Pour la première fois depuis 2008, les 28 vont parler de défense, ce jeudi, lors du conseil européen. C'est
une figure imposée qui peut virer en exercice libre, tant ces sessions sont imprévisibles par nature. Les chefs d'exécutifs sont seuls avec le chef de l'exécutif européen, Van Rampoy. Tout est donc possible, sur la base d'une liste à la Prévert -rédigée par les sherpas- dont tous les ingrédients ne résisteront sans doute pas à l'examen pratique.
Car les Européens ont tous une idée sur ce que l'Europe de la défense ne doit pas être, il suffit pour cela de parcourir ce blog, les exemples pullulent.
Trois gros dossiers doivent être examinés : les opérations, les capacités et l'industrie de défense. Par tradition, on le sait, on s'alignera sur les prétentions de l'état-membre le moins motivé. Ou un quarteron de pays motivés leaderont eux-même la thématique.
Dans le premier domaine, les Européens doivent étudier la possibilité de soutien aux Africains dans les opérations de surveillance et de contrôle des frontières au Sahel. Un décloisonnement des outils européens éligibles doit aussi être examiné dans le domaine des opérations maritimes.
Dans le domaine capacitaire, les Européens ont repris les carences bien connues, dans le domaine des drones et du ravitaillement en vol. A court terme, l'objectif est de faire payer par la commission -qui souhaite s'impliquer sur la thématique des engins non pilotés- l'insertion dans la circulation aérienne générale. Une enveloppe de 50 à 100 MEUR est mobilisable.
Demain, il s'agira de s'engager entre Européens sur un drone MALE à l'horizon 2025. A plus court terme, l'idée d'un club d'utilisateurs européens du Reaper -une idée portée par le Français Le Drian- semble difficile à mener concrètement... pour autant qu'on en attende des résultats tangents.
Pour le ravitaillement en vol, les objectifs sont plutôt modestes puisqu'il s'agit de mutualiser les capacités, à la fois dans le soutien et l'emploi. Mais cela ne générera pas, concrètement, d'achat de capacités nouvelles par rapport à ce que les Etats ont déjà eux-mêmes décidé et annoncé. Par contre, l'élargissement de la communauté de l'EATC (European Air transport command) semble acquise. Dans un premier temps, à l'Espagne, puis l'Italie et la Pologne. Et enfin, la Grande-Bretagne, dans une forme qui reste à définir. On le sait, deux lettres gênent les Britanniques dans l'EATC : le E de "european", et le C de "command".
Le troisième et dernier volet du conseil porte sur l’industrie de défense, c'est celui qui intéresse le moins. Peu de résultats sont à attendre, si ce n’est l’évolution théorique que pourraient suivre quelques pays pour exclure de la TVA certains programmes capacitaires mis en commun. Générant une économie qui serait, de fait, non négligeable.