Malgré un exercice toujours bordé à babord et à tribord, le patron tactique d'Atalante, le Français Jean-Baptiste Dupuis a reconnu ce matin que les équipes de protection (EPE) privées avaient du bon. Une seule attaque a réussi avec une EPE de ce type à bord, le reste décourageant, en général, les pirates. Y compris les tirs de semonce effectuées par ces mêmes EPE. C'est efficace, mais encore aujourd'hui, une EPE privée française ne peut pas être armée, sur un navire français.
Autre illustration de la privatisation des opérations, 50% des moyens aériens (deux avions sur quatre) sont actuellement opérés par une entreprise privée, CAE Aviation, pour le compte de l'Etat Luxembourgeois. Le patron d'Atalante a constaté, en réponse à ma question, que ces surmar s'intégraient sans aucune difficulté dans le dispositif aéromaritime, et bénéficiaient même de terminaux cryptés. Ils ont notamment guidé une frégate française lors d'une opération de neutralisation. "Mais ces avions ne sont pas armés" a tenu à rassurer le contre-amiral. Certes, mais c'est une belle avancée du privé, ou... un gros recul du public, ce qui démontre bien que les doubles discours, sur l'externalisation, continuent à prédominer.
Le courant n'était pourtant pas le même à Paris, il y a encore quelque mois, quand un représentant du SG Mer stigmatisait les EPE privées, et redoutait que bientôt, "la mer soit couverte de Rambos" (1).
Le contre-amiral français ne trouve qu'un seul effet pervers à ces EPE : trop protégés, les navires sont moins vulnérables, et les pirates, frustrés de ne plus faire la prise, risquent de s'énerver pour de bon, et devenir bien plus radicaux encore.
(1) ce qui n'est pas très gentil pour certains d'entre eux, des personnels qui ont longtemps servi la France.