Que va devenir la défense ? Avant même d’entrer dans l’exercice du livre Blanc, dont les résultats ne sont pas attendus avant six mois, une série d’évènements va donner de vrais éléments de tendance.
C’est d’abord le collectif budgétaire qui doit sortir dans quelques jours, après l’audit des comptes publics par la Cour des Comptes. On sait que dans le contexte, collectif budgétaire risque de rimer, pour la défense, avec restriction budgétaire. La dernière mésaventure en date, quand la droite avait rogné sur les crédits qu’elle s’était toujours jurée de défendre, l’an dernier. Trois entailles en quelques jours, au nom de la solidarité nécessaire avec les autres ministères comme on a pris l’habitude de le dire… Drôle de façon de tenir les promesses.
La défense y échappera-t-elle cette fois-ci, alors que Martine Aubry et Jean-Vincent Placé ont appelé à aller chercher l’argent où il est, c’est-à-dire à la défense, troisième poste budgétaire de l'Etat ? Avec quelles conséquences, alors que comme me le faisait remarquer un spécialiste du domaine il y a peu, le problème n’est même plus le matériel mais seulement les moyens de le faire tourner.
Pas forcément besoin d’attendre pourtant les conclusions du livre blanc pour lancer des réformes structurelles incontournables, dans le domaine de la formation, ou plus évidemment, de la communication, par exemple. Le précédent cabinet s’était senti violé par le rapport de la cour des Comptes, qui évoquait les inquiétantes dérives budgétaires de ce domaine, et à reculons, avait entaillé le magot de quelque euros. Cette réforme est symbolique et ne gagnera quasiment pas de postes, m’oppose-t-on pour m’expliquer qu’il faut encore temporiser. Mais peut-on parler de réforme symbolique, alors qu’on va à nouveau entailler le muscle, particulièrement dans l’armée de terre ? Il faudra apprendre à faire différemment. Un rapport sur les méthodes de com' de nos voisins, en cours d’écriture, devrait éclairer fort à propos le nouveau patron de la filière.
La source d’économies la plus évidente pour certains, à gauche, c’est de réduire le surcoût des opex (qui ont passé le cap du milliard en 2011), en démontant les engagements actuels. L’état actuel du monde pourrait bien aller contre cette vision un peu simpliste qui veut que la gauche n'emploie pas l'armée française (1).
Mais sans opex, sans séjours, sans prime de services en campagne, l’armée va-t-elle rester si attractive, alors que déjà, une armée utilisée avait du mal à trouver ses soldats dans la société civile ?
Et puis il y a ceux qui sont sur-employés, depuis des années. Commandos des forces spéciales, mécaniciens navigants de l’ALAT, plus largement, tous ceux qui fonctionnent en auto-relève et qui continueront à le faire, fin de l’Afghanistan ou pas. Des spécialités critiques qui n’ont pas encore forcément été valorisées comme telles.
(1) Ce sont en effet des décisions prises par la gauche qui ont amené l'armée française en Bosnie, en Afghanistan et, un nombre incalculable de fois, en Afrique.