"Nous assistons finalement à une sorte de discours à deux volets : d’une part un échelon local et un ministre qui font montre d’une grande transparence, et, d’autre part, des échelons intermédiaires faisant preuve d’opacité. Je m’associe à la proposition du président Teissier de saisir le ministre en notre nom à tous ! Il est de notre responsabilité de dire combien l’attitude que prennent certains généraux envers la représentation nationale n’est pas acceptable." Les oreilles ont dû siffler, à la lecure des propos du députés Christophe Guilloteau, dans ce compte-rendu de la commission de défense de l'Assemblée nationale, qui entendait, le 13 octobre deux députés, Bernard Cazeneuve (PS) et François Cornut-Gentille (UMP).
Etonnament, la critique ne porte pas sur le fond de la réforme du ministère, que le duo est chargé d'étudier, mais bel et bien de la méthode. Et c'est François Cornut-Gentille qui sonne la charge, excédé d'avoir à quémander des documents qu'on lui donne à chaque fois la veille de l'audition !
Dans l'assemblée, on reste digne et on ne balance pas les noms, mais une lecture détaillée de l'audition permet, à la lueur de la violence du propos, de comprendre le niveau de l'ire des législateurs. Un épisode qui forcément jette un soupçon de doute sur la capacité de l'administration -le système comme on dit- à gérer la réforme. Les journalistes qui entendaient de hauts fonctionnaires évoquer la réforme il y a quelques jours avaient d'ailleurs eu le même sentiment, puisque quand l'un d'entre eux demandait comment le ministère bouclerait son budget sans les rentrées immobilières, on lui a tout simplement indiqué que "ce n'était pas le sujet du jour" (sic !). Par ailleurs, alors que le président visitait la Lorraine, le lendemain, certains chiffres d'effectifs n'étaient même pas, tout bonnement disponibles.
Ce qui fait dire à de nombreux réformés que les "Parisiens" gagneraient à descendre sur le terrain observer la réalité dont ils sont chargés.
Encore la semaine dernière, dans l'océan indien, Hervé Morin en personne a dû rassurer personnels civils et militaires. Que les messages de "l'administration" et de l'EMA avaient passablement inquiétés.
Par delà la querelle du jour, c'est l'incertitude et les maladresses qui remontent des circonscriptions qui ont aussi amenés, vraisemblablement, les députés à appuyer leurs deux collègues. Un peu partout, et particulièrement en Normandie (Cherbourg, Caen, Vernon), les députés reçoivent des e-mails, voire des interlocuteurs expliquant le niveau de désorganisation et la baisse de moral.
Sans doute le sujet d'une prochaine audition.
(1) http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cdef/09-10/c0910005.asp#P6_317. Pour ajouter à l'absurde, François Cornut Gentille déclare qu'il ne peut évoquer des informations parues dans la presse car elles lui ont d'abord été transmises par le biais de documents classifiés ! Par contre, ses demandes d'informations chiffrées sur le Balargone lui sont refusées au motif qu'elles pourraient se retrouver dans la presse, et compromettraient ainsi la négociation !