Même s'il vaut mieux réformer en période de croissance qu'en dépression, le choix qui s'offre à la communication de défense est sans appel : il va falloir trouver (au moins) 7 MEUR d'économies, l'an prochain. Selon un proche du dossier, Bercy était "obsédé" par la volonté de tailler à tout prix (1) dans cette enveloppe nourrie, il est vrai, de 100 MEUR par an, dont 77 MEUR rien que pour les salaires.
Par delà les vérités convenues -et chacun à la sienne-, les voies qui s'offrent sont assez étroites. Les vrais effets de productivité viendront avec le balardgone, car les personnels, placés en plateau, n'auront à faire qu'à un seul service administratif au lieu qu'on en entretienne un par Sirpa. La DICOD, qui doit ainsi arriver à 158 personnels avant le balardgone (effet de la RGPP) pourrait ainsi perdre 30 à 40 personnels supplémentaires. Mais le Balardgone n'arrive qu'en 2014.
Je fais partie de ces rares fous qui militent pour la mise en plateau, dès maintenant, des personnels chargés de relations avec la presse. Cela aurait l'avantage évident de mêler les cultures, et peut-être, que les moins bons puissent s'inspirer des très bons. Quitte à ce que cela les décourage et qu'ils contribuent à la déflation naturelle.
Un confrère de TF1 pestait hier ainsi au point presse du ministère, en déplorant qu'il faille un mois (un mois !) pour lui donner les conditions d'un reportage qui fera cinq minutes au journal télévisé du soir (ce qui est très long). Un tel sujet sur le premier jité de France, c'est bien mieux, et nettement moins cher qu'une campagne de pub, et on se demande encore, d'ailleurs, pourquoi on fait, dans les armées, plus d'efforts pour les cabinets de publicités, ou les réservistes citoyens, qu'on n'en fait pour la presse. Franchement, demandez autour de vous, qui est arrivé à l'armée par une pub télé ?
Passons. Tailler dans les campagnes de pub serait facile et tentant, mais ces cabinets disposent de contrats pluriannuels, difficiles à réduire d'une année sur l'autre sans tracas juridique. Et j'entends déjà la marine rappeler, à juste titre, que l'année où elle a négligé ses écrans de publicité, elle a récolté un recrutement de bien moindre qualité (tout ceci ne s'expliquant pas, à mon sens, par la seule qualité et présence d'une campagne...).
Reste deux variables évidentes : la masse salariale incroyable de cette filière com (77 MEUR) qu'on pourrait qualifier, dans certains endroits, de mexicaine, et les frais liés aux magazines internes de la défense, deux sujets sur lesquels les armées s'arc-boutent (on se demande pourquoi). Dans le premier cas, les armées doivent enfin privilégier les compétences de leurs personnels sans forcément se focaliser à tout prix sur le placement des leurs lieutenants-colonels et colonels (un sujet douloureux, mais que j'ai récemment expérimenté à deux reprises lors de reportages à l''étranger). Pour le dire encore plus clairement, certains postes pourraient être ouverts à des officiers subalternes, qui ont des qualités à défendre, pour peu que les DRH s'y intéressent.
Le maintien de quatre magazines internes, dont pas un seul n'est uniquement centré sur l'engagement opérationnel interarmées -la finalité, et la réalité des armées- a de quoi impressionner, en ce début de 21e siècle. Chacun de ces magazines mobilise une vingtaine de personnels, même si ce blog l'a déjà relaté, les situations varient d'un titre à l'autre. Abattre des arbres pour voir des paquets entiers de ces magazines finir à la poubelle à de quoi faire frémir (2), dans un ministère qui revendique sa note écolo. Pour la faire court, un seul titre suffirait bien, et le rendre disponible en ligne (3) économiserait des factures d'impression, en le rendant, en plus, bien plus visible.
(1) comme la Cour des Comptes avait eu le bon gout de publier un rapport sur le sujet quelques jours avant, les services de Bercy ont eu de précieux éléments de réflexion.
(2) animé sans doute par un souci louable de venger ces arbres, le commandant de l'ilôt Saint Germain, ancien communicant, a fait placer des présentoirs dans l'entrée principale, permettant à ces magazines de rester un peu plus longtemps en vie, et de les faire donc connaître aux visiteurs.
(3) la DGA a déjà matérialisé tous ses supports de com'.