Plus de 24 milliards d'euros seront consacrés, sauf nouvelle coupes, au MCO dans la prochain LPM et le
député du Var Philippe Vitel a proposé que le ministère prenne pour objectif d'économiser 10% de cette somme. L'élu présentait ce matin le rapport qu'il a co-écrit, sur le suivi des lois de programmation militaire.
"Des marges de manoeuvre existent" assure Philippe Vitel, constatant que le renforcement de la fonction achats va aussi dans le bons sens. Mais il n'a pas détaillé plus avant les voies d'arriver à cet objectif.
Rajouter en permanence des rustines sur des engins à bout de souffle (une mauvaise habitude de l'armée française, notamment dans le domaine des hélicoptères), ou des changements permanents de modèle ne sont sans doute pas, par contre, la meilleure optique. Exemple, entre autres, la France va passer au standard HAD des hélicoptères HAP qui viennent déjà de sortir d'un long chantier de remise à niveau, car ces appareils de première génération ne pouvaient pas être employés en opérations. Il y a encore six mois, cette optique était "totalement exclue" par l'industriel et l'armée de terre. Faute de solution -le programme d'hélicoptère interarmées léger a encore été décalé-, des Alouette III datant des années soixante sont maintenus en vol, comme des tankers notoirement à bout de souffle, donc le MCO tutoierait les 100 MEUR par an.
Il sera néanmoins sans doute compliqué de trouver ces économies (1) car les nouvelles générations génèrent des coûts de MCO plus importants que prévus. Le Caïman Marine, lui, n'a toujours pas réussi à effectuer ses visites périodiques dans les délais contractuels. Entre autres choses qu'il n'arrive pas à faire.
Du côté de l'industrie, qui va être tondue par la baisse des fabrications neuves, on affûte ses propositions. Le patron de Renault Trucks Défense, Gérard Amiel, a fait visiter l'usine de Fourchambault il y a une quinzaine de jours à un responsable de l'armée de terre, et dit avoir des "propositions" à fournir à l'armée de terre en matière de soutien des flottes. Cette usine est une ancienne BSMAT sur laquelle l'industriel assure notamment le soutien des VAB (2).
Eric Trappier, patron de Dassault Aviation, a lui aussi proposé de renforcer l'activité de sa société dans le soutien direct des flottes des armées, fort de l'expérience du soutien de 1000 avions militaires export et de 2000 Falcon. Traditionnellement, l'avionneur n'avait pas assuré le soutien des Mirage, Rafale et ATL-2, confié au service industriel de l'aéronautique (SIAe).
D'autres sociétés, comme Safran dans les moteurs ne cachent pas leur volonté de pouvoir aussi se renforcer dans le MCO France. Déjà des contrats de soutien ont été conclus pour certains moteurs et turbines.
Globalement, un industriel estime qu'il y a "trop" d'acteurs et d'intermédiaires dans cette activité, ce qui expliquerait en partie le coût du MCO.
Néanmoins, le sujet ne passionne pas forcément tous les industriels de la même manière. Si Marwan Lahoud, directeur de la stratégie d'EADS m'a répondu la semaine dernière avoir des projets pour se renforcer dans les services, reprendre le SIAe -sujet qui n'est pas pour l'instant sur la table- ne l'intéresse pas.
(1) par dela le fait, structurel, que les flottes vont se réduire.
(2) RTD assure 20% du soutien des VAB de l'armée de terre, et 30% du parc de ses camions.