dimanche 26 octobre 2014

LE CEMAT chiffre la casse dans son armée

On en a déjà parlé sur ce blog, on parle souvent de surcoûts opex, mais plus rarement de la casse qui
intervient en opérations, et qui n'est pas financée par l'enveloppe que l'on cite souvent.
Lors de son audition à l'assemblée, le CEMAT apporte sa pierre au chiffrage, en expliquant qu'entre 2008 et 2013, 109 véhicules avaient été frappés par des IED (1). En outre, dix-huit hélicoptères de l'armée de terre ont été touchés par des tirs directs.
Plus loin, le CEMAT rappelle que les véhicules s'usent "six fois plus vite" au Sahel qu'en Afghanistan.
Il livre aussi ce chiffre incroyable, déjà esquissé sur ce blog lors d'une autre audition parlementaire : 1500 véhicules de retour d'Afghanistan et du Liban attendent une réhabilitation, c'est aussi le cas pour 600 de retour du Mali. 620 VAB sont concernés dans ces deux lots.
113 millions d'euros seront consacrés à la régénération de ces véhicules, mais qui ne reviendront en régiments que sous "deux à quatre ans" estime le général Bosser.
Le général Bosser pense aussi tout haut, sur le prix de rénovation d'une P4 (27.000 euros pièce) et imagine une alternative : se passer de cette flotte ancienne, pour en acheter une plus moderne, avec l'enveloppe.
Dans un domaine connexe, conséquence  de la faible disponibilité, le CEMAT révèle aussi que les équipages sont répartis en trois cercles : le premier, représentant 60% de la population peut être engagé en opérations, pour les deux suivants, il faudrait compter 6 à 12 mois !
Il révèle également que les parachutistes ne font pas tous leurs six sauts réglementaires par an, ce qui interroge sur la capacité de ces unités à remplir leur contrat dans le cadre de l'échelon national d'urgence.
Le général Bosser termine son audition par cette profession de fois, en forme de constat : "je suis frappé par l’écart énorme qui existe entre le moral qu’ont nos hommes lorsqu’ils sont en opérations extérieures et celui qu’ils affichent en métropole. L’une de mes ambitions majeures consiste à réduire cet écart par tous les moyens d’action en ma possession. Nous devons redonner un peu d’horizon à nos gens, peut-être les rassurer sur leur avenir professionnel, leur maison, le travail de leur conjoint. Si nous parvenons à faire baisser la pression qui pèse sur eux, peut-être attacheront-ils moins d’importance aux difficultés du quotidien. Mais ne vous fiez pas à ma bonne humeur : je suis parfaitement conscient des problèmes qui se posent à nous et suis bien déterminé à m’y attaquer."

(1) ce blog a récemment révélé que Barkhane avait connu au moins quatre attaques de ce type ces trois derniers mois, tout comme, d'ailleurs, les pays de la Minusma engagés au Nord-Mali.