Plus d'hélicoptères qu'à Serval, plus de militaires qu'à Sangaris : la France prépare la plus grosse des
opérations de l'année, mobilisant un drone, des chasseurs, des hélicoptères de transport et d'interception, des radars mobiles, des missiles sol-air, un AWACS et même des unités relevant du COS. La France ne va pas lésiner pour que la venue des chefs d'exécutifs du monde entier en Normandie, le 6 juin, se déroule dans les meilleures conditions. D'autant plus que tout cela se fera sous les feux des caméras elles aussi du monde entier.
A quelques éléments près (et encore), l'approche capacitaire et la problématique, qui la détermine, ne sont pas très différentes de celles de 2004 (et avant, de 1994, de 1984, etc). ll faut que la bulle dans laquelle se déplace ces chefs d'état soit totalement étanche, elle est donc précédée de plusieurs autres bulles, plus larges, en mer, à terre, dans les airs. C'est apparemment archi-simple, mais cela change notablement de la gestion du fouin, ou des inondations, qui font en général la joie de l'équipe qui, à l'EMA, gère les opérations intérieures (avec, il est vrai, quelques autres questions plus sérieuses).
Rien ne doit rentrer dans la bulle, d'un modèle réduit (ou d'une tarte à la crème) manié par quelqu'un voulant occuper quelques minutes des médias, à l'avion qui serait détourné pour venir s'écraser à Ouistreham, où se tiendra la cérémonie internationale. Pour tenir ce challenge finalement pas si évident, il faut aussi que les administrations coopèrent et jouent le même concerto : c'est donc, par nature, une opération interministérielle.
L'avantage est qu'il y a peu d'adaptations réglementaires à réaliser. La France réalise en fait cette mission en permanence, en plusieurs portions du territoire sous le pilotage fin du CDAOA, ce sont les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA). Régulièrement, ils font couiner les autres usagers du ciel, mais c'est qu'en dessous, on trouve une centrale nucléaire, un site stratégique, etc. Tout est réglé depuis des lustres : la chaîne rend compte et tire sur un ordre du Premier Ministre (pas moins).
Il y a moyen d'être complet, avec des missiles Mistral et Mamba, des guets à vue, etc.
Comme en opex, un décideur -ici un préfet- ne peut se passer d'images : un drone Harfang du 1/33 Belfort fera donc partie des commémorations (1). Le Harfang connaît la musique, il a commencé sa carrière en survolant le Pape, en 2008.
Comme ils le font à Bangui, les hélicoptères Fennec Masa du 3/67 Parisis peuvent collecter du renseignement, mais avant, en Normandie, ils devront, comme en 2004, assurer la protection rapprochée des sites. GIGN et RAID seront engagés dans la manoeuvre de protection rapprochée, au sol. Dans leur sillage, le groupe interarmées d'hélicoptères, unité du COS qui leur est réservée. Des hélicoptères de formations aériennes de la gendarmerie seront aussi déployés pour la surveillance générale.
Des unités de l'armée de terre seront de la partie, par exemple pour le transport de délégations, la surveillance par équipe cynophile, ou pour du renseignement d'ambiance, du guet. Mais comme dans Vigipirate, ces militaires n'ont pas pouvoir de police : ce seront des CRS et gendarmes mobiles qui se chargeront d'éventuelles interpellations de manifestants perturbateurs.
Mis bout à bout et en n'oubliant personne, le volume de personnel militaire consommé excédera et de loin ce que la France engage pour la plus importante de ses opérations extérieures : la Centrafrique, où officiellement, ils ne sont toujours pas plus de 2.000.
(1) avant le 14 juillet où il sera aussi engagé, et peut-être, le 15 août (70 ans du débarquement de Provence).
Retrouvez ici toute l'actualité des 70 ans du Débarquement : le premier post a été écrit... le 6 juin 2013. Et bien d'autres suivront encore.