Souvent peu disert sur les drones, Hervé Morin s'est brutalement rattrapé le 5 octobre, face aux députés, en "balançant" quelques vérités bien senties sur le sujet, accompagnées de quelques éléments factuels que ses services officiels avaient oublié de développer. Notamment quand la presse pouvait les interroger sur ces sujets, il est vrai, bien sensibles.
Premier à déguster, le DRAC, qui en prend encore pour son grade : "je rappelle (1) que cet été, nous avons été sur le point de renvoyer tous les DRAC car ils ne fonctionnaient pas", raconte sobrement le ministre, sans plus de développements. Mais cette tirade laconique est à rapprocher d'une étude menée sur le terrain, en Afghanistan, par un inspecteur général, à la même époque, et qui semblait aboutir aux mêmes conclusions. Les artilleurs qui présentaient le drone, à Eurosatory (on est encore en juin), n'avaient pourtant pas ces réserves, et évoquaient un déploiement nominal. Dès lors, qui (quoi) croire ?
Entretemps, les DRAC, pourtant déjà modifiés à plusieurs reprises, ont encore subi des "mises au point" nous a-t-on récemment expliqué. L'essentiel de leur engagement en Afghanistan se serait concentré autour des FOB, mais guère plus. Le DRAC vole, en tout cas, dans l'armée de terre : j'en ai vu un de mes yeux il y a quelques jours (mais c'était en France, l'Afghanistan, c'est trop loin pour mes yeux).
Souvent accablés -y compris par le vilain rédacteur de ce blog-, les SDTI de l'armée de terre récoltent plutôt un bon point.
Par contre le ministre reste dubitatif sur le Harfang, même s'il concède que "dans l'affaire des otages (comprendre, ceux du Sahel), cet engin aurait été précieux". Le député Jean-Claude Viollet rebondit sur l'appréciation, évoquant une proposition de dernière minute d'EADS, pour vendre du Harfang pour pas cher : quelques vecteurs à 20 MEUR l'unité...
Hervé Morin livre alors le fond de sa pensée, sur le MALE : il faudra (encore) un système intermédiaire, dont il ressort du développé précédant ce passage qu'il sera vraisemblablement américain, avec un successeur issu d'une "coopération européenne pérenne", a priori plutôt franco-britannique.
(1) pour le coup, il ne s'agit pas d'un rappel : le ministre sort une vraie bombe. Et reconnaît publiquement, pour la première fois, que ce programme ne fonctionnait pas à l'époque. Ce programme s'était déjà attiré, l'an dernier, la gourme du CEMAT, qui constatait la très longue adaptation -donc peu réactive- de ce minidrone. Un chemin de croix qui pourrait, au final, profiter au Spy Arrow de Thales, expérimenté avec succès à Djibouti, même si les deux systèmes ne jouent pas dans la même cour.