Les journalistes qui voudront suivre le président de la République aux Emirats prendront une ligne civile annonce le site internet du Point. Et n'embarqueront donc pas dans l'Airbus du président. Ni dans un autre Airbus millitaire (1)
C'est en fait le fruit d'une évolution rapide, qui porte plusieurs explications, difficiles à réduire en quelques lignes.
C'est la difficulté de trouver des avions dans l'armée de l'Air d'abord. Jusqu'à maintenant, un Transall accompagnait systématiquement le président ou le premier ministre, dans leurs déplacements français, auquel il fallait ajouter un deuxième appareil d'astreinte, au cas où...
On imagine la difficulté à tenir ce challenge par les temps qui courent, et encore plus depuis l'annonce des retards de l'A400M. Au risque de froisser, la présidence a donc pris la décision, il y a déjà deux ans, de ne pas rendre systématique le transport de la presse. Qui est invitée parfois à prendre un TGV, ou un avion, comme c'est donc le cas pour les EAU si j'ai bien compris.
C'est d'autant plus compréhensible que l'avion présidentiel -je ne l'ai jamais pris, j'en parle donc d'autant plus librement (2)- est rarement vide : sécurité, équipes de conseillers, invités, élus, etc. Et d'autant plus pour un voyage à haute portée diplomatique et économique comme celui des EAU.
L'autre évolution est la gestion des finances publiques (LOLF, RGPP) et l'arrivée de "bonnes pratiques" qui contraignent un peu la façon de dépenser l'argent public.
Il est aussi, et enfin, à la fois difficile de critiquer un train de vie supposé, et d'en profiter largement. La malice intrinsèque du dossier n'aura sûrement pas échappé à celui, ou celle, qui aura pris la décision.
(1) on l'oublie souvent, et l'abus de langage le consacre de façon récurrente, cet avion n'est pas un avion présidentiel puisqu'il est surtout utilisé pour les relèves sur les théâtres extérieurs: il transporte aussi, donc, des militaires, parfois leurs familles, et parfois aussi, des journalistes se rendant sur les théâtres.
(2) Pour poursuivre dans la transparence, je préciserai que j'ai utilisé ce moyen à dix reprises en 18 ans de carrière : trois fois (A/R) pour aller en Afghanistan, une fois (A/R) pour accompagner Hervé Morin à Djibouti, et une fois (A/R) pour accompagner le ministre de l'Intérieur d'alors, Nicolas Sarkozy, aux obsèques d'un équipage de Canadair.
Notre photo : un des deux A340 de l'armée de l'Air, au Tadjikistan (crédit JM T).
Ajout de 22h22 : cette semaine-là aura lieu une importante relève, d'où, la probabilité d'un nombre très réduit d'Airbus disponibles, qu'il s'agisse de 340 ou de 310. Ceci expliquant sans doute le cela.