Que "rapportent" les 600 Français insérés à l'OTAN ? Cette question, lancinante, et sa contrepartie (leur coût budgétaire), n'a pas trouvé toutes les réponses attendues, hier, avec une présentation du général Stéphane Abrial, SACT, mais aussi et donc Français le mieux placé, dans l'organigramme de l'OTAN.
L'ancien CEMAA français a bien rappelé qu'être dans une structure, c'est peser nettement mieux qu'être à l'extérieur. Mais les références citées par le patron de la transformation sont assez difficiles à palper de ce côté-ci de l'Atlantique, même si le général explique les avoir conquises de haute lutte. Le général Abrial a notamment cité la participation de la DGA à un programme d'exploitation en temps réel de l'imagerie vidéo et un projet de mise en réseau des laboratoires technico-opérationnels (LTO).
De même, pour illustrer le caractère concret de SACT, a-t-il rappelé l'ouverture des Etats-Unis vers leurs alliés, pour mieux lutter contre les IED, avec des promesses de fournitures de MRAP, et une meilleure diffusion de l'information sur les engins explosifs improvisés.
Ces avancées ont laissé cependant assez sceptiques et perplexes les quelques journalistes spécialisés présents. Tout comme les industriels français qui se hasardent à évoquer le sujet n'ont pas le sentiment d'avoir plus percé les marchés OTAN depuis un an, l'organisation restant très, pour ne pas dire totalement marquée par l'empreinte américaine.
Le bilan opérationnel est-il meilleur ? Si certains voient des avancées sectorielles très nettes, notamment dans le domaine des forces spéciales -mais n'est-ce pas dû aussi et avant tout à la qualité de nos UNITREP ?-, on peut aussi constater de sévères régressions. La plus évidente se situant dans le domaine de la communication, où la France a accepté de l'ISAF (1) des conditions iniques, qui empêchent, concrètement, à un journaliste français de couvrir les opérations en Afghanistan sans renoncement à ses valeurs les plus élémentaires. Une capitulation en règle, que la France a déjà payé, et qui laissera des traces.
(1) une coïncidence qui ne peut pas manquer de troubler : après que j'ai expliqué les conditions plus qu'étonnantes que l'ISAF impose à la presse pour couvrir les opérations, l'ISAF m'a envoyé les bilans d'activité non plus en anglais, mais en dari.