Les coups subis par l'armée malienne ont obligé Paris à se résoudre à conduire, pour l'instant seule, une riposte instantanée contre les rezzous qui arrivaient du nord. Comme c'est le cas en Afrique, les moyens pré-positionnés sur le continent, notamment dans le triangle Dakar/Libreville/N'Djamena permettent d'éteindre vite un feu naissant -c'est ce qui s'est passé en RCA-, mais pas plusieurs foyers simultanés contre des adversaires particulièrement résolus et équipés -les insurgés maliens ont des missiles sol-air...-.
Un peu partout sur le reste du continent, ainsi qu'en métropole, des renforts ont donc été préchauffés, hier, ou franchement mis en branle. Le Guépard du 2e REP a été activé à 14 heures, tandis que la base aérienne de Mont-de-Marsan connaissait, elle, une effervescence particulière. Cette base héberge deux escadrons de chasse, l'escadron de reconnaissance 2/33 Savoie qui fournit déjà deux Mirage F1CR au Tchad et pourrait sans difficulté augmenter sa contribution. Mais le deuxième escadron possède lui aussi quelques atouts : le régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen est le troisième escadron de Rafale, aptes aux missions de reconnaissance avec le pod Reco-NG et un panel très large de munitions. Recréé en juin dernier, il n'avait pas participé en tant que tel à Harmattan, même si ses pilotes l'ont fait dans leurs escadrons de l'époque.
Sans même évoquer les quatre entités de forces spéciales basées dans le sud-ouest (1er RPIMa, 13e RDP, 4e RHFS, CCT), qu'on imagine mal rester à l'écart du mouvement général, la base de Pau qui héberge leur commandement (BFST) va aussi contribuer à l'effort, avec des Tigre qui seront ainsi de tous les fronts.
Le volet hélicoptères initial de l'opération au Sahel comporte des moyens de forces spéciales, et devait aussi intégrer six hélicoptères conventionnels (six Puma, deux Gazelle). Mais avec la présence active de missiles sol-air, pas mal d'engins de l'armée de terre risquent d'être disqualifiés d'office (1). Les retards des programmes de rétrofits de nos vieux hélicoptères, les délais de livraison de nos hélicoptères les plus récents, tout comme pour le renseignement, cette opération dans les sables risque de sonner quelques rappels sur nos carences du moment.
Une augmentation de l'activité aérienne nécessitera aussi de très nombreux vols logistiques, pour convoyer des obus de canons et des bombes, des rechanges (réacteurs), de l'oxygène... Comme il y a un an au lancement d'Harmattan, la troisième dimension confirme, pour ceux qui l'avaient trop vite remisée, qu'elle est bien l'arme de la réactivité stratégique.
(1) c'était aussi théoriquement le cas en Libye, même si on a passé outre. Il n'est peut-être pas utile de tenter le diable une deuxième fois, et de ne pas rajouter aux neuf otages des militaires français.