en Centrafrique (ils y font merveille) ou de Puma Resco et de Caracal au Tchad, à la place de Puma de l'ALAT. Depuis 10 ans, les hélicoptères (et ceux qui les servent) accumulent les opérations, tandis que les appareils de nouvelle génération arrivent en nombre limité, et avec des coûts de mise en oeuvre bien plus élevés, des chantiers de rétrofits bien plus longs.
La France manque aussi de rotors correspondant aux opérations. Pour ne citer que
les plus évidents, un hélicoptère lourd (les sénateurs et les députés en
parlent sans cesse, sans trouver les euros pour les payer), et un
hélicoptère léger polyvalent armé et blindé. Son achat a été reporté
au-delà de 2020.
Et malgré les jolis rapports pondus à Paris, la réalité quotidienne vécue dans les unités d'hélicoptères est souvent plus déteriorée : les budgets d'entraînements ne permettent pas non plus de s'entraîner au même niveau qu'avant. Et surtout, les standards pronés par l'OTAN ne sont toujours pas respectés.
(1) l'EDA organise des exercices aussi en matière de ravitaillement en vol et de transport tactique. Seul ce dernier es régulièrement fréquenté par la France. Pourtant, on manque aussi d'avions de transport tactique.