Mon article, dans RAIDS 316 : c'était en septembre, et la situation s'est très largement dégradée depuis, alors que plusieurs occasions de juguler les insurgés maliens ont été sans doute ignorées.
Il est parfois urgent d'agir, et le gouvernement français semble donc s'y résoudre. A l'origine de cette conviction, un constat, transmis à des journalistes de défense, ce midi, par le ministre : le Mali peut se désagréger en 48 heures. Les insurgés qui déboulent du nord du pays arrivent de deux axes, Tombouctou et Gao, à bord de 200 pickups, peuplés de six combattants chacun. Même si des combats ont déjà clairsemé un peu les rangs, y compris de nuit : on ignorait que les aéronefs maliens avaient des capacités de combat de nuit... Mais c'est la version officielle.
Ce niveau d'information sur les insurgés peut sembler surprenant, alors qu'officiellement, la France n'a toujours pas le moindre moyen dans cette zone. Mais on reconnaît à Paris disposer de deux bases de renseignement dans la région -c'est un minimum-, et les étoffer depuis 72 heures.
Jean-Claude Mallet a livré le tableau des forces en présence dans la zone sahélienne. Les insurgés disposaient de missiles
sol-air, et d'instructeurs pour se former à leur
maniement. Seuls les moyens français n'ont pas été évoqués dans le détail, ce qui fera
sans doute l'objet d'une communication élyséenne. Cela devrait permettre
néanmoins de nourrir les articles du weekend.
Le ministre a interrompu son déjeuner avec la presse pour répondre au secrétaire à la Défense américain, Léon Panetta. On sait que les Américains ont été régulièrement présents au Mali, notamment pour former les forces locales. Des commandos des Special Force Groups (SFG), désormais dans la main d'AFRICOM sont régulièrement déployés au Sahel. C'est un secret de polichinelle que la France aligne elle aussi son GFS dans cette zone, mais fidèle à la ligne de conduite depuis qu'il est arrivé à Brienne, le ministre n'en a pas dit un mot.
Actualisé, 18 heures : le président vient de reconnaître l'engagement de l'armée française cet après-midi. Il a également rappelé que 6.000 ressortissants français vivent au Mali : autant d'otages potentiels. Son allocution, qui engage formellement la France dans une intervention au Mali n'a pas duré plus d'une minute. La France sort donc d'une opération limitée, fondée sur des forces spéciales et des moyens de renseignement, à un dispositif de plus grande ampleur. Selon des sources convergentes et comme on pouvait l'imaginer, le Guépard, armé par le 2e REP jusqu'au 18 janvier, a été sollicité dans le cadre de ces opérations au Sahel, ainsi que d'autres capacités spécialisées.