mardi 12 mars 2019

Après Baghouz, avant la suite

Dans une forme d'adaptation de la loi de Lavoisier, Daech n'a pas disparu, mais s'est seulement
transformé. Pour le théâtre irako-syrien, cette transformation et l'évolution du dispositif américain appellent celle des moyens français sur place : 300 militaires (quatre Rafale et un ATL2) sur la base aérienne projetée (soit beaucoup moins qu'à la grande époque), un groupement de forces spéciales, Hydra, à l'effectif moindre et moins diversifié que son cousin du sud, Sabre, plus un groupement d'artillerie, Wagram (150), un groupement d'instruction sur deux volets, Narvik et Monsabert, pour une petite centaine, et des insérés un peu partout. Et, pendant, moins de trois semaines sur un mois, le groupe aéronaval et ses 3200 marins.

Hormis cet apport momentané, la France va donc pouvoir réduire singulièrement sa contribution. L'histoire d'opex récentes a montré qu'il fallait ne pas savoir partir trop tard (Balkans), ou partir trop tôt (Centrafrique, Afghanistan). C'est l'histoire qui dira ce qu'il en sera de la zone Irako-syrienne, où des leaders occidentaux annonçaient la victoire pour il y a deux ans (déjà).

Le premier retrait de capacités prévu, de longue date, était l'artillerie : elle a pu mettre en avant ses atouts dans l'affaire mais aussi, se faire rincer, tubes et stocks d'obus. Le temps du repos est venu.  Celui de la réflexion aussi, sur le stock de munitions, et pas que des obus (les canons sont utiles, les obus, beaucoup plus) : la France a-t-elle de quoi tenir un conflit majeur, alors que celui-ci n'a rien de très saturant.
L'Irak et l'armée de terre peuvent aussi se passer des plots de formation, Monsabert et Narvik : depuis le temps, l'armée irakienne est formée.
En retirant des Rafale de Jordanie (lié à une bascule sur Barkhane), la France laisserait la place sur une base attractive, qui pourrait aussi servir à des entraînements de qualité, au coeur d'une zone de crise. Ils auraient plus de possibilités de vol -et de travail utile- que dans l'autre plot de la région (où ils n'ont jamais fait vendre le moindre avion, bateau, etc).
Reste le coeur de la lutte contre le terrorisme, qui n'a pas disparu, lui, mais s'est dispersé. Hydra avait vocation à évoluer : c'est chose faite.

Mes infops et photos sur le twitter @defense137.  

un rappel : deux militaires français, sont morts pour l'Irak et la Syrie
23 septembre 2017 : l'ADC Stéphane Grenier (13e RDP/TF Hydra) est tué en Syrie.
21 mars 2018 : le CPL Bogusz Pochylski (2e REI / TF Narvik) meurt accidentellement à Bagdad.
un deuxième rappel : la liste des militaires français morts en opex est visible sur le bas de la page principale de ce blog