par le journaliste Jean-Marc Tanguy - Twitter @Defense137 - 9253 posts depuis avril 2009 - 81,92 millions de pages vues depuis juin 2010.
vendredi 1 mai 2009
Les Français du 15 août
Si les troupes françaises étaient très largement minoritaires le D-DAY (1), elles sont en force au large du Var, le 15 août 1944, et particulièrement dans la Task Force 85, en face de Sainte Maxime, où Nicolas Sarkozy célèbrera la victoire alliée, 65 ans plus tard.
En première ligne on trouve surtout des navires (2) : le Georges Leygues, le Montcalm ainsi que trois croiseurs légers, le Fantasque (3), le Malin et le Terrible. Dans l’après-midi, après la première vague américaine, débarquent les troupes françaises de la 1ère DB (Les 1ers et 2e Cuirs, le 3e Bataillon de zouaves, le 68e RAA) puis, le lendemain, le gros de la 1ère division française libre (DFL), qui sera la seule déployée dans son intégralité.
65 ans plus tard, pour le 8 mai 2009, quelques grands noms de 1944 seront de la partie, comme le Montcalm (désormais une frégate anti sous marins) mais pas le Terrible (nom porté aujourd’hui un SNLE-NG).
Pas non plus le SNA Casabianca, dont l’ancêtre fut le fer de lance des opérations spéciales de la France Libre, en Méditerranée, notamment au profit de la Corse et de la Provence. Ce vétéran, qui avait échappé au sabordage de la flotte à Toulon, grâce à la clairvoyance du Cdt Lherminier, fut bombardé par erreur en 1944, par un Sunderland allié, et il était en réparations, aux Etats-Unis, lors de « Dragoon ».
Côté armée de Terre, on trouvera sur la plage quelques descendants directs ou indirects des régiments de 1944. Le 1er Spahis fournissait ainsi les éclaireurs de la 2e DB, à laquelle appartenait aussi le 3e RAMa. Le 1er régiment de tirailleurs et le 1er RCA étaient, eux, face au Var, le 15 août 1944. Le 68e RAA, qui a obtenu sa première citation devant les Panzer de Rommel, en 1943 est un des piliers du débarquement français en Provence, qui lui vaut une citation du général de Gaulle : « unité légendaire sans laquelle aucune victoire n’aurait été possible ».
Comme c’est devenu habituel, il n’y aura pas de représentation des commandos de l’armée de Terre d’alors (SAS, commandos de France, commandos d’Afrique et bataillon de choc), totalement occultés par la mémoire collective actuelle. Leurs traditions sont pourtant encore détenues par le 1er RPIMa et le CNEC.
Seuls les commandos marine seront représentés, vraisemblablement en mémoire des 177 de leurs vétérans qui débarquèrent à Ouistreham, le 6 juin 1944.
C’est pour cette raison qu’on les retrouvera en force, ce 6 juin prochain, sur cette même plage, en zone britannique. Ce qui rend peu problable le passage d’un président américain.
(1) Les 177 de Kieffer, quelques éléments isolés, et surtout, des plusieurs centaines d’aviateurs et de marins. Auxquels s’ajoutent les SAS français, opérant en diversion en Bretagne, et les Jedburghs franco-américains.
(2) Au total, la marine engage sur Dragoon 34 navires, dont trois croiseurs et le cuirassé Lorraine. L’armée de Terre engage la 1ère DFL, la 3e DIA et la 9e DIC. Les divisions françaises étaient particulièrement chargées de prendre Marseille et Toulon.
(3) Le Fantasque était en fait un torpilleur qui avait été utilisé pour infiltrer le 1er bataillon de choc en Corse, en 1943. Ce bâtiment fut un des derniers bâtiments de la Royale fréquenté par un certain Albert-Yann Tanguy, avant qu’il ne rejoigne la DGER puis le 1er bataillon de Choc.
A Lire :
« Les premiers soldats du général de Gaulle : la 1ère DFL » par le général Saint Hillier, Editions de La Bruyère.
Notre photo : le dernier combat de René B., vétéran de la 1ère DFL, quand nous l'avions croisé, en 2004 : faire vivre la mémoire de sa division, elle aussi occultée de la mémoire collective. (crédit JM T)