Après TF1, le JDD, Les Echos, Ouest-France, le mindef a répondu cette semaine aux questions du Parisien. On y apprend l'info révélée par ce blog il y a huit jours -le retour mardi des Mirage 2000D- et le retrait, d'ici le 1er août, de 650 des 3.400 militaires d'Afghanistan (1).
Le mindef redit aussi toute l'inquiétude de la France vis-à-vis de la situation au Sahel, sans trop s'étendre sur la suite des évènements. Tabou des tabous du précédent gouvernement, le Sahel est devenu en quelques semaines un habitué des discours gouvernementaux, qu'il s'agisse du Président, du Premier Ministre, et plusieurs fois, du mindef lui-même. Un tel sens de la pédagogie (2), confirmé par l'aggravation de la situation jour après jour, n'a qu'une seule explication, et une seule : un engagement prochain (3) qui pourrait atteindre, assez rapidement, le millier d'hommes (plus que le Liban donc), comprenant un surcroît de moyens aériens, les plus adaptés, vu les dimensions de cette zone (qui taille comme l'Europe). Les Rafale pourraient donc y effectuer leur premier vrai séjour opérationnel, d'une fait d'une configuration complète (reco, panel de munitions étendu, endurance, etc). Tout comme les Harfang, après avoir fourni, le 14 juillet, une source de "ah !" et de "oh !" pour le téléspectateur moyen qui pourra découvrir leur production sur son petit écran (4).
Avec une limite : une mission antiterroriste ne peut se faire qu'avec des troupes équipées et formées pour le faire. Et une bonne partie est déjà consommée par les évènements du monde. En tous les cas, et du fait de l'étendue de la zone à couvrir, les aéroportés sont les invités prédestinés d'une telle opération.
La réalité est cruelle : le Sahel n'intéresse pas grand monde, y compris les pays riverains de la zone qui n'ont pas vraiment réussi à s'accorder sur quoi que ce soit, ces derniers mois.
Si l'on en croit la seule communication du ministère, actuellement, une douzaine d'avions de transport tactique sont basés en Afrique, avec quatre Mirage F1CR au Tchad et des compagnies essaimées un peu partout comme au Gabon (une de marsouins, une de paras) et à Djibouti.
En cas d'action rapide, c'est autant ce dispositif pré-postionné que le Guépard qui aura les faveurs de l'état-major des armées (EMA). Signe qui ne trompe pas, depuis janvier 2011, l'EMA évite désormais soigneusement toute communication précise relative à son dispositif dans la zone, se bornant à évoquer quelques relèves visibles.
(1) Donc, selon mon décompte, la centaine d'aviateurs de Kandahar, la quarantaine des SDTI, la soixantaine du COP Uzbeen, et vraisemblablement, une partie, déjà, du GTIA Kapisa.
(2) lors d'une précédente expédition au Sahel, le manque de pédagogie des politiques n'a pas été bien compris par l'opinion publique et amené la justice à enquêter. Une enquête qui a sans doute contribué à freiner le mode "action" de certains dossiers sahéliens.
(3) perspective que j'envisageais le 26 juillet 2010. et encore ici ou là. La situation ne s'est pas franchement apaisée depuis.
(4) le besoin en moyens de surveillance au Sahel peut expliquer le retrait a priori incompréhensible des Harfang et SDTI d'Afghanistan, au moment où on en aura le plus besoin -la phase de convois- en Afghanistan. En Afghanistan, nous sommes en coalition, au Sahel, nous sommes (presque) seuls.