mardi 19 avril 2016

Il n'a pas tranché mais...

... c'est tout comme : le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) va devoir
choisir de spécialiser les chasseurs par théâtres d'opération, et de privilégier certains terrains sur d'autres.
Cette évolution doit permettre de prendre en compte le fait que le format de la chasse a été calculé bien trop juste (on le savait déjà à l'époque, maintenant c'est une certitude) pour le niveau de sollicitations du moment (qui n'ont rien de saturant : et on n'a pas encore commencé de grosses affaires en Libye... ou ailleurs, et nous ne sommes pas en guerre contre la Chine). Dès lors, cette chasse doit s'organiser pour durer : la réponse de l'armée de l'air est de mettre uniquement des Rafale au Levant, et des Mirage 2000D au Sahel.
Une marge de manoeuvre persiste avec les opérations réalisées depuis les bases-mère : c'est ce que fait le 2/30 Normandie Niemen en assurant des missions libyennes depuis les Landes. L'autre marge de manoeuvre, c'est le parc de Rafale Marine (1) : 41 cellules (moins les avions utilisés pour la formation et les expérimentations) qui ne sont pas toutes disponibles. Mais qui en l'absence de celle du porte-avions, auront du temps libre.
Dans l'aéronautique navale, on a compris que la participation au combat contre EI doit se faire aussi en décollant de la terre ferme, les opérations de guerre depuis un porte-avions américain conservant quelques difficultés basiques. Malgré, évidemment, l'envie d'en être.
L'armée de l'air et le service industriel de l'aéronautique ont aussi fait évoluer les cycles de MCO, afin de permettre de générer plus de disponibilité sur une base d'avions qui, on le sait, est complexe : produit de l'histoire, plusieurs standards de Mirage 2000D coexistent, tous ne sont pas aptes aux opérations du moment, et on manque de pods de ciblage.
Dès lors, pour prendre en compte toutes ces contraintes technico-opérationnelles et celles des humains, très sollicités, il ne reste plus que la spécialisation des sites.
Parfaitement située, moins d'une trentaine de minutes des cibles, la base H5 en Jordanie fait figure de favorite pour recevoir plus d'avions : une mission peut être réalisée en réactif, en quelques dizaines de minutes, et avec les seuls pleins, sans recourir au ravitaillement en vol.

(1) c'était leur choix : les rédacteurs du livre blanc ont placé dans un même ensemble de 225 chasseurs les appareils de l'armée de l'air et de la marine. La logique veut donc, désormais, que ce creuset soit géré d'une façon opérationnelle, et non organique. Parmi les autres conséquences, la marine devrait prendre, par exemple, plus de créneaux de police du ciel.

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Mon dernier livre : Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).