mardi 4 novembre 2014

Les drones du baron vert (billet d'humeur)

Depuis une semaine, les dîners en ville ne bruissent que de ça : les drones vont faire la peau à notre
électricité pas chère (nucléaire). Salauds de drones... Et revoila la France repartie dans une nouvelle couche de déprime...
Soyons fous, ces "drones" ou décrits comme tels -et encore, pour ceux qui exsitent vraiment- n'ont aucune capacité de nuisance, si ce n'est médiatique. Les médias sont tellement faciles à orienter de nos jours que les approximations que permettent ces survols ont encore de beaux jours devant eux.
1) Si ce sont des engins de modélistes, on peut brouiller un signal (mais l'engin tombe souvent après cela, ça peut être gênant dans certains coins) ou même le pirater. Si ce sont réellement des drones (navigation autonome), ils peuvent être détectés (je ne détaille pas)... et eux aussi contrés.
Evidemment, dans ce genre d'affaires, tout est question de moyens. Mais la France est une démocratie, on ne peut pas mettre des Mistral à tous les coins des sites sensibles (en aurait-on d'ailleurs assez, et d'artilleurs, pour les manier ?). On ne peut plus mettre des 20 mm, ils sont partis pour le Kurdistan (irakien, et peut-être, syrien).
Dans le concert habituel des yakafaukon, faisons dans le simple : organisons un exercice de défense sol-air dans toute la France, ce qui permettra de faire le point sur les matériels et les unités dont on dispose... réellement.
Mais même avec des moyens, on ne trouve pas toujours : rappelons le cas de ce fantomatique groupe, AZF, qui lui aussi avait parfois l'esprit taquin, mais n'a jamais été retrouvé. Ou de ce baron noir qui survolait impunément Paris, et qui fut à l'origine, dans l'armée de l'air, de nouveaux moyens. Dans ces deux cas, il s'agissait aussi de ridiculiser les autorités, et les auteurs des vols de 2014, manifestement concertés, ont plutôt pas mal réussi.
2) Evidemment, on l'aura compris, le problème est ailleurs, pour parodier Mulder et Scully. Un minidrone de quelques kilos n'irait pas faire une misère contre une tour de béton qualifiée pour résister à l'impact d'un avion de tourisme. Mais évidemment, ce n'est pas une valise en kevlar qui fera grand'chose (2). Donc autant les spécialistes de maîtrise des risques à EDF peuvent dormir sur leurs deux oreilles, autant je comprends que l'affaire des drones doit rendre plus fragile le sommeil de spécialistes de la protection rapprochée par exemple. Pour ne citer qu'eux.
3) Les "drones" des centrales génèreront peut-être aussi de nouveaux moyens pour les spécialistes étatiques (2), qu'ils soient à l'Intérieur ou à la Défense (qui aide beaucoup l'intérieur sur ce sujet, actuellement). Tout n'est pas neuf dans le matériel actuellement chargé de ces missions, et sans trahir des secrets d'état, notons que les boules optroniques sensées détecter des bad guys sont parfois plus âgées que les pilotes qui les manient. Iriez-vous confier votre sécurité à une techno qui remonte à la création du minitel (je pose la question...)
Je reviens aux moyens comptés évoqués plus haut, et la menace (pourtant pas vraiment nouvelle) remise sur le tapis par les "drones" des centrales. Car le jour où le drone sera tombé sur une tête connue, d'autres tomberont, et il vaut, mieux finalement, éviter le début de cette séquence sinistre. La formule est bien connue, si tu veux la paix, achète-toi un bon Parabellum.
4) Il faut quand même boucler la boucle : maintenant que les drones sont enfin célèbres, après plus d'un siècle d'évolution, où va-t-on les voir, la prochaine fois ? Volant au-dessus d'une manif d'altermondialistes, pour filmer les gardes mobiles ? Au-dessus des cours d'école, manié par un père qui veut savoir qui rackette ses chères têtes blondes ? A quand le premier duel entre deux... drones ?

(1) la réponse à cette énigme que je m'interdis de détailler doit se trouver dans le manuel de physique du cours de 3e si mes souvenirs sont bons.
(2) attention, je n'ai pas dit que les affaires des drones étaient créées de toutes pièces par des nostalgiques de l'armée ancienne qui ne manquait jamais de matériel.