Hervé Morin a confirmé hier que la France envisage sérieusement de combler son déficit capacitaire avec des C-130 Hercules. Les options restent cependant ouverts : acheter du neuf (C-130J), de l'occasion, ou s'en faire prêter (schéma peu probable). Toutes ces options comportent, évidemment des désavantanges... et l'avantage principal de pallier les retards de l'A400M.
Sortis des opex pour former des navigants
L'achat du neuf semble rationnel, mais il y a de l'attente, d'autant plus que les Français ne sont pas forcément de bons clients de Lockheed Martin, ce qui n'est pas le cas des Italiens ou des Britanniques. Acheter des C-130J, c'est débourser plus d'argent tout de suite, et c'est surtout créer une micro-flotte, puisque ce standard diffère aussi des 14 C-130 H/H-30 exploités dans l'armée de l'Air. Et il faudra aussi des équipages bi-qualifiées, même si l'exploitation ne divergerait pas fondamentalement, du H au J. C'est le projet défendu par l'Etat-major de l'armée de l'Air depuis un bout de temps semble-t-il puisque pour accélérer l'effort de formation de ses navigants, l'EMAA n'a pas hésité, en fin d'année, à sortir les Hercules du cycle des opex, qu'ils n'ont toujours pas réintégré.
Autre projets possibles, les acheter directement par FMS à l'armée américaine, ce qui permettrait de réduire les délais, mais le Pentagone garde jalousement ses précieux avions. Autre possibilité, les acheter en commun, ou en partager avec... les Britanniques, qui ont les même problèmes que nous. Un bel exemple de mutualisation en matière de ressources de projection, que les Français ont initié en...1994 au sein du groupe aérien franco-britannique (GAEFB), puis du groupe aérien européen (GAE).
Il faut aussi rappeler qu'en 2003-2004, l'armée de l'Air avait déjà étudié sérieusement l'achat de C-130J (entre 5 et 7), projet qui avait été tué dans l'oeuf par EADS.
L'occasion, c'est dépenser à court terme moins d'argent. Faut-il encore trouver des Hercules en bon état. Plusieurs industriels, notamment, dit-on, Thales, aurait trouvé ces bêtes rares en Scandinavie, en Israël (les avions ont un peu plus souffert ici). Ces avions seraient disponibles plus rapidement, ainsi.
Parmi les avantages du C-130J figure la possibilité de les armer, capacité qui intéressera sûrement nos aviateurs spéciaux, mais aussi, pour les mêmes, la capacité à ravitailler en vol les hélicoptères Caracal. Qui pour l'instant étaient un peu marris de ne pas trouver de station service volante pour se former et s'entraîner.
Les derniers arbitrages à rendre ne devraient plus prendre beaucoup de temps, du fait des délais incompressibles de mise en oeuvre : on pourrait donc en reparler très vite, au Bourget par exemple.
Notre photo : un HH-60H au ravitaillement sur un C-130J, lors d'un entraînement, au Japon, le 24 mars (crédit USAF).